Les divergences entre judaïsme et christianisme, et le contact retrouvé aujourd’hui…
L’Eglise est née d’une division au sein du peuple juif. Les écrits du nouveau testament portent les cicatrices de cette déchirure : par exemple en Actes 14/5 : « Païens et Juifs, avec leurs chefs, décidèrent de recourir à la violence et de lapider les apôtres. »
L’Evangile a d’abord été reçu par les Juifs, auxquels il était naturellement destiné. Mais, par la suite, le refus d’un certain nombre d’entre eux va être douloureusement vécu par les premiers chrétiens, issus en nombre du monde « païen ». Actes 13/46 : « Paul et Barnabas eurent alors la hardiesse de déclarer : « C’est à vous d’abord que devait être adressée la parole de Dieu ! Puisque vous la repoussez, alors nous nous tournons vers les païens. »
Il y avait également la barrière de la circoncision : les non Juifs devaient-ils passer par la circoncision pour devenir chrétiens ? Il y avait cette obligation faite à Abraham : « Dieu dit à Abraham : « Voici l’alliance que vous garderez : vous circoncirez votre chair, et ce sera le signe de l’alliance entre moi et vous…Celui qui n’aura pas été circoncis aura violé mon alliance. » (Genèse 17/9-14)
Ces divergences, cette déception vont marquer la mémoire collective du monde chrétien, et le fossé va se creuser entre Juifs et disciples du Christ.
Le péché suprême étant le refus du Messie en la personne de Jésus, le Juif sera assimilé au péché, et tous les Juifs considérés comme responsables de la mort de Jésus. Cette accusation sera à la source de l’antisémitisme ; et alors, pendant près de 20 siècles, l’esprit chrétien sera façonné par ce que Jules Isaac a appelé « l’enseignement du mépris. »
Et pourtant, Jésus avait rendu un bel hommage au peuple juif en affirmant : « Le salut vient des Juifs ». (Jean 4/22) Il faut également relire Paul disant, à propos de Jésus : «Avec les Juifs et les non Juifs, il a fait un seul peuple… Il a détruit le mur de la haine qui les séparait… Il a réuni les Juifs et les non Juifs en un seul corps… Par la croix, il a détruit la haine. » (Ephésiens 2/14-16)
Mais il aura fallu attendre près de 2000 ans pour que l’Eglise sorte de son aveuglement, et qu’enfin, en 1997, Jean-Paul II reconnaisse qu’une lecture erronée des Evangiles, attribuant à TOUS les Juifs la condamnation à mort de Jésus, fut la cause de l’antisémitisme chrétien.
Cependant, s’il y a eu une certaine rupture entre Juifs et chrétiens, le lien généalogique ne s’est pas effacé, car Jean-Paul II a dit que les Juifs étaient nos « frères aînés », et Benoît XVI est allé plus loin en parlant d’eux comme de nos « pères dans la foi ».
Voici, en terminant, une déclaration d’un certain nombre de rabbins orthodoxes d’Israël, d’Allemagne, des Etats-Unis, de France, de Suisse, de Serbie et de Finlande, publiée le 3 décembre 2015 : « A la suite de près de deux millénaires d’hostilité et d’aliénation mutuelles, nous, rabbins orthodoxes, cherchons à accomplir la volonté de notre Père du ciel en acceptant la main tendue par nos frères et sœurs chrétiens… Nous reconnaissons que le christianisme n’est ni un accident ni une erreur, mais un effet de la volonté divine et un don à l’humanité… Nous ne sommes plus des ennemis, mais des partenaires ; aucun de nous ne peut accomplir seul la mission de D. en ce monde… Nous, juifs et chrétiens, avons plus de points communs que de différences… En imitant D., juifs et chrétiens doivent offrir des modèles de service, d’amour inconditionnel et de sainteté… Juifs et chrétiens demeureront attachés à l’Alliance en assumant ensemble un rôle actif dans la rédemption du monde. »
Merci à vous, qui aurez eu le courage de parcourir l'ensemble de cette réflexion !
2 commentaires:
Merci Olivier c’est clair et passionnant
Jean-Luc G
Merci pour toutes ces recherches qui nous ont aidés à cheminer vers le mystère de Noël.
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