Voici l'homélie que j'ai eu la joie de partager en ce matin de Pâques, en l'église archi-comble de Jard-sur-Mer.
Chers amis paroissiens, même si notre église de Jard-sur-Mer est pleine en ce jour de Pâques, il nous arrive souvent de nous sentir minoritaires, en tant que chrétiens, au sein de notre société. Autour de nous par exemple, qui croit encore à la Résurrection ? J’entendais récemment sur les ondes Raphaël Enthoven, chroniqueur, agrégé de philo ; vous le connaissez sans doute, car il est très présent dans les médias. Alors qu’une chroniqueuse lui demandait, sur Europe 1, s’il ressentait des sentiments religieux à l’occasion de la fête de Pâques, Raphaël Enthoven lui répondit :« Pour moi, Pâques, c’est chercher des œufs dans le jardin avec mes enfants. C’est tout ! »
Pan sur le nez, et sur nos certitudes ! Il est vrai que, dans notre société, tout, le monde doute de tout. La guerre est à nos portes, le covid continue de faire des ravages, tout visage étranger nous fait peur, tandis que la politique divise notre nation en deux ou trois morceaux ou plus encore, et que les abus dans l’Eglise nous ont profondément déçus. Et le monde nous semble affreux, profondément sale et méchant. Alors, la Résurrection ?... Avec comme seule preuve, un tombeau vide…
Mais donc, qu’est-ce qui nous a
conduit dans cette église ce matin ?
Qu’est-ce qui nous permet de continuer à croire que Jésus, après avoir
été cloué sur une croix et mis au tombeau, est bien ressorti vivant du fond des
entrailles de la terre ? Même dans
cette église, peut-être, nous hésitons à croire.
Alors, je vais vous raconter une histoire. Est-ce que vous avez vu le film d’Indiana Jones, « La dernière croisade » ? Vous vous souvenez de la musique ? On y voit Harrison Ford, qui interprète Indiana Jones, aux côtés de son père, Sean Connery. Au départ, son père lui donne le conseil suivant : « Indiana, si un jour, sur ton chemin, tu vois un précipice qui semble te barrer la route, ne t’arrête pas, continue… »
Oh ! Oh ! Bizarre, bizarre, se dit Indiana Jones ! Mais il se met quand même en route ; l’objectif pour lui, vous vous souvenez, c’était la recherche du Graal, le saint Calice mythique, objet de la quête des Chevaliers de la table ronde. Un jour, il se trouve qu’Indiana arrive face à un immense précipice. Tout va-t-il s’arrêter là ? Indiana, paralysé par la peur, enlève son célèbre chapeau, son borsalino ; il s’évente le visage et s’essuie le front, ravagé par l’inquiétude : « C’en est fini, pense-t-il ; je ne pourrai pas avancer au-delà ; adieu le Calice divin, le saint Graal ! »
Cependant, tout en donnant, de rage, un violent coup de fouet sur le rebord du précipice, voici qu’il se rappelle ce que lui a dit son père ; et l’on nous remontre la scène, en flash back : « Si un jour, tu vois un précipice, ne t’arrête pas, continue… » Indiana prend alors la décision de faire confiance à son père et, bien que terrorisé, fait le choix d’avancer. On le voit alors poser un 1° pas dans le vide. Suspense ! Va-t-il tomber dans l’abîme, et disparaître sous nos yeux à tout jamais ?
Or, voici que, 30 cms plus bas, il pose le pied sur un pont de pierre, que l’on ne pouvait apercevoir d’en haut, caché qu’il était par la brume. Ouf ! Heureusement qu’Indiana avait osé faire confiance ! Mais pourquoi je vous raconte tout ça ? Est-ce que c’est du cinéma ? Pas seulement ! Ainsi, pour Indiana, s’il n’avait pas fait confiance à son père, c’en était fini de sa recherche du Graal.
La leçon pour nous est claire. Le terme « Pâques » vient d’un mot hébreu, « Pessah », qui signifie « passage », ou, plus précisément encore, « saut ». Il s’agit donc, non seulement de passer, mais de sauter, par-dessus l’obstacle. La Pâque du Christ, c’est Jésus qui, envoyé par son Père, passe à travers la mort, qui saute par-dessus la mort. C’est cela, l’inattendu de Dieu !
A présent, Jésus nous invite à l’imiter, à ne pas nous laisser arrêter par les précipices de la peur, du doute, ou du découragement, et des soucis de tous ordres. En cette fête de Pâques, osons le courage de franchir les précipices de l’existence, en tenant fermement la main du Christ ressuscité qui, sans peur, avec foi, saute par-dessus les obstacles et les franchit avec nous. Amen ! Alléluia !
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