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...Alors, en réponse à vos attentes, Olivier Gaignet vous propose de vous exprimer librement.
Ici, tout pourra être dit dans les limites de la courtoisie et du respect mutuel.

Merci d'avance de votre participation.


Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



mercredi 2 décembre 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2519 : Messes : l'exemple des catholiques de Madagascar

 Un certain nombre de catholiques se sont plaint amèrement du manque de messes. A ce sujet, voici le témoignage que vient de m'envoyer Christiane, qui connaît bien Madagascar, où elle est allée au moins 16 fois (voir commentaire de Denise) : "Pour le bulletin presque quotidien de notre paroisse en période de confinement, j'ai écrit ce petit texte pour nous inviter au voyage..."  Et à une sérieuse réflexion !  Christiane, une habituée de ce blog ; merci à elle !  Ca me rappelle ce que j'ai vécu au Mali !                                                                                                                                                           

 En voyage ...

Je vous emmène en voyage…à plus d’un km ! à la rencontre de chrétiens souvent privés de l’Eucharistie, même en dehors de la période de la Covid.

Prenons le train pour Paris, les formalités sont faites rapidement et nous prenons l’avion pour Madagascar…11h de vol, avec un masque bien sûr ! Arrivée à Tananarive, la capitale. Formalités, visas...sortie de l’aéroport en quelques pas, sans longs couloirs ni escaliers mécaniques.

Nous quittons la capitale pour deux heures de route vers l’Ouest jusqu’à la petite ville de Miarinarivo, préfecture de région et siège d’un évêché. Encore une heure de piste et nous sommes au lieu-dit Ijely, dans la Communauté des pères salésiens de Don Bosco qui ont la charge de ce district de 19 lieux de culte. Nous sommes au milieu de « nulle part », mais tout de même près de la Communauté des sœurs Ursulines de Chavagnes (anciennement  sœurs de l’Immaculée de Niort) et à 13 km de la Communauté des sœurs salésiennes  de Don Bosco.

Nous sommes sur les Hauts Plateaux de Madagascar, autour de 1000m d’altitude, paysage de montagnes comparables à notre Massif Central (dont des restes de volcanisme : des geysers…), de rivières et de lacs, les parties les plus basses étant propices à la culture du riz. Il n’y a que des agriculteurs et quelques artisans.

Donc 19 clochers et 15 écoles catholiques…quelquefois l’école a lieu dans l’église !

Comment font deux (ou trois) prêtres pour permettre aux  chrétiens nombreux une vie en Eglise ?

En semaine, la messe a lieu tous les matins pour une poignée de chrétiens qui habitent tout près de la Communauté. Le samediles Malgaches n’ont pas développé la pratique de la messe anticipée du dimanche ; il faudrait d’ailleurs célébrer dans l’après-midi, car la nuit tombe vers  18h, quelle que soit la saison.

Le dimanche, il y a toujours une messe dans le village d’Amboditanimena (c’est l’église « centrale »)  et les autres prêtres partent tôt le matin pour célébrer une messe dans l’une des 18 autres églises… Quand il y a un prêtre disponible, cela fait une fois toutes les 18 semaines, à peine trois fois par an ! Certaines églises très éloignées ne bénéficient de l’Eucharistie du dimanche que deux fois par an ; il faut bien sûr compter avec les aléas climatiques, notamment en période de pluies.


Partons un dimanche matin dans l’un de ces villages très éloignés où les chrétiens attendent avec impatience l’arrivée du célébrant. Ils ont vu la voiture s’arrêter au creux de la rizière, le prêtre transporte ses ornements, le calice et le ciboire, un Missel…et nous marchons 20 minutes environ sur les espaces étroits des diguettes des rizières.  Des quatre points cardinaux, des familles sont en chemin. Le Père va saluer tous ceux qui sont là, puis  il va y avoir un long défilé de personnes qui veulent se confesser. Pendant que le sacristain et le catéchiste préparent la cérémonie, les enfants jouent autour de l’église et les familles discutent.

Si la messe commence avec une heure de retard, ce n’est pas un problème ; il y a tellement longtemps qu’il n’y en a pas eu ! La cérémonie sera belle, très chantante, voire dansante, et personne n’a de montre pour regarder l’heure. Il peut y avoir comme chez nous une sonnerie de téléphone portable (mais il y en a peu, on ne peut les recharger qu’avec un petit panneau solaire).
La Communion est reçue de manière très priante, les femmes les plus âgées se recouvrent la tête d’une mantille blanche avant de communier,  la prière d’action de grâces est fervente, le chant de Communion très long car on chante tous les couplets.

Après la messe, on prendra le temps des palabres et des salutations ; certains feront cuire du riz avant de reprendre la route.

Il faudrait parler de la célébration des mariages et des baptêmes, mais je voulais seulement vous proposer de voyager un peu et  permettre à chacun de relativiser les inconvénients  de la période actuelle, avec ses contraintes que nous avons du mal à accepter.

Christiane S.

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Comme je vous y ai déjà invités à plusieurs reprises, si vous voulez rédiger un billet pour le blog, sur un sujet ou à partir d'une question  qui vous tient à coeur, n'hésitez pas !

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-  merci à Pierre Daumas qui, dans le Courrier des lecteurs du "Ouest-France" de ce mercredi 2 décembre, écrit ceci : "Depuis bien des années déjà, de nombreux chrétiens, en zone rurale, ne peuvent participer aux célébrations dominicales, faute de prêtres en nombre suffisant. Sans vouloir être polémique, mes frères manifestant aujourd'hui se sont-ils mobilisés un jour pour permettre une réelle prise en compte de cette situation autrement plus dommageable ?"

suite à un appel signé par des élus bretons, en page suivante, on peut aussi se demander si ces manifestants pro-messes se sont bougés avec autant d'ardeur par rapport aux 10,5 millions de nos concitoyens qui vivent avec moins de 1 063 € mensuels ?   Etc. 

4 commentaires:


Denise a dit…

Merci Christiane de nous permettre de voyager, ce matin, jusqu'à Madagascar. Un pays que tu connais bien par tes engagements successifs depuis 1997, accompagnée, à chaque voyage, par Jean -Paul, ton mari. Je viens d'apprendre que vous y êtes allés au moins 16 fois. Votre retraite d'enseignants est donc bien occupée et vos projets ne sont sans doute pas terminés !
Ce beau témoignage nous aide, en effet, à relativiser tous les inconvénients que nous pouvons rencontrer, actuellement, dans cette période de crise sanitaire : isolement, réduction de nombre de messes, etc.
Un appel aussi à nous engager, par différents moyens, vers ceux de près ou de loin qui sont malades ou affaiblis parce qu'ils souffrent de la faim, du mal ou pas de logement,...
La santé c'est la vie !

Juliette a dit…

Heureusement que des associations ou personnes engagées et envoyées dans des pays plus pauvres, se bougent pour venir en aide à tous ceux qui vivent dans la précarité, qui ne mangent pas à leur faim, qui manquent de soin, et du nécessaire pour vivre.

Elodie a dit…

Merci pour ce partage et l'invitation à réfléchir à la façon dont nous avons peut-être pris l'habitude de célébrer l'eucharistie et de vivre notre Foi.

Comme il est facile d'imaginer la fête que cela doit être dans ces villages de Madagascar où la venue extra-ordinaire et tant attendue d'un prêtre ramène de la magie et de la beauté, de la ferveur aussi,du sacré peut-être aussi, dans le partage et la manifestation des prières et des sacrements.
Je trouve cela bien de souligner le côté Extra-ordinaire de ces messes.
Nous qui sommes plutôt bien lotis, même s'il est vrai que de plus en plus les messes ne sont pas célébrées partout chaque dimanche, j'imagine par manque de prêtres, je trouve qu'il est intéressant de nous interroger un peu sur le côté extra-ordinaire de la foi et de la religion.
Au lieu de voir peut-être ce dont nous avons été privés pendant le confinement, peut-être pourrions-nous nous pencher sur ce qu'il y a de merveilleux et de joyeux dans le fait de pouvoir partager une messe. Au-delà de nos habitudes, au-delà du quotidien, au-delà de notre ordinaire, qu'est-ce que cela nous apporte vraiment de nous retrouver ensemble autour de l'eucharistie, par exemple, et de pouvoir prier "à l'unisson dans l'enceinte de nos églises ?

amie du blog a dit…

16 fois à Madagascar !
Bravo de prendre ce temps, gratuitement, pour se mettre au service des autres, des plus pauvres.