Pour bien comprendre le titre de ce billet et le sens de cette homélie du 19 mars à St Hilaire la Forêt, il sera important de relire l'évangile de ce 3° dimanche de Carême, en Luc 13.
Certains jours, devant l’état terrifiant du monde, nous aurions la tentation d’éteindre la télé, pour fuir ces horribles images ; avec le réflexe de nous boucher les oreilles et, comme ce soir, le désir de nous réfugier dans une église ! Là au moins, dans le silence, loin des soucis de la planète, nous pourrions enfin trouver le calme, la paix. Une église, ce n’est pas fait pour ça ?
Or, que se passe-t-il ? Voici que, dans cette maison de Dieu, où nous
pensions être à l’abri des fracas du monde, Jésus, dans cet évangile, comme un
fait exprès, nous sort de notre bulle et nous remet le nez dans les problèmes
du temps. Vous avez sans doute fait le
lien entre ces Galiléens massacrés par l’envahisseur romain, et ce qui se passe
pas si loin que ça de chez nous, en Ukraine.
Les historiens nous apprennent que la cruauté de Pilate était connue. Entre autres, sous prétexte qu’ils s’opposaient à l’occupant romain, Pilate avait fait massacrer de nombreux Juifs, en pèlerinage à Jérusalem, alors qu’ils étaient rassemblés, dans le Temple saint, pour offrir un sacrifice à Yahvé. L’histoire est un perpétuel recommencement. Plus tard d’ailleurs, en l’an 70, ce Temple de Jérusalem sera totalement rasé et détruit par l’occupant. De Jérusalem à Kharkiv ou Kiev, il n’y a qu’un pas !
Puis, Jésus renchérit ; car Jésus prêchait à partir de faits concrets ! Il nous parle de cette tour qui s’est effondrée, faisant un certain nombre de victimes. Comment ne pas penser à ces bâtiments, comme ce théâtre de Marioupol qui s’est écroulé suite à un bombardement ? Et si la liturgie nous fait entendre de telles scènes dans l’évangile de ce jour, c’est pour nous rappeler qu’une église, ce n’est pas un endroit tranquille où l’on peut enfin prier à l’abri des problèmes du monde.
D’ailleurs, en cette fête de la saint Joseph, nous imaginons ce que Joseph a dû subir, devenant un migrant, comme nos migrants d’aujourd’hui, devant fuir à l’étranger avec Jésus et Marie, en Egypte, pour échapper à la haine d’un dictateur, Hérode, qui voulait massacrer tous les petits enfants de Bethléem.
La mission des églises en effet,
c’est d’être le lieu où les enfants de Dieu peuvent se rassembler afin
d’offrir, en commun, leur supplication au Seigneur. Une prière ne peut être authentique que si
elle est imprégnée de la joie, mais aussi, de la souffrance et de la douleur du
monde. Il est vrai que tous ces massacres nous révoltent et nous
révulsent ; mais Jésus nous invite, au lieu de chercher un bouc émissaire,
à nous interroger sur la part que nous prenons au mal.
Ce mal, il est vrai, frappe
aveuglement, comme il l’a fait dans l’effondrement de la tour de Siloë, ou des
structures des immeubles en Ukraine.
Mais ce mal, il nous atteint nous aussi. On dirait même que Jésus a
fortement culpabilisé ses disciples d’alors, à ce sujet. A deux reprises, que
leur dit-il ? « Ces Galiléens
qui ont été massacrés, étaient-ils de plus grands pécheurs que les
autres ? Pas du tout ! Mais,
ajoute-t-il, si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de
même. » L’avertissement semble sans
appel !
Et peut-être, de la même façon aujourd’hui, le regard sombre, Jésus déclare-t-il, à nous comme au monde entier : « Ces Ukrainiens, étaient-ils plus coupables ? Pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. » Jésus semble menacer son entourage ; par là même, il semble nous menacer aussi ! Mais peut-être notre Occident chrétien a-t-il besoin d’une telle chiquenaude, d’une telle leçon, à l’occasion de ce Carême.
En d’autres termes, nous,
chrétiens, pouvons-nous continuer à vivre dans une certaine tiédeur, quand des
gens innocents meurent si près de nos frontières ? Alors que, comme le disait le grand poète
Arthur Rimbaud : « L’ascèse chrétienne, c’est un combat plus dur que
toutes les batailles des hommes », car c’est un combat dont l’enjeu est
d’accueillir dans nos vies l’Absolu de Dieu.
Prenons exemple sur l’un de ces 1.000 aumôniers militaires orthodoxes, interviewé dans le journal « La Vie », déclarant, en montrant sa croix orthodoxe : « Ceci est mon gilet pare-balles ». Fixons nos regards sur la croix du Christ ; et avec sa force, combattons le mal, en nous d’abord, et autour de nous, et convertissons nos cœurs ! Amen !
1 commentaires:
AMEN !
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