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Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



samedi 21 août 2021

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2656 : "Seigneur, sans toi, à qui irions-nous ?"

Homélie du 21° dimanche, à St Hilaire de Talmont

Hormis le 15 août, lors des dimanches précédents, nous sommes revenus à diverses reprises sur des textes tirés de l’évangile de Jean, dans lesquels l’on voit Jésus essayer d’expliquer qu’il est « le Pain vivant », descendu du ciel. Vous imaginez la tête de ses auditeurs, dont un certain nombre le connaissaient comme sortant de Nazareth et fils d’un charpentier de ce village.

D’où leur réaction, qui nous est rapportée aujourd’hui : « Cette parole est rude !  Qui peut l’écouter ? » Et, nous précise St Jean : « A partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent, et cessèrent de l’accompagner. »  Au début de cette histoire, au moment de la multiplication des pains, l’on nous disait qu’ils étaient 5000 hommes à le suivre ; et maintenant, il n’y en a plus que douze.  Si l’on ne regarde que les chiffres, c’est un échec notoire pour Jésus. Sa popularité est devenue insignifiante, réduite à presque rien : une audience qui tombe de 5000 à 12… Oui, presque tous sont partis.

 Et si cela rejoignait l’histoire de notre Eglise aujourd’hui ?  En effet, n’est-ce pas tous les jours que, vous comme moi, nous entendons des personnes, jeunes, adultes ou même enfants, se détourner de l’Eglise et nous dire, dans notre famille ou dans la société, autour de nous : « A quoi ça sert de croire en Dieu ? »  Ou encore : « Les discours de la religion sont bien trop compliqués ; et ce que nous demandent l’évangile et la religion, c’est impossible à tenir. »

 Je prends un exemple : il y a quelque temps, en préparant un couple au mariage, la jeune femme m’avoue qu’elle se mariait à l’église pour faire plaisir à sa famille, mais qu’elle avait perdu la foi. Je me suis permis de la questionner, et elle me répondit : « J’étais très croyante. Mais un jour, ma grand-mère, que j’aimais beaucoup, est tombée gravement malade. J’ai fait des prières pour elle, j’ai allumé des cierges à l’église, mais elle est décédée. Ca m’a tellement fait mal… Depuis, je ne crois plus en Dieu. »  L’appel à croire en Dieu malgré tout, dont on lui avait parlé au caté, cela lui a semblé alors beaucoup trop rude. Face à la mort, croire qu’un Dieu-Père va nous accueillir auprès de lui pour toujours, ça n’a rien d’évident en effet ! 

 Question : comment se fait-il que certains croient, et d’autres pas ?  La réponse de Jésus, telle qu’elle nous est donnée dans cet évangile, peut sembler étrange, je vous la rappelle : devenir mon « Personne n’est capable de devenir mon disciple, à moins que le Père ne lui donne cette force. »  Mais une telle réponse peut sembler injuste !  En effet, est-ce à dire que certains recevraient cette force de Dieu dont parle Jésus, et d’autres non ?  Pourquoi Simon Pierre, par exemple, croit-il tout de suite en ce qui semble incroyable à d’autres qui s’éloignent de Jésus ?  Réponse possible : peut-être que ce sont des choses que l’on ne comprend que de l’intérieur, seulement en faisant totalement confiance au Christ…

 A ce propos, je trouve très éclairante cette réflexion de l’écrivain russe Tolstoï avouant à son épouse : « Tout ce que je comprends de toi, je ne le comprends que parce que je t’aime. »  Autrement dit, si Pierre comprend Jésus et fait le choix de le suivre, malgré la rudesse ou l’incompréhensibilité de son discours sur le pain du ciel, c’est parce que ce Jésus, il l’aime. 

 Voici un autre exemple qui m’a frappé : Paulette, une dame, pas trop âgée, gravement malade, se sachant en phase terminale, reçoit son beau-frère venu la visiter, un homme notoirement non croyant. Eh bien, cet homme est sorti transfiguré de la chambre de sa belle-sœur, en répétant cette réflexion merveilleuse qu’elle venait de lui faire : « Tu te rends compte, René, je vais voir mon Dieu ! » Sa réaction ne vous fait pas penser à quelque chose ?  Mais oui, à la profession de foi de Pierre s'écriant : "Seigneur, sans toi, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle !"

 Paulette disait cela alors qu’elle aurait eu plus de raisons que la jeune fiancée dont je parlais de douter de la bonté de Dieu !  Quant à lui, le beau-frère aurait pu se contenter de l’écouter avec gentillesse, en pensant en lui-même : « Oh, tout ça, ce sont des lubies ». Mais non, il s’est senti touché, interpellé même ; et il lui a répondu, en croyant de tout son cœur à ce qu’il disait, ainsi qu’il l’a expliqué ensuite : « Oui, c’est ça, Paulette, vas voir ton Dieu. »  C’est clair : c’est seulement quand on aime quelqu’un, que l’on peut le comprendre et croire à ce qu’il nous dit.

 Est-ce que cela voudrait dire que la jeune fiancée dont je parlais n’aimait pas le Christ, puisqu’elle a cessé de croire en lui ?  Ou que le Père du ciel ne lui aurait pas fait don de sa grâce ?  Nul ne peut le dire !  Mais peut-être n’avait-elle pas pris la peine d’entretenir cette foi que ses parents et ses catéchistes avaient essayé de faire grandir en elle ?  Aimer le Christ en effet, c’est un amour que l’on doit entretenir, sinon, il ne peut que s’étioler et disparaître. Cela demande que l’on prenne un peu de temps, régulièrement, pour parler au Christ, pour l’écouter surtout ; pour le prier aussi, avec d’autres si possible ; comme nous le faisons en ce moment.

 Un dernier point, et pas le moindre, à propos de ce que nous n’arrivons pas à comprendre par rapport à la façon de faire de Dieu, et à la rudesse de ce qu’il nous fait vivre : cela pourrait nous décourager de croire en Dieu, de voir ces Afghans s’accrochant aux avions en train de décoller, au risque de leur vie, pour fuir les talibans, ou ces Haïtiens martyrisés par les tremblements de terre, et qui ont l’impression de vivre dans la marmite du diable, plutôt que dans la main de Dieu. Ce que tu nous fais vivre, Seigneur, est trop difficile ; nous allons devoir te quitter !  Par rapport à cela, voici ce qui s’est passé dimanche dernier, dans une église de St Gilles : une femme, originaire d’Haïti, a demandé au prêtre si elle pourrait dire un mot à la fin de la messe. Celui-ci pensait qu’elle allait peut-être en profiter pour demander de l’argent. Or, après une intervention très sobre, très touchante, cette dame a simplement adressé cet appel aux paroissiens présents : « Frères et sœurs, nous vous avons besoin de vous ; nous vous en supplions, priez pour nous. » Point final. Les personnes présentes ont été profondément touchées ; face à cet événement très rude, elle était là, la présence de Dieu, la main de Dieu ; ainsi que la main et le cœur des paroissiens, ouverts à tant de souffrances.

 Je termine ! Vous connaissez Eric-Emmanuel Schmitt, l’un des grands écrivains français contemporains ;  récemment converti, voici ce qu’il a déclaré il y a quelques semaines, sur Arte, dans l’émission « 28 minutes », aux journalistes qui lui demandaient comment il expliquait sa foi, et cette possibilité d’être croyant, quand il n’y a rien d’évident ;  je cite ce que j’ai retenu de sa réponse : « Il y a deux zones dans notre cerveau : la zone qui sait ; le problème, c’est qu’elle croit savoir, alors qu’en réalité, elle ne sait pas grand chose ; son savoir est limité, et elle a tendance à douter. Et il y a une autre zone, souvent sous utilisée : c’est la zone qui croit.  C’est la zone qui nous aide à voir au-delà des apparences, à rechercher Dieu par exemple, à essayer de trouver la lumière, au sein de notre monde obscur. Cette partie de notre cerveau nous dit aussi que la vie a une profonde valeur, à un tel point qu’elle peut se poursuivre après la mort, et qu’il y a toujours une possibilité d’espérance.

 Cette zone de notre cerveau nous apprend également que, comme le disait le grand scientifique croyant Einstein : « La plus belle expérience que nous puissions faire, c’est celle du mystère ! »  L’apôtre Pierre a vécu cette belle expérience lorsque, sans avoir compris grand-chose aux rudes affirmations de Jésus, par amour pour lui, il a dit oui ; il a fait confiance au Christ.  Forts de cet exemple, à nous de redire au Christ, comme Pierre, même si nous sommes pécheurs, même si nous sommes loin d’avoir tout compris de ce mystère qu’est le Christ : « Seigneur, sans toi, à qui irions-nous ?  Tu as les paroles de la vie éternelle. »

Répétons-nous cette profession de foi pendant cette messe, et réfléchissons-y, tout au long de la semaine qui vient !  Amen !  

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