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Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



mardi 8 décembre 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2526 : Hommage et prière à la Vierge Marie

 Voici l'envoi que j'ai reçu de Gilles Bély, suite au billet paru, à propos de la joie, vendredi dernier 4 décembre.  Il me semble qu'en cette journée du 8 décembre, dédiée à la Vierge Marie, ce poème en patois d'Yves Rabault a tout à fait sa place !  Avec mes excuses pour les "non-Vendéens", qui auront peut-être un peu de peine a saisir le sens de certains mots...Mais ils sauront deviner le sens profond de cette prière adressée à "Notre-Dame des Paysans" !

Bonsoir Olivier,

Quel bonheur de partager la joie dans ce monde parfois si sombre mais qui continue heureusement d'espérer.

Le billet de ce matin m'a remis en mémoire  ce poème d'Yves Rabault, dédié à Notre-Dame des Pésans. Dans notre vieille langue poitevine, il traduit, je crois, cette foi des petits et des pauvres qui font comme ils peuvent pour survivre, qui pensent aux autres et qui n'attendent pas du Bon Dieu d'être les premiers auprès de lui.
D'Yves Rabault, on connaît surtout la célèbre "Sauce aux lumas". Né en 1911, près de Niort, il est décédé en 1990. Il fut un chansonnier très populaire dans les années 50, à Paris comme dans son pays.
J'ai parfois dit ce texte dans des rencontres familiales et amicales. J'ai toujours été frappé par l'émotion qui s'emparait alors de l'entourage et qui tenait à la fois de la langue, de la justesse des mots, de la simplicité et de l'humanité qu'il exprime et aussi de la piété populaire à l'égard de Marie.


Gilles

 

Notre-Dame dau Pésans

 

A c't'heure que m' v' là tout seul, Boune Mère 

Et que tout s'endort dans les champs

J' m'en vas faire une petite prière

A vous, Notre-Dame dau Pésans.

 

Chacun v' demande à sa manière

Un peu d'iau pour ses cornichons

L'aut' de la chalure por sa fruitière,

L'troisième une femme pour son garçon.

 

Moué qui cônnait poué le bia langage

Por tout, i va v' dire simpiement

Comme on sait le faire dans not' village

Merci, Notre-Dame dau Pésans.

 

Merci por le soulail qui fait qu' o pousse

Quand tout se réveille au printemps

La p'tite fieur qui se cache dans la mousse

Por le bon, comme le mouvais temps.

 

Merci per le vent en colère

Qui fait pour aux femmes de marins

Mais qu'est quand même utile su terre

Pisque le fait tourner mon moulin.

 

On se bouffe, on se tue, ah, qu'eu misère

L' grou mangera donc le petit tout le temps.

Si j' m'en réchappe su mon coin de  terre

Merci, Notre-Dame dau Pésans.

 

Por la métive et les batteries,

Les bons soupers où ce qu'on boué tant

Les repas de goret, les chantuseries,

Merci, Notre-Dame dau Pésans

 

Y' a du bon pain dedans ma huche,

Du bon froment dans mon grenier

Du miel doré qui vint de la ruche,

Du vin rosé dans mon cellier.

 

Oh, ma ferme est pas un palace,

Mais y a en tant qu'ont pas d'abri.

Boune mère, y' aurait tout le temps de la piace

Pour le malheureux sans logis.

 

Si queuque foués, j' me rougis la trogne,

Oh, pas pu de deux ou trois foués l'an,

J'suis solide et j'aime la besogne.

Merci, Notre-Dame dau Pésans.

 

Ma bourgeoise est pas ine lumière,

Mais alle est boune comme le bon pain,

Pis avec ça, vraie cuisinière,

Pis a m'a dounné cinq bambins.

 

Avec lè, j'me prends point la tête,

On a joint les deux bouts tout le temps.

Quand y'a pu d' sous, bé on s'arrête.

Merci, Notre-Dame dau Pésans.

 

Voyez, si la poche est vide,

Bé, j' vous encore rin d'mandé

Pace que moué, j'suis un gars timide

Mais, ce soir, j' vas me décider.

 

Quand d'ma pauv' vie sans histouère,

Un jour, y arriverai à la fin,

Savez-vous ce que j' voudrais, Boune Mère,

C'est que là, vous me preniez par la main.

 

J'sais qu'avec vous, y' aurai ine piace là-haut,

Oh, j' veux rin de conséquent

Seulement r'trouver tous ceux d' ma race,

Et pis, voilà, bé, j'serai content.

 

Et ceux, comme ma, qui su la terre

Chantiont dos foués leu p'tites chansons

On pensera pu qu'à ça, Boune Mère,

Tertous en chœur et sans façon,

 

Chacun apportera sa musique

 Pis on s'accord' ra joliment

Et pis y' appeulerons not' cantique

Merci, Notre-Dame dau Pésans.

6 commentaires:


Denise a dit…

Merci de nous avoir partagé ce beau poème dédié à la Vierge Marie.

Fille d'agriculteurs, héritière d'un bon patois vendéen, je n'ai eu aucun problème pour comprendre le texte. Au contraire, je l'ai découvert avec grand plaisir. Des mots m'ont évoqué mes parents dans leur simplicité, leur générosité et leur travail.
Comme nombre de paysans, ils avaient une dévotion particulière à la Vierge Marie, signifiée à l'époque, par le chapelet récité en famille lors des longues veillées d'hiver ou encore par le mois de Marie qui rassemblait, chaque semaine, les gens du village venus honorer la Vierge.
Le tout se clôturait, en septembre, par le pèlerinage à Notre-Dame de Réaumur, où participaient de nombreux vendéens.

MERCI NOTRE-DAME !

Une Vendéenne a dit…

A l’instant je viens de lire cette magnifique prière à Marie, en patois vendéen.

Merci de nous faire connaitre ces beaux textes qui mettent du baume au cœur.

Jean-Pierre Biraud a dit…

Merci Gilles pour ce beau cadeau du 8 décembre. Je l'ai lu sans difficulté et mon épouse l'a repris en le lisant à haute voix, ce qui a donné à ce poème de Yves Rabaut encore plus de saveur. Des souvenirs d'enfance sont remontés, la ferveur mariale profonde de maman, le chapelet en famille les longues soirée d'hiver, après le dîner et alors que chacun continuait à vaquer à ses occupations : la vaisselle, trier la mojette, couper les noeuds des ficelles de lieuse pour en faire ensuite des cordes. Et puis la prière commune des gens de mon village pendant le mois de Marie. Traditionnellement, les gens se retrouvaient chez un couple, alors que lui était considéré comme un vrai mécréant, souvent querelleur surtout quand il revenait mensuellement de la foire de La Chataigneraie avec un petit coup dans le nez. Et les pèlerinages locaux à la Vierge, Pitié pour moi qui suis presque deusévriens, Réaumur, et même parfois jusqu'à Bourgenay...Cette foi populaire était porteuse de valeurs d'entraide, de fraternité, même si elle se référait peu à l'évangile. Pas de nostalgie pour moi, mais un immense respect pour ceux et celles qui ont vécu dans une grande humilité leur existence et nous ont transmis des valeurs que nous pouvons aujourd'hui plus facilement enraciner dans la Parole de Dieu.

Unknown a dit…


Merci Gilles pour ce beau poème. Le patois de Talmont n'est pas vraiment le même que celui de la Chataigneraie mais je n'ai pas eu de difficulté à le lire... Merci à Jean-Pierre de son commentaire et à Olivier qui, au travers de son blog, relie les amitiés vieilles de 50 ans et plus. Annick G.

Gilles BELY a dit…

Merci pour vos commentaires.
Mes souvenirs sont les mêmes que ceux de Denise et Jean-Pierre. Et pour cause puisque, nécessairement, nous avons été voisins dans notre jeunesse, habitués donc des pélerinages de Réaumur, de Pitié ou de la Brossardière.
La pratique était sans doute rituelle et quelque peu contrainte socialement, les sermons, le plus souvent autoritaires et moralisateurs, n'avaient guère le goût d'Evangile. J'incline à penser que la foi profonde se trouvait dans les veillées familiales et de village et que la piété mariale l'exprimait de la façon la plus proche et la plus sensible.
Si ce poème vous a plu, vous pouvez écouter d'autres textes d'Yves Rabault:
musicme.com/yves rabault ou encore sur you tube.
Gilles Bély

Denise a dit…

Ce matin, m'est revenu le refrain de la procession du chant d'entrée, acclamé (il y a 50 ans et plus) par une foule de fidèles, venus assister à la messe, dans le cadre du pèlerinage de Réaumur.

O Réaumur, ô Madone chérie.
A toi nos cœurs, à la vie ,à la mort.
Garde nous purs pendant la vie.
Et conduis nous au divin Port.

Aujourd'hui, on n'exprimerait pas ce refrain et les 25 couplets du chant de la même façon mais à l'époque, c'était une manière de témoigner de sa foi et de dire toute sa confiance à la Vierge Marie.