Aujourd'hui, ce sera un billet pas tout à fait comme les autres ! J'en ai eu l'idée hier, en méditant l'évangile de ce mercredi, et j'ai raconté brièvement l'histoire aux personnes présentes à la messe en la chapelle de Bourgenay ce matin.
Vous connaissez tous cet évangile où Jésus compare le royaume des cieux à un trésor caché dans un champ. Chaque fois que je le lis, je repense à cette histoire qui m'est arrivée au fin fond de la savane africaine, durant laquelle j'ai ressenti une des plus grandes peurs de ma vie ! Même s'il m'est arrivé aussi d'avoir des frayeurs dont je ne me suis toujours pas remis, lors de différents périples en Asie ou en Afrique...
Je venais d'arriver au Mali, et ne connaissais pas encore les "habitudes". Au volant de la vieille 2 CV (80.000 kms au compteur), un peu déglinguée, que je venais d'acquérir, je traversais la savane et regagnais Bamako au terme d'une mission dans des villages. Fatigué, je m'arrêtai, un peu en-dehors de la très mauvaise piste, sur un chemin de traverse, pour laisser reposer le moteur plutôt poussif, et lire un bout de bréviaire.
En marchant, arrivant à un tournant sur ce sentier, j'aperçus, une centaine de mètres plus loin, un groupe de 3 ou 4 hommes occupés à creuser le sol avec des pioches. Intrigué, je pensais aller les saluer et échanger avec eux, surpris de rencontrer des gens en un endroit aussi perdu.
Lorsque, tout à coup, l'un d'eux, m'ayant aperçu, se mit à crier comme un forcené, en me montrant du doigt. Les autres me jetèrent à leur tour un regard méchant, puis, lâchant leurs outils, se mirent à courir dans ma direction en hurlant de colère, avec apparemment, force injures.
Je pris alors mes jambes à mon cou, en faisant attention à ne pas me prendre les pieds dans les grandes herbes et les racines qui traînaient en travers du sentier ; j'avais une trouille terrible de tomber. Et je me demandais pourquoi ces hommes m'en voulaient : peut-être allaient-ils me faire cuire et me manger ? Je craignais aussi qu'ils me tirent dessus ; mais je crois qu'ils n'ont pas osé.
Heureusement, la vielle dodoche a démarré au quart de tour, alors qu'ils se rapprochaient dangereusement. C'était comme dans un film d'aventures ! Arrivé à Bamako, je raconte ce qui m'était arrivé, et un vieux Père Blanc de me dire : "Tu es tombé sur des voleurs ! Ils étaient en train de creuser un trou pour enfouir leur butin, les fruits de leurs larcins." Comme dans l'Evangile (!), le trésor caché dans un champ ! Nouvellement arrivé dans le pays, je ne savais pas que c'était une habitude, chez les voleurs, qui avaient de la peine à trouver des caches sûres dans la ville de Bamako. Ils ont donc eu peur que je les dénonce ; d'où leur surprise en me voyant arriver, et leur souhait de me faire taire !
Je ne vais pas raconter ma vie, mais j'ai eu peur aussi dans d'autres occasions, dans la savane ; je ne partais jamais l'âme tranquille quand j'allais visiter les villages ou célébrer dans des endroits perdus. Le rite de la messe, dont il est tant question en ce moment suite à la récente déclaration du pape François, c'était vraiment alors le dernier de mes soucis, face à l'insécurité ambiante. Souvenirs, souvenirs...
2 commentaires:
Pas drôle quand même d'être missionnaire dans ces pays !
Votre témoignage est intéressant.
Je serais ridicule de me plaindre, suite à ce que vient de vivre le Père Olivier Maire...
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