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Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



lundi 15 août 2022

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2764 : Le commentaire du "Magnificat" par Luther

A l'occasion de la fête catholique de l'Assomption, je me permets de vous partager un éclairage du pasteur Jean-Frédéric Patrzynski, de l'Eglise protestante unie de France, à propos du commentaire du "Magnificat" par Luther.  A méditer, dans un esprit d'ouverture oecuménique.

Un éclairage aussi pour nous, catholiques ?  Pourquoi pas ?


Martin Luther a terminé de rédiger le commentaire du "Magnificat" en 1521 alors qu'il l'avait commencé en 1520, juste après la promulgation de la bulle papale qui l'excommuniait. On le trouve dans le Tome III des Œuvres parues chez Labor et Fides.

La dernière partie du commentaire possède un aspect politique particulièrement remarquable. En effet, Luther exhorte le jeune duc Jean-Frédéric de Saxe, à qui il a dédié son travail, afin qu'il puisse gouverner comme Salomon et devenir ainsi un grand roi. La prière de Marie doit justement l'aider dans cette tâche essentielle pour le bien du peuple que Dieu lui a confié. Marie montre l'œuvre de Dieu qui fortifie la foi pour « consoler tous les humbles et effrayer tous les grands de la terre ».

Qui est Marie ?

Elle est la « bienheureuse vierge », mère de Dieu. Cependant Martin Luther la présente comme une simple femme, méprisée et indigne de l'honneur qui lui est fait. Alors qu'elle n'est qu'une pauvre jeune fille sans apparence extraordinaire, Dieu a jeté son regard sur elle et l'a utilisée afin que « personne ne puisse se glorifier devant lui d'avoir été ou d'être digne » de la grâce qu'il accorde. Cette grâce n'est pas une récompense accordée pour un quelconque service que Marie, ou toute autre personne, aurait rendu à Dieu.

Cette jeune femme humble est « l'atelier » que Dieu s'est choisi et dans lequel il travaille pour le bien de tous. En cela, Marie ne contribue en rien à l'œuvre du Seigneur. On voit l'insistance de Luther pour dire la grâce première. En Marie « se sont rencontrés la richesse surabondante de Dieu avec sa profonde pauvreté, l'honneur divin avec son « néant » (c'est ainsi que Luther traduit le mot « humilitas »), la dignité divine avec sa petitesse, la bonté divine avec son absence de mérite, la grâce divine avec son indignité ». Ce n'est donc pas le « néant » de Marie qu'il faut louer mais seul le regard que Dieu a posé sur elle.

Bien que se sachant mère de Dieu, au-dessus de tous les hommes, elle n'en demeure pas moins simple car d'elle-même, elle ne se situe pas au-dessus de l'homme le plus humble. « Si elle l'avait fait, elle serait tombée avec Lucifer dans les abîmes infernaux », nous dit Luther. Elle n'a pas succombé à cette tentation. D'ailleurs il insiste pour dire qu'elle ne veut pas que nous nous tournions vers elle mais, par elle, vers Dieu. Elle confesse, dans sa prière, qu'elle n'est qu'une servante du monde entier car l'œuvre, accomplie en elle, de l'incarnation n'est pas pour son seul bénéfice mais pour celui de « tout Israël », c'est-à-dire de toute l'humanité. La mère de Dieu rend grâce à Dieu pour la promesse faite et tenue à Abraham. Elle loue Dieu. Elle ne se loue pas elle-même.

Quelle est la place de Dieu ?

Marie, elle-même, nous indique que c'est Dieu seul qui doit être magnifié. C'est à lui seul qu'elle rend honneur. Elle reconnaît qu'elle n'est rien et elle rapporte tout à Dieu qui est l'auteur de la grâce. Elle ne dit pas dans son cantique « qu'on dira beaucoup de bien d'elle, qu'on célébrera sa vertu, qu'on exaltera sa virginité ou son humilité ni qu'on chantera quelque chanson sur ce qu'elle a fait ; non, c'est seulement à cause du regard que Dieu a jeté sur elle qu'on la dira bienheureuse ; c'est là vraiment rendre honneur à Dieu ». 
Elle nous enseigne que Dieu a pour « unique occupation de briser ce qui est fait et de refaire ce qui est brisé. De ce qui n'est rien, Dieu le rend honorable, bienheureux et vivant ». Même si elle reconnaît être devenue une personne unique dont nul n'est l'égal, elle nous dit que cela n'est pas dû à son mérité mais à la grâce de Dieu.
Et Luther conclut que plus on attribue de mérité et de dignité à Marie, plus « on lèse la grâce divine et on diminue la vérité du Magnificat." C'est Dieu seul qui accomplit, en elle, l'œuvre du salut offert à tous les hommes.

Doit-on, peut-on, prier Marie ?

On ne peut ni prier, ni rendre grâce à Marie parce qu'elle est devenue la « mère de Dieu ». Au contraire, Dieu seul doit être loué pour ce qu'il a fait d'elle, et par elle, de toute l'humanité.
Marie chante le Magnificat pour nous entraîner, à sa suite, à chanter la gloire de Dieu et lui rendre grâce pour le salut donné aux hommes et aux plus humbles, comme il l'a fait pour elle. Elle nous apprend ainsi comment le chanter et le louer et que chacun soit conduit, par elle, à mettre sa pleine confiance en Dieu et en sa grâce.  C'est pourquoi, « tous ceux qui la comblent de tant de louanges et d'honneurs et persistent à lui attribuer tout cela à elle, ne sont pas loin de faire d'elle une idole." Pourtant, Marie ne désire pas qu'on l'honore ni même qu'on attende qu'elle nous fasse du bien. Luther craint l'idolâtrie de ceux qui cherchent, en elle plus qu'en Dieu, une aide et une consolation.
Si nous voulons l'honorer, nous devons la « placer devant Dieu et loin au-dessous de Dieu »10.

Marie a vécu une expérience personnelle et spirituelle sous l'inspiration du saint-Esprit et c'est pourquoi elle est un exemple pour tous, comme le dit Martin Luther. Avec lui, nous pouvons dire : « nous prions Dieu de nous donner de ce Magnificat une juste compréhension qui ne se contente pas de briller et de parler mais qui brûle et vive dans le corps et l'âme. Que le Christ nous accorde cela par l'intercession et la volonté de sa chère mère Marie ! Amen. »

                                                                                                Pasteur Jean-Frédéric Patrzynski

3 commentaires:


Janine Gassen a dit…

Merci, merci Oivier pour cette mise au point, si j'ose dire, car je suis souvent choquée par une certaine "mariolâtrie".
A part ça je vous espère en bonne forme et garde un très bon souvenir de vous.
Dieu vous garde.
Janine Gassen

Marie-France Dauce a dit…

C'est courageux Olivier pour toi, prêtre catholique, de partager ce texte du pasteur Jean-Frédéric Patrzynski à propos de Marie… au risque de choquer certains d'entre nous.

Pour ma part je t'en remercie.
Depuis longtemps je suis un peu gênée par les excès du culte marial, (j'ai découvert que ce culte porte le nom d'Hyperdulie depuis le concile de Trente). Le terme "mariolâtrie" est aussi utilisé pour dénoncer ces excès!

Marie était une femme simple et peu mise en avant dans les Evangiles. Nous avons eu tendance à en faire une déesse. Au point qu'un grand nombre de nos églises lui sont dédiées.

Marie était humble. Nous pouvons comme elle faire preuve d'humilité en écoutant la parole de nos frères protestants.

Vévette, de Mortagne a dit…

Salut Olivier,

A l'instant je viens de lire ton dernier billet. Oui, un chaleureux merci pour ce document de Luther, Il est magnifique, fait du bien et donne la place qui revient à Marie, notre Maman à tous. Quelle belle vérité et superbe éclairage ! Merci à Luther et à toi qui nous transmet ces réflexions si justes, qui emplissent le cœur, nous aident à méditer et font grandir dans la foi.