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Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



dimanche 15 août 2021

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2653 : Le "Magnificat", un projet de vie pour chacun !

 Voici l'homélie que j'ai partagée en l'église de Longeville-sur-Mer ce 15 août.

 

Je ne sais pas si vous avez suivi, sur France-Inter, samedi il y a huit jours, vers 12h-12h30, l’émission intitulée : « Faire entrer les femmes dans l’histoire ». L’invitée était l’historienne Michelle Perrot, interviewée par Léa Salamé. L’historienne a fait défiler un certain nombre de femmes qui, au cours des siècles, ont fait bouger le monde. Comme, a-t-elle cité, plus près de nous, Simone de Beauvoir, Simone Veil, Elisabeth Badinter, Christiane Taubira, et d’autres encore.

Et, au cours de l’histoire, qu’est-ce qu’il en a été avec le christianisme ?  Oh, a répondu Michelle Perrot, d’un air un tant soit peu méprisant, dans le christianisme, à part la Vierge Marie, et Jeanne d’Arc… ??? D’ailleurs, a-t-elle poursuivi, la Vierge Marie n’était même pas une vraie femme, puisque, soit-disant, elle aurait eu un enfant sans avoir de relation avec un homme ; tandis que le cas de Jeanne d’Arc n’était pas clair non plus, étant donné qu’elle prétendait entendre des voix venant du ciel…

Et hop, c’était enlevé !  Et on appelle cela une historienne !  Et pourtant, la Vierge Marie a fait bouger le monde, à travers nombre de femmes qui se sont inspirées de sa lumière. Entre autres, une femme de la carrure de Geneviève Anthonioz-de Gaulle, déportée avec Simone Veil, présidente d’Atd-Quart Monde pendant 34 ans, que le président Hollande a fait entrer au Panthéon en 2015, et pour laquelle a été engagée une procédure de béatification auprès du Vatican.  C’est la même histoire que dans le cantique de Marie ; et de telles femmes elles aussi peuvent chanter, sans complexe, comme Marie : « Le Puissant fit pour moi des merveilles, saint est son nom. »

Notre soit-disant historienne n’aurait-elle jamais entendu parler non plus de Rigoberta Menchu, de l’ethnie maya, au Guatemala ? Dans son pays, cette femme a joué un rôle majeur, au début de ce siècle, à la tête du Comité d’unité paysanne catholique, pour la promotion de la femme et la défense des droits indigènes.  Comme le rappelait l’évangile : « Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. »  Pas étonnant que Charles Maurras, le théoricien de l’Action Française,  se plaignait de ce qu’il appelait «le venin du Magnificat », se réjouissant alors, en son temps, de le voir chanté en latin, de peur que les croyants n’en comprennent le côté subversif… Vous savez que des dictateurs sud-américains, à l’image du général Videla en Argentine dans les années 70-80, soit-disant bons catholiques, mais adeptes de la torture, ont même essayé de censurer certains versets du Magnificat ! C’est dire !  Quant à Rigoberta, cette catholique convaincue, outre la Légion d’honneur de la part de Jacques Chirac, elle a aussi reçu le prix Nobel de la paix en 2006 !

Et Angela Merkel, vous connaissez !  Cette femme, fille de pasteur, très croyante, est animée, comme en général les Luthériens, d’un profond respect vis-à-vis de la Vierge Marie. Dirigeante incontestée d’un pays-phare en Europe, l’Allemagne, et cela depuis 16 ans, Angela Merkel n’a jamais caché que, si elle avait fait le choix, au risque de perdre son étonnante popularité, d’accueillir autant de demandeurs d’asile, chassés de leurs pays par la guerre et la faim, c’était, elle l’a dit clairement, au nom de l’Evangile.  Avec ces mots d’espérance, en 2015, vous vous souvenez : « On y arrivera ! » Pour ces réfugiés qui avaient faim de pain et de dignité, accueillis nombreux dans ce pays voisin du nôtre, a commencé à se réaliser, à travers l’action fraternelle de cette fille de l’Evangile, ce qui était promis par Marie : « Il comble de biens les affamés… »

Je crois que si les historiens oublieront sans doute le nom de Michelle Perrot, ceux de ces femmes inspirées de l’exemple de Marie, la 1° en chemin, brilleront longtemps au fronton de notre humanité. J’aurais pu aussi en citer bien d’autres ! Vous-mêmes en connaissez sûrement. Et même si l’institution Eglise n’a sans doute pas suffisamment su donner leur place aux femmes, oubliant trop que Jésus nous a été donné par une femme, Marie,, cela n’a pas empêché celles-ci de jouer un rôle éminent, à la suite de Marie, au cœur des familles, des peuples et des nations.

 Et l’on imagine la joie de la Vierge Marie, à la vue de ces femmes, de ces millions de femmes qui, sur toute la surface de la terre, marchent sur ses pas ; et cela, avec ce même projet qu’elle leur a enseigné : faire des merveilles, disperser les superbes, renverser les puissants de leurs trônes, élever les humbles, combler de biens les affamés.  Oui vraiment, Marie, et toutes ces femmes, ont fait bouger le monde et, au nom de l’Evangile, elles ont fait entrer les femmes dans l’histoire, autant et sinon plus que toutes ces femmes que l’on nous présente comme des icônes du féminisme, même si celles-ci sont tout à fait respectables au demeurant.

Ceci dit, Marie est un exemple éminent pour les hommes également. N’est-ce pas elle en effet qui a empli de bonté le cœur du Père Olivier Maire, ce prêtre, si accueillant, horriblement assassiné lundi dernier, à St Laurent s/Sèvre, dans le nord-Vendée ?  Peut-être avez-vous repéré, à travers les infos, que le P. Olivier Maire était le responsable pour la France des prêtres d’une congrégation dont le nom est justement « la Compagnie de Marie », ce qui en dit long ! De même que les Jésuites se retrouvent au sein de ce que l’on appelle « la Compagnie de Jésus ». Le fondateur de cette société religieuse, il y a 300 ans, le P. Louis-Marie Grignon de Montfort, a dédié cette société religieuse mariale, dite des Montfortains, à l’établissement du royaume de Dieu, sous le patronage de Marie, Mère de Jésus.

Déjà, aumônier de prison 5 ou 6 ans en Ouganda, au sein de sa congrégation qui se veut attentive aux plus démunis, le P. Olivier Maire, comme Marie l’y invitait dans son Magnificat, a essayé  d’être l’instrument de la miséricorde de Dieu, qui s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent, en déployant la force de son bras, comme l’intelligence de son cœur.. J’en ai été d’ailleurs  le témoin émerveillé, ayant vécu assez près de lui pendant 5 ans, comme curé de la basilique de St Laurent s/Sèvre.  Quand je pense qu’il s’est dit que le P. Olivier Maire avait sans doute été naïf, d’accueillir chez lui quelqu’un d’aussi dangereux ; alors que lui-même avait signalé, à plusieurs reprises, que cet homme n’était pas à sa place à St Laurent s/Sèvre, et qu’il fallait qu’il puisse être soigné dans un endroit plus approprié à son état… Mais Olivier Maire n’a pas été écouté ! Fallait-il alors que, faute de solution, il jette dehors ce malheureux ?  Je vous laisse juge d’un tel choix !

Par contre, vendredi, lors de la cérémonie de sépulture, ont été évoqués les innombrables messages de soutien, parvenus auprès de ses confrères et de sa famille, de tous les coins de France et du monde. Ce qui est rare lors de la sépulture d’un prêtre, plusieurs évêques étaient présents, dont le président des évêques de France et le représentant du nonce apostolique à Paris ; mais aussi un ministre, le Préfet de Région et le Préfet de la Vendée, ainsi qu’un certain nombre de parlementaires et d’élus. Tous ceux-ci d’ailleurs semblaient bien petits, au-dessous de l’immense portrait, à l’entrée de la nef principale, de ce géant anonyme de la fraternité, devenu un exemple pour l’humanité entière, inspiré qu’il était par le cantique de Marie. La preuve, ce sont les messages de soutien envoyés par divers membres du groupe interreligieux de la région des Sables d’Olonne, groupe auquel je participe : musulmans, bouddhistes, juifs et protestants, tous se sentant proches et frères de ce prêtre catholique hors norme.  Merci au journal « Ouest-France » d’y avoir fait écho dans son édition de vendredi.

A ce propos, chers amis, je voudrais clarifier quelque chose. Si vous accueillez des personnes démunies ou en détresse, dans des conditions bien sûr permettant d’éviter des dérives, quand cela est possible, si dans votre entourage, l’on vous traite de « naïfs », ne  vous laissez pas impressionner, ne vous découragez pas. 1°, adressez-leur votre plus beau sourire ; 2°, priez pour eux, confiez-les à Marie ; 3°, continuez de répondre à l’appel de l’Evangile, à l’exemple du P. Olivier Maire, qui s’est lui-même inspiré de l’appel du Magnificat, du cantique de Marie. 

Car ce qui plaît à la Vierge Marie, ce n’est pas qu’on lui chante ou qu’on lui dise qu’elle est la plus belle ou qu’elle est parfaite ; que c’est notre reine, qu’elle est couronnée d’étoiles et drapée dans le soleil, même si tout cela est très gentil, et que cela fait du bien de se le redire; ne faisons pas d'elle non plus une sorte d'égale de Jésus, toute puissante, comme peuvent en avoir parfois l'impression les Protestants. N'oublions pas que Marie s'est présentée comme "une humble servante" !

  Mais Marie, ce n’est pas une femme mièvre, une sorte de star, qui attendrait de nous des félicitations.  Elle ne souhaite pas qu’en ce 15 août, on pense trop seulement à elle. Plus modeste qu’elle, tu meurs ! Par contre, ce qu’elle désire, ce pourquoi elle prie, c’est pour que nous mettions en pratique, chacun dans nos vies, ce que nous inspire son cantique d’action de grâce.  Ah, si tous les chrétiens avaient le souci d’élever les humbles et de combler de biens les affamés, c’est un monde nouveau, moins crispé, et bien plus fraternel, qui ferait enfin son assomption à la suite de Marie.  C’est à cette condition seulement que pourront être vaincus les dragons de la haine et de la mort, dont l’on évoquait la violence à travers la 1° lecture, tirée du Livre de l’Apocalypse.

Je termine. Savez-vous d’où vient le mot « Assomption » ?  Il procède du mot latin « assumere », qui signifie assumer. Autrement dit, en cette fête, ce que nous célébrons, c’est que Dieu assume Marie pleinement ; pas seulement dans son âme ou son esprit, mais également dans son corps physique.  Cette fête signifie que Marie passe tout entière en Dieu. Et la plénitude de la vie de Dieu envahit et transforme son corps humain. Car Dieu ne méprise pas nos corps humains ; mais dès aujourd’hui, il commence à nous transfigurer nous aussi, à nous diviniser, tant chacune de nos vies compte tellement à ses yeux. Avec Marie, au cours de cette messe, nous mettons déjà un pied dans le ciel ; et pourquoi pas les deux ?  et notre tête, et notre cœur aussi !  Rappelons-nous du mot de Tolstoï, que je vous citais en introduction de cette messe, en l’élargissant à Marie :  quand je regarde la Vierge Marie, je vois l’Eternité !     Amen !   Pour chacun de nous, qu’il en soit ainsi !

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Pour info, cette dernière remarque fait référence au fait qu'en début de cérémonie, j'avais dit ceci :

Nous allons vivre ensemble, à présent, quelque chose de tout à fait paradoxal. En effet, nous fêtons, en ce 15 août, la femme juive la plus célèbre de l'histoire.  Une femme issue de ce peuple juif tellement martyrisé au cours des siècles et encore méprisé aujourd'hui. Pour mémoire, cette semaine, l'on vient encore de vandaliser la stèle de Simone Veil à Perros-Guirec, avec des croix gammées...  Et je ne parle pas des étoiles jaunes exhibées lors de certains défilés !

Il est vrai que, pour nous catholiques, faire référence ainsi au Judaïsme pour parler de la mère de Jésus, ce n'est pas tout à fait habituel.

L'écrivain russe Tolstoï disait pourtant  : "Quand je vois un Juif, je vois l'Eternité."

Tel est notre cas en ce jour : en regardant Marie, la première en chemin, nous contemplons notre propre éternité, et nous y entrons avec elle dès à présent.  

Puissent nos frères soeurs Juifs pouvoir compter toujours sur notre soutien !

 

2 commentaires:


Marie-France Dauce a dit…

Olivier,
En tant que femme, en tant que membre de l'ACAT, bien des choses de ton homélie retentissent en moi !...

je viens également de laisser un mot sur ton billet d'hier avec une longue référence de Cécile Murray, qui a bien connu le meurtrier du prêtre Olivier Maire, et ce billet est en phase avec tes mots d'aujourd'hui !

Merci !

Jennifer Smith a dit…

Olivier, je m’étonne toujours de ton habileté à prendre tous les éléments du jour, écritures, faits divers, avec ton regard si plein de bonté et d’espoir, de tisser tout ça en un châle réconfortant mais qui demande aussi un effort pour qu’il reste sur les épaules…
Merci encore une fois!
Jennifer Smith, Angles