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Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



dimanche 14 mars 2021

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2603 : Aux origines de notre foi, en Irak

 Voici l'homélie  présentée, en l'église de Longeville, en ce 4° dimanche de Carême de l'année B.


Il semble que les lectures de ce jour viennent à point pour éclairer notre actualité. La 1° lecture nous parlait par exemple de la Perse (l’Iran actuel), mais surtout, de Babylone, ville qui se trouve à 100 kms au sud de Bagdad, au cœur de l’Irak, dans ce pays que le pape François vient de visiter.  Tandis que l’évangile nous montre le serpent de bronze élevé, dans le désert où progresse péniblement le peuple hébreu, un désert sans doute bien semblable à ce qu’est le désert irakien, pas si éloigné que cela géographiquement, vu de chez nous. 

Ce périple du pape nous a rappelé que nos racines religieuses, juives et chrétiennes, doivent beaucoup à cette région du Proche Orient, et particulièrement à la Mésopotamie, berceau de l’Irak actuel. A l’occasion de la visite pastorale du pape, la télé et les journaux nous ont montré suffisamment de cartes de l’Irak pour que nous sachions que ce pays est traversé, du nord au sud, par deux fleuves : le Tigre et l’Euphrate. D’où le nom de « Mésopotamie »,  qui signifie, en grec : « entre deux fleuves »  (méso = au milieu, et potamos = fleuve).

Si nous partons du sud de l’Irak, de la grande ville de Bassora, il est intéressant de découvrir que, 100 kms plus haut se trouve la ville d’Ur, en Chaldée, la patrie d’Abraham. C’est de là qu’Abraham partit, à l’appel de Dieu, pour rejoindre, vers l’ouest, la Palestine, à travers le désert de Syrie.  C’est à Ur que samedi dernier, le pape François a tenu une importante rencontre avec les chefs des différentes religions présentes en Irak. 

En remontant vers le nord, le long de l’Euphrate, 100 kms avant d’arriver à Bagdad se trouve le site de Babylone, cette ville dont il était question dans la 1° lecture.  Et si, comme l’a fait le pape François, nous montons au-delà de Bagdad, nous trouvons la cité d’Assour, capitale jadis de l’Assyrie.  C’est là que régna Hammourabi, 18 siècles avant le Christ.  Ce grand roi publia ce que l’on appelle le Code d’Hammourabi, très proche de ce qu’expriment les 10 Commandements de la Bible, puisqu’il instaurait la foi en un Dieu unique, Marduk, donnait des droits aux femmes, aux épouses, adoucissait la loi du talion, etc.

Allons encore plus haut, tout droit vers le nord, là où le pape est allé également la semaine dernière, dans le Kurdistan actuel, et voici Ninive, 50 kms au-dessus de Mossoul ; Ninive, où Dieu envoya en mission le prophète Jonas, avec les péripéties que l’on sait ! 

Pourquoi je vous fais faire ce périple géographique ?    Eh bien, pour nous aider à mieux saisir le lien entre le voyage du pape et notre histoire biblique. C’est sur cette terre en effet que fut appelé Abraham ; c’est à Babylone que furent déportés les Hébreux ; c’est en ces lieux que, pour la 1° fois dans l’histoire du monde, est apparue la perspective d’un Dieu unique, Marduk, même si l’on continuait à honorer d’autres divinités moins importantes.

C’est là enfin que Dieu, en la personne de Jonas, envoya un prophète en mission, pour la 1° fois, au-delà des frontières d’Israël : un symbole important, signifiant que la Bonne Nouvelle du Salut ne devait pas être réservée aux Juifs seulement.  Voilà pourquoi une visite du pape sur cette terre ne pouvait constituer un voyage comme les autres.  François, l’un des plus grands prophètes de notre temps, envoyé par Dieu en Irak, contre l’avis de son entourage, plutôt timoré, bien au-delà des frontières étroites de l’Eglise catholique, dans un pays plutôt dangereux, pour y rencontrer ceux qu’il considère comme ses frères : les yézidis, zoroastriens, bahaïs et autres, et principalement les musulmans chiites, avec lesquels le pape François a fait connaissance et lié amitié !

Malheureusement, c’est sur cette partie de la terre du Dieu du 1° Testament que continuent de s’abattre, comme jadis sur l’Egypte de Moïse, ce qui ressemble fort aux plaies d’Egypte, telles que, la menace permanente d’attentats terroristes, la mort de civils innocents, la corruption généralisée, les problèmes de la faim, la destruction des édifices religieux, etc.  Aujourd’hui encore, les Irakiens vivent dans une peur extrême !

Moïse, quant à lui, face à la terreur de son peuple perdu dans le désert, avait fait élever un serpent de bronze ; vous connaissez bien cet épisode de la Bible, tiré du Livre des Nombres, et qui était évoqué au début de l’évangile de St Jean à l’instant.  Après avoir passé la Mer Rouge, tandis qu’ils traversaient le désert du Néguev, situé au nord de l’Egypte et au sud de l’Israël actuel, les Hébreux étaient souvent victimes de serpents venimeux, et mourraient en grand nombre. Dieu suggéra alors à Moïse de fabriquer un serpent d’airain, et de le fixer en haut d’un long manche en bois.

Cela évoque d’ailleurs le caducée, l’emblème des professions médicales, signalant les personnes qualifiées professionnellement pour nous soigner.

Alors, nous dit le Livre des Nombres, je cite : « Lorsqu’un serpent mordait un Hébreu, celui-ci regardait le serpent d’airain, et il avait la vie sauve. »  Comme si, exhibé ainsi, et regardé en face, le mal perdait son pouvoir de malfaisance.  D’ailleurs, tout médecin vous confirmera que celui qui refuse de regarder en face sa maladie aura bien de la peine à en guérir. 

Malheureusement, il nous est souvent bien difficile de voir clairement le mal qui nous ronge. Par exemple, notre société ne sait toujours pas regarder en face le mal immense dont souffrent depuis un an malades et personnes âgées condamnés à l’enfermement, artisans ou artistes dépossédés de leurs professions, sans parler des jeunes brimés dans leur progression, etc. 

Même chose dans notre Eglise, où l'on n'a pas su regarder en face le mal insidieux qui la minait de l’intérieur, à travers une pédo-criminalité souvent occultée.  Idem avec la question de  l’inceste dans les familles… Comme quoi ce problème ne tient pas qu'au célibat !  

Il faudrait regarder en face également pourquoi les jeunes désertent les églises, pourquoi les enfants abandonnent toute pratique après des années de caté, pourquoi tant de jeunes adultes sont mal à l'aise avec ce que l'Eglise propose, pourquoi si peu de place donnée aux petites filles comme aux femmes, etc.

De même, chacun de nous sait combien il lui est difficile de regarder en vérité ses propres limites et ses errements personnels.  C’est ce que l’on appelait autrefois l’examen de conscience, lorsque, chaque soir, l’on se donnait peut-être plus de temps qu’aujourd’hui, où nous sommes pollués par la télé, pour regarder, en face, ce qu'avait été notre journée ! Mais, ainsi que cela nous était rappelé dans l’évangile : « Les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière » !

Cet épisode nous renvoie au récit biblique de l’antique serpent, au Paradis terrestre, symbolisant le diable, Satan, cherchant à tromper la femme et l’homme, à les mordre, pour injecter en eux son refus de Dieu, son venin de mensonge, de haine et de mort.

Pendant cette eucharistie, durant ce temps de Carême, sans cesse et sans répit, levons les yeux, non plus vers le serpent de la guerre, mais  vers le Christ en croix. Regardons-le en face, ne nous lassons pas de nous fier à lui.  Car "quiconque croit en lui ne se perdra pas, mais il obtiendra la vie éternelle !"                                                                                                                  Amen !


 

 

 

3 commentaires:


Denise a dit…

Comme bien d'autres lecteurs de cette homélie, j'ai apprécié le périple géographique du pape François dans son récent voyage en Irak.
Ce long pèlerinage montre que sa visite dépasse bien le cadre religieux ; il a non seulement réconforté nos frères chrétiens mais il a aussi rencontré les responsables musulmans pour tracer dans ce pays un chemin de paix.
" La charité, l'amour et la fraternité sont la voie à suivre." dit le pape.
Dans notre Eglise et dans chacun de nous il est bien difficile, en effet, de regarder en vérité nos propres limites...Cependant, la lecture de ce billet nous invite aussi à lever les yeux vers la croix preuve de la haine et de la cruauté de l'homme. Elle est bien plus encore l'emblème de la tendresse et du pardon du Christ.
Dieu venu habiter parmi son peuple non pas pour le juger mais pour le sauver.

lecteur a dit…

"Même au milieu des dévastations, du terrorisme et de la guerre, nous pouvons voir avec les yeux de la foi, le triomphe de la vie sur la mort."
message du Pape François à Mossoul

une paroissienne a dit…

C'est vrai, la visite du pape François dépasse le cadre religieux. Il a rencontré des chrétiens, des musulmans et autres qu'il considère comme ses frères. Une démarche offerte à toute l'humanité blessée dans sa foi et dans sa chair.