5° dimanche, 5 février 2022, Le Bernard
Attention ! Pour mieux saisir le sens de ce commentaire, il sera bon de lire le texte de la 1° lecture de ce dimanche, en Isaïe 6/1-8.
C’est assez rare que l’on commente dans les homélies les textes du 1° Testament, ces récits que l’on entend lors des 1° lectures, lors des messes dominicales. Et cela, parce que ceux-ci nous semblent parfois hermétiques, un peu étrangers à notre façon de parler de Dieu, tandis que les évangiles nous semblent plus familiers. Voilà pourquoi, aujourd’hui, je voudrais partager avec vous quelques clefs de compréhension par rapport à cette vision que nous livre Isaïe, où il est question d’un manteau immense qui remplit le Temple de Jérusalem, ainsi que de charbons brûlants, de chants de gloire, de pivots de portes qui tremblent, ainsi que de séraphins, autrement dit des anges.
Dans le cas présent, ce qu’il faut saisir, c’est que, dans la Bible, il existe plusieurs façons de présenter le message divin. Jésus, par exemple, a parlé en paraboles pour se faire comprendre. Isaïe, lui, nous raconte l’un de ses rêves, cette vision qu’il a eue ; et c’est par le moyen de ce rêve qu’il nous aide à découvrir, aujourd’hui encore, qui est Dieu.
Vous avez entendu parler de ce que l’on appelle « les genres littéraires », multiples dans la Bible : psaumes, poèmes, récits historiques, paraboles… Mais aussi, les rêves, les visions, particulièrement appréciés en Orient.
Dans la réalité en effet, Dieu n’est sans doute pas venu à Jérusalem, ainsi qu’Isaïe le raconte, revêtu d’un grand manteau, dont les pans remplissaient le Temple ; mais ceci, c’est une image pour nous faire percevoir que Dieu n’est pas, comme les divinités païennes, une statue inerte, placée sur un grand piédestal, et que l’on viendrait vénérer ; c’est au contraire une personne vivante, dont la grandeur est infinie, comme Isaïe nous le fait percevoir en précisant que son manteau remplissait le Temple. Façon de dire que sa sainteté, sa puissance touchait le sol, tout le sol de notre terre, et que Dieu, le Tout-Puissant, était bien là, vivant, auprès de nous.
Le temps de cette vision, le prophète Isaïe s’est senti comme envahi, submergé par la présence de Dieu ; un peu comme nous lorsque nous nous sentons remplis d’une joie profonde, lors de certaines cérémonies plus marquantes, une nuit de Noël par exemple, ou lors de la grand messe solennelle d’un pèlerinage à Lourdes. C’est comme une belle vision ! Il se passe alors en nous quelque chose d’inhabituel, qui fait que l’on se sent tout à coup plus proche de Dieu.
Dans un 1° temps, Isaïe se sent indigne d’une telle vision ; il se sent petit, pécheur face à Dieu, et il se questionne : « Que veux-tu de moi, Seigneur ? Qu’attends-tu de moi ? » Façon de dire : « Oh Dieu, qui es-tu ? Mais surtout, ne m’en demande pas trop ! »
Tout ceci, finalement, c’est un
peu notre histoire ! Si nous sommes venus dans cette « réplique »
du Temple de Jérusalem que représente pour nous cette petite église du Bernard,
c’est que nous nous sommes sentis appelés, invités à rejoindre le Dieu saint de
l’univers, pour chanter, avec les séraphins et tous les anges du ciel, et avec
tous nos frères et sœurs ici ce soir : « Saint, saint, saint le
Seigneur…
D'ailleurs, c'est Floriane Chinsky, rabbin dans le XX° à Paris qui, en commentant ce texte d'Isaïe, nous invite, dans nos lieux de prière et de vie, à nous interpeller les uns les autres, comme les séraphins dans le Temple, pour chanter ensemble que "Dieu est saint".
Mais si, en ce lieu, il n’y a pas de manteau qui remplit le Temple, invisiblement, nous sentons bien que le Dieu vivant d’Isaïe emplit cet humble lieu sacré de sa présence. Et ce ne sont plus seulement des séraphins ou des anges qui chantent en cette liturgie, mais bien chacun de nous, nos voix à l’unisson, qui rendons gloire à Dieu. Tandis que tout à l’heure, ce ne sera pas un charbon brûlant qui s’approchera de notre bouche, mais le pain vivant que nous porterons à nos lèvres, ce pain de vie qui brûlera notre cœur.
Et de même que le charbon brûlant a remis en route Isaïe, qui se sentait faible et pécheur, cette vision d’Isaïe va s’imprimer dans notre cerveau, tandis que Dieu nous demande, en cette église, ce soir : «Qui enverrai-je comme messager ? » A chacun de nous de répondre, à l’exemple du prophète Isaïe, et cela, même si je suis âgé, peu fidèle, fragile et pécheur.. : « Seigneur, me voici : envoie-moi ! Pour chaque jour, humblement, témoigner de toi ! » Amen !
3 commentaires:
Merci pour cette explication lumineuse et importante Olivier.
C'est toujours une joie de lire tes posts et partages qui non seulement nous éclairent mais aussi nous invitent à la méditation, à la prière, et à une certaine forme de remise en question.
La Bible a cela de merveilleux, c'est qu'elle nous invite sans cesse à voir plus loin que les idées et simples mots que nous lisons et entendons. Tous ces "genres littéraires" mis en Lumière dans la Bible, ce sont autant d'invitations à élargir nos horizons et à donner matière à prier et méditer pour le plus grand nombre. Toutes ces formes de récits sont une richesse à explorer et à partager pour que la parole du Seigneur puisse être distribuer et transmise.
Merci pour toutes ces mains tendues vers nous, Olivier.
Et merci aussi à tous les Prêtres, Diacres, Frères et Soeurs qui empruntent un chemin similaire, chacun à sa façon, avec ce qu'il est, mais en faisant le même choix de suivre et servir le Seigneur.
Gratitude à Lui et Gratitude à Vous Tous !
Bonsoir Olivier
Merci pour ton blog magnifique .
"Seigneur, me voici: envoie moi !" (6/Isaïe 1/8)
Le trois livres D' Isaïe sont pour moi une découverte .
C'est une leçon pour aujourd'hui des instruments de la volonté de Dieu .
J'ai cherché sur internet Florence Chinsky , rabbin XX° Paris , en plus ça m'a permis de trouver K T O l'émission
" la foi prise aux mots " ☀️ Le livre D'Isaïe ☀️
Que du bonheur d'entendre cette émission .
Recommandation lire les 66 chapitres , surtout ne pas lire le livre D'Isaïe seul .
C'est exactement notre vie d'aujourd'hui c'est impressionnant .
La justice , l'espérance , les réfugiés tout y est Aujourd'hui plus de roi mais c'est une ouverture à l'universalité qu'il présente .
Finalement , c'est bien notre histoire .
Merci Olivier de faire le lien avec l'Eucharistie
pas facile pour moi .
Ce ne sera pas un charbon brûlant qui s'approchera de notre bouche , mais le pain vivant à nos lèvres , ce pain de vie qui brûlera nôtre cœur .
Et de même que le charbon brûlant à remis en route Isaïe qui se sentait faible et pêcheur en cette Église .
'" Seigneur me voici: envoie-moi ! Pour chaque jour , humblement témoigner de toi ! 'Amen !
Mille mercis pour cette belle Homélie .
Je me joins à votre prière .
Amitié
Tu évoques le nom de Floriane Chinsky, Olivier...
J'ai reçu à Noël le livre, Des femmes et des dieux, échanges entre une rabbin, Floriane Chinsky, une imame Kahina Bahloul et Une pasteure Emmanuelle Seyboldt! Au passage, notons qu'il n'y a pas de "prêtresse" catholique et pour cause ;-)
Je recommande un peu partout la lecture de cet ouvrage, rencontre en 7 jours de ces 3 femmes, avec 7 thèmes différents à aborder. C'est remarquable !
Dimanche au Jour du Seigneur sur la 2 C'est Floriane Chinsky qui parlait dans "'La parole inattendue"...
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