Voici ce que j'ai partagé en l'église de Jard-sur-Mer en ce 3° dimanche de Pâques.
Cela se passait à Moscou, au temps de l'athéisme triomphant. Le camarade Lounatcharsky, commissaire bolchevik, termine son exposé sur "les croyances d'un autre âge", comme la superstition, la foi chrétienne, etc. Cela devant les habitants d'un quartier de Moscou, "convoqués" pour la circonstance.
Sûr de sa démonstration, il propose à son auditoire de présenter des objections. Alors, un jeune prêtre se lève. Lounatcharsky le regarde avec hauteur : "S'il vous plaît, soyez bref !" "Oui, oui, je serai très court." Le prêtre s'adresse alors à l'assemblée : "Frères et soeurs, Christ est ressuscité." Et toute l'assemblée de répondre, comme un seul homme : "Il est vraiment ressuscité." "J'ai fini ! Je n'ai plus rien à dire", conclut le prêtre, en se rasseyant. Inutile de dire que la séance fut vite levée !
Ces chrétiens orthodoxes avaient-ils vu le Christ ressuscité ? Non ! Ont-ils eu des apparitions secrètes leur permettant de découvrir le Christ vivant ? Non ! Peut-être avaient-ils fait de longues années d'études destinées à leur prouver que Dieu existe ? Evidemment non ! Mais alors, sur quoi reposait leur foi ? Uniquement sur cette chaîne immense de millions de baptisés qui, depuis près de 20 siècles, affirment que Jésus est vraiment ressuscité.
A propos, savez-vous à quelles conditions peut apparaître le Ressuscité ? Rappelez-vous le début de l'évangile que nous venons d'entendre : c'est quand les apôtres se retrouvent, et qu'ils parlent de lui, que Jésus se rend présent. St Luc : ""Comme ils parlaient encore du Seigneur, lui-même fut présent au milieu d'eux."
Et depuis lors, le Seigneur revient chaque fois que, comme en ce moment, les chrétiens sont réunis pour prier. Car rien que de nous voir prier, il a envie de venir parmi nous.
Je rappelle à ce propos que le sens profond de la messe, dont il nous arrive parfois de nous dispenser trop facilement, c'est que c'est le lieu, le moment, de notre large et belle rencontre collective avec le Ressuscité.
Et cela, même si les chants ne sont pas au top, si les lectures sont mal faites ou si l'homélie ressemble à de l'eau tiède. Vous connaissez sans doute ce proverbe chinois : "Quand le doigt montre la lune, l'imbécile regarde le doigt." C'est ce qui arrive malheureusement trop souvent, lorsque des imperfections ne nous font regarder que le doigt en mauvais état, et non pas le Christ vivant...
Autre question : au cours de nos messes, qu'est-ce que le Ressuscité vient nous donner comme objectif, comme message central, essentiel ? Là encore, la réponse est dans l'évangile de ce jour ; il se résume en un mot, la paix ! "La paix soit avec vous !"
Oui, j'en conviens, ce message peut paraître banal, avec un air de déjà vu : la paix, oui, mais encore... On aurait pu penser que Jésus aurait dit que la messe, c'est pour adorer Dieu, pour prier, pour fortifier notre foi. Oui, ce n'est pas faux ! Mais, si vous remarquez bien, lors de toutes ses apparitions en tant que Ressuscité, la phrase de Jésus qui revient chaque fois, face à ses disciples, comme nous ici rassemblés, c'est la suivante : "La paix soit avec vous !"
Et en effet, si c'était de la paix que notre monde, notre Eglise avaient le plus besoin ? En ce temps de pandémie par exemple, notre coeur est-il en paix Quand verrons-nous la fin de ce fléau ? Retrouverons-nous des temps meilleurs ?
Les humains que nous sommes, en ces temps sombres, ressemblent à de pauvres chauves-souris qui, dans leurs ténèbres, auraient perdu le sens de l'orientation...
Les Apôtres eux-mêmes avaient peur, nous dit l'Evangile ; ils étaient saisis de frayeur. Les temps que nous vivons ressemblent à ce temps de l'Evangile. Toutes les portes de l'avenir semblent closes.
Mais voici qu'alors, Jésus arrive, sans frapper ; et les inquiétudes des disciples, leurs frayeurs, il balaye tout ça et les invite à l'espérance.
C'est la même scène qui se déroule ici, chez nous, au cours de cette messe. Et quand tout à l'heure, avant l'Agneau de Dieu, il vous sera dit : "Que la paix du Seigneur soit toujours avec vous", prêtons bien l'oreille ! Car c'est alors le Ressuscité qui viendra à nous avec les mains pleines de sa paix, de son immense paix.
Je termine, avec la dernière phrase de Jésus dans l'évangile de ce jour : de cela, "à vous d'en être les témoins !" Ce Jésus, il nous étonnera toujours ! A nous, qui ne sommes que des chrétiens ordinaires, peut-être même pas aussi courageux que les chrétiens russes orthodoxes dont je parlais, Jésus n'hésite pas à nous faire confiance pour être ses témoins. En effet, il a besoin de nous pour que son nom soit connu. Sans nous en effet, pas de présence visible du Christ dans notre société : là est l'enjeu.
En finale, tout à l'heure, nous entendrons : "Allez dans la paix du Christ". Profitons donc de chaque instant de cette eucharistie pour nous laisser remplir de cette paix, afin de pouvoir la partager... "A vous d'en être les témoins !" Amen !
2 commentaires:
Merci de nous rappeler le sens profond de la messe Olivier! J'aime bien le proverbe chinois !
C'est vrai qu'en cette période tout particulièrement, l'ambiance a changé dans nos églises, nous sommes masqués, éloignés les uns des autres, c'est triste quelquefois, nous nous y retrouvons moins bien ! Mais ce n'est que le doigt ! Ne nous arrêtons pas au "moyen" allons à l'essentiel.
Merci beaucoup Olivier pour ce très beau et lumineux partage somme toute plein d'espoir.
Ce qu'il peut être important de retenir, c'est que même avec la "peur au ventre" ou la "frayeur", les apôtres ont continué leur chemin aux côtés et sur les pas de Jésus Christ. Cela n'est pas rien !!
Alors oui, même si les messes en église ne sont pas toujours "parfaites", même si les possibilités et les conditions ne sont pas toujours toutes réunies pour que tout semble parfait en apparence, n'ayons pas peur d'aller plus loin et de voir plus loin que le bout de son nez ou plus loin que "le doigt montré". Les moments de prière et de recueillement, de méditation aussi, et de simples belles pensées, sont toujours des moments de joie et de paix où bien sûr le Seigneur est à nos côtés, où que nous soyons, quoi que nous fassions.
Il est à noter aussi que la chauve-souris est un animal qui sait justement parfaitement se diriger dans "les ténèbres", ce qui peut être de bon augure et de bonne espérance pour nous qui pouvons quelquefois y être comparés comme tu as la gentillesse de le faire aujourd'hui dans ton blog, Olivier.
Merci de nous interpeller, indirectement, en nous rappelant qu'en bonne chauve souris l'on peut se laisser guider par l'écho que le monde qui nous entoure nous renvoie si l'on y prête suffisamment attention et si l'on décide d'avancer et de faire confiance à ce qui peut exister autour de soi et à ce qui est "plus grand que soi".
Si l'on pense à la pipistrelle qui est une des plus petites chauves-souris existantes, l'on peut facilement imaginer et mesurer avec quelle confiance, peut-être même avec quelle foi, elle continue chaque jour (ou plutôt chaque nuit) d'avancer en s'en remettant à ses propres "sonars" mais aussi et surtout à toute les formes de Vie qui l'entourent.
Et si la force d'une chauve-souris était de ne jamais avancer seule mais toujours en résonance, "à l'accueil et à l'écoute" du Monde entier ?
Et si les chauves-souris que nous sommes peut-être (ou peut-être pas) pouvaient avoir conscience que l'on avance, se dirige, ni ne prie jamais seul mais toujours à l'unisson avec d'autres "priants", pour, parmi et avec ce vaste Monde qui nous abrite, nous entoure et dans lequel il nous a été donné de vivre ?
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