Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2745 : Mais qui est donc ce Dieu-Trinité ?

 Homélie à St Vincent-sur-Jard.

La notion de Trinité, un seul Dieu en trois personnes, même si l’on y croit, c’est sans doute, y compris pour les chrétiens, l’une des réalités les plus difficiles à appréhender. L’on a tendance à dire que c’est obscur et incompréhensible. Les catéchistes ne sont pas très à l’aise pour en parler avec les enfants, pas plus que les prêtres dans les homélies.  Mais pourtant, l’on ne peut pas rester muet, comme si l’on avait peur d’un tel mystère.

Pour aider à avancer, j’aime bien l’image du grand fleuve employée jadis par les Pères de l’Eglise, des Grecs d’alors : le Père, c’est la source, d’où jaillit l’eau en abondance ; le Fils, c’est le fleuve qui sort de la source et poursuit son cours, dans un courant intense ; tandis que l’Esprit, c’est là où aboutit le fleuve, l’océan immense et sans limite, là où s’achève, se repose et s’accomplit le grand flux de la vie divine.  Si vous ne retenez que cela de cette homélie, ce ne sera déjà pas si mal ! Faisons un peu de catéchèse, mais sans trop se prendre la tête cependant !

Il n’y a qu’un seul Dieu, bien sûr ; c’est-à-dire, un seul Etre ; mais il a trois visages, 3 formes diverses d’existence. C’est comme l’histoire du fleuve : la source n’est pas l’océan, le fleuve n’est pas la source ; mais la source, le fleuve et l’océan ne font qu’un. Je ne sais pas si vous commencez à comprendre ce qu’est la Trinité ; en effet, comme le disait St Augustin : « Comprendre la Trinité, c’est impossible ; si tu as compris, ce n’est pas Dieu. » Mais cela ne doit pas nous empêcher, pour reprendre l’expression de St Paul, de chercher à « sonder les profondeur de Dieu. » (1 Cor 2/10)

Traditionnellement, l’on donne à notre Dieu unique les 3 visages suivants : Dieu est à la fois créateur : c’est la source, celui que l’on nomme le Père ; il est aussi sauveur, c’est le Christ ;  et enfin, il est notre sanctificateur.  Créateur, sauveur, sanctificateur : c’est là notre Dieu.

Parlons d’abord de Dieu en tant que Père ; pendant des siècles, personne n’a su que Dieu avait un fils ; même si Moïse, dans ses dernières paroles (Deutéronome 32/6), avait fait entrevoir que Dieu était un Père.  Jésus a été envoyé parmi nous pour révéler ce nom de Dieu inconnu des hommes, celui de « Père ». Jésus explique ceci, en St Jean : « Mon enseignement ne vient pas de moi, mais de celui qui m’a envoyé. »  Rappelons-nous aussi la voix disant dans la nuée, lors de la transfiguration : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le. »

Ce que je raconte, cela vous paraît peut-être compliqué !  Et encore, vous ne savez pas tout : le pape Clément V, lors du Concile de Vienne, en 1313, déclara ceci : « C’est avec une grande tristesse que j’ai appris que des femmes avaient entrepris de discuter de la Trinité… »  Sans commentaire !

Mais, soyons sérieux ! Le Père, c’est celui qui envoie, il est la source, il a l’initiative ; il crée les mondes, il communique sa vie.  Le Fils, c’est celui que le Père a envoyé parmi nous, afin qu’il sauve le monde et le convertisse à Dieu. C’est lui, le fleuve d’eau vive, qui nous entraîne aujourd’hui encore dans un immense courant d’amour. Et le Fils nous a transmis sa mission : ouvrir les yeux des aveugles, défendre les plus défavorisés, faire régner la paix dans notre monde déchiré, etc.

Quant à l’Esprit-Saint, sa personnalité est plus mystérieuse et moins nette à nos yeux. De même que Jésus nous a révélé le Père, c’est encore à Jésus que nous devons de connaître la personne de l’Esprit-Saint : lui qui n’a ni visage d’homme comme le Christ, ni analogie avec un rôle humain comme le Père ; il ne sera jamais incarné.  Mais Jésus nous fait connaître son rôle, par exemple lorsqu’il déclare : « L’Esprit du Seigneur est sur moi : il m’a consacré par l’onction et m’a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres… » (Luc 4/18)  Et vous vous rappelez ce qui nous a été dit lors de l’évangile de la Pentecôte : « Le Défenseur, l’Esprit-Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. » (Jean 14/26)

En résumé, la Trinité, ce n’est pas d’abord un dogme, une formule morte, un peu superflue ; mais c’est une évocation de cette communion qui existe au sein même de Dieu, où chacune des personnes est en relation totale avec les deux autres. Et si la Trinité, c’est le spécifique de notre religion, et la pierre fondamentale du christianisme, c’est aussi le modèle de ce que devrait être notre société : une communion fantastique de toutes nos richesses humaines, une complémentarité exemplaire entre chaque personne, chaque groupe, chaque nation, en lien avec toute la création au sein de cet univers que le Père nous a créé, que le Fils a sauvé, et que l’Esprit-Saint continue de sanctifier !

On doit arriver à ressentir l’empreinte de la Trinité sur l’ensemble de nos activités humaines. Et aujourd’hui en particulier, à l’occasion de ces élections, au plan politique, il nous faut œuvrer à gérer les affaires du monde à la manière et dans la lumière du Dieu-Trinité, de façon à la fois divine et humaniste, au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit.  Amen !