Vous avez déjà remarqué la diversité dans le style ou les sujets des billets présentés sur ce blog. Et si nous donnions un peu de place en ce jour à l'art sacré ? C'est ce que nous propose Gilles Bély, bien connu des habitués de ce blog. Merci à lui !
Revue 303: le renouveau de l'art sacré dans les Pays de la Loire
La très intéressante revue culturelle des Pays de la Loire, "303" (c'est l'addition des numéros minéralogiques de ses cinq départements) vient de publier un magnifique n° consacré à l'art sacré contemporain. Profondément sécularisée, notre société n'est cependant pas étrangère à la spiritualité et à son expression artistique. Le renouveau artistique dans les édifices religieux s'ébauche après la Première guerre mondiale et s'épanouit surtout après la Seconde, avec la reconstruction et le développement de nouveaux quartiers périphériques. Sainte-Bernadette, à La Roche-sur-Yon, en est le témoin.
"Nous sommes, nous artistes catholiques, de ceux qui ne veulent plus que notre mère, l'Eglise, l'Epouse toujours jeune du Christ éternel, s'habille à l'ancienne mode, et de façon ridicule chez les mercantis du pseudo-roman ou du pseudo-gothique" écrit Maurice Denis. En 1922 !
Il s'agit alors de combattre les fadeurs des productions industrielles et l'art saint-sulpicien par des œuvres authentiques. On verra alors, et jusqu'à nos jours, s'élever de nouvelles constructions, le plus souvent marquées par le dépouillement et la mise en valeur de l'autel majeur, de partout visible des fidèles. "Car il est le centre de la religion chrétienne".
L'architecture, la sculpture, le mobilier, le vitrail participent à cette quête spirituelle qui invite "à prier sur de la beauté" (Pie X). Toutes les religions sont sensibles à ce renouveau. On le verra avec le temple protestant et la mosquée turque de Nantes, ou encore la synagogue d'Angers.
Parmi les églises les plus significatives de cette renaissance, il faut citer Sainte-Anne, à Saint-Nazaire, Saint-Bernard-des Sablons, au Mans ou encore Saint-Martin de Donges (Loire-Atlantique), en couverture de la revue.
La revue consacre un dossier passionnant, intitulé "Ad majorem Dei gloriam", au réaménagement du chœur de la cathédrale Notre-Dame de l'Assomption de Luçon, voulu par le Père François Garnier, évêque de notre diocèse de 1991 à 2000 et décédé en 2018. A son arrivée, il avait été frappé "par la pauvreté d'un mobilier liturgique qui n'est pas à la hauteur de sa fonction". Optant pour la sobriété, il confia à l'orfèvre Goudji, considéré comme le grand rénovateur de l'art sacré en Europe, la réalisation de son projet, un parallèle entre les deux tables de la tradition chrétienne, la Table de la Parole et la Table du Corps et du Sang. "Qu'est-ce qui peut bien faire plaisir à Dieu?" sont les premiers mots que l'évêque prononça dans son homélie lors de la consécration du nouvel autel carré de calcaire et d'argent, posé sur le damier noir et blanc du chœur. L'aigle de Patmos, qui figure l'évangéliste Jean, domine l'ambon tandis que la cathèdre prolonge aujourd'hui les nervures d'un pilier gothique.
L'auteur de l'article, Jacques Santrot, conservateur en chef du patrimoine, souligne la confiance mutuelle entre Mgr Garnier et Goudji, "l'espérance d'un prêtre et celle d'un orfèvre - devenus complices - qui mirent leurs talents au service de leur foi et ajoutèrent une pierre nouvelle au patrimoine commun, pour l'éternité."
On trouvera aussi dans la revue le vitrail de "L'Enfant aux larmes de feu", réalisé en 1957 par Carmelo Zagari dans la chapelle des mineurs de Faymoreau. Fils de mineur, l'artiste a mis en scène dans sa série de vitraux des personnages du temps présent qui plongent aussi dans le récit biblique, mêlant donc le sacré et le profane.
Revue 303, n° 163, 96 pages, 15 €.
contact@editions303.com
9 commentaires:
Merci pour ce billet, Olivier, qui suscite la curiosité et l'envie d'aller découvrir cet art sacré dont il est question dans ce partage.
Eveiller la curiosité des uns et des autres et les conduire à l'élan d'explorer des choses ou des domaines que peut-être ils ne connaissent pas (ou peu), c'est les accompagner à ouvrir et pousser des portes que peut-être ils n'auraient pas pensé ou osé franchir.
Eveiller et susciter la curiosité et l'élan d'aller vers l'inconnu ou le méconnu, c'est offrir la possibilité de faire de belles découvertes, de s'enrichir et de ne nourrir.
Elargir ses connaissance et son horizon, c'est aussi toujours quelque chose de bénéfique et de profitable. C'est toujours un cadeau !
Alors merci à toi, Olivier, et à Gilles Bély pour cette invitation que je cueille et reçois aujourd'hui avec beaucoup de plaisir ; et que, bien sûr, je n'hésiterai pas à faire partager autour de moi.
Sincèrement !
Bonsoir Olivier
Merci à toi et Gilles Bély
de prėsenter la revue 303 .
Le Renouveau de l'Art Sacré dans
les Pays de Loire .
Vous êtes formidables .
Je vais tout de suite tout faire pour me la procurer .
Ça m'intéresse beaucoup .
L'art participe à cette quėte spirituelle
qui nous permet de prier sur la beauté (Pie X)
Je suis pressée de lire cette revue .
Olivier là encore la beauté sauvera le monde .
Amitié
Je suis sensible à la beauté des édifices religieux de même qu’à celle des châteaux, de la peinture, de la musique etc. J’arrive à ne pas avoir d’arrière-pensée en présence de trésors anciens.l’Église a été riche. On peut se demander si c'était-ce bien sa vocation, mais elle a pu financer ces chefs d'œuvre que nous admirons…c'était une autre époque !
En revanche, l’Église de notre temps ne roule pas sur l’or ! Est-ce vraiment une priorité d'investir dans les biens matériels ?
Je suis dérangée par les choix de l'évêque de l'époque. À son arrivée il avait été frappé "par la pauvreté d'un mobilier liturgique qui n'est pas à la hauteur de sa fonction" et on peut le comprendre…mais il me semble qu'il est prioritaire de se préoccuper de l'humain avant l'église-bâtiment... "Qu'est-ce qui peut bien faire plaisir à Dieu?" sont les premiers mots que l'évêque prononça dans son homélie… Je ne suis pas convaincue que Dieu se régale à la vue d’un bel autel fut-il de calcaire et d’argent…alors qu’il y a tant de besoins chez les personnes. J'y vois une sorte d'anthropomorphisme appliqué à Dieu. A qui cela faisait-il vraiment plaisir ?
Et dans ce temps où l'on reparle de la synodalité dans l’Église, on pourrait imaginer une consultation des fidèles avant de s'engager dans un projet si ambitieux… les fidèles qui contribuent à alimenter les finances de leur Église.
Je ne voudrais choquer personne par cette réaction personnelle, mais je souhaitais le dire. Dieu mérite ce qu'il y a de plus beau…mais peut-être d'une autre façon. Jésus par son exemple n'a pas valorisé les richesses matérielles… n'est-ce pas à l’Église de nous montrer ce chemin de sobriété ?
Je rebondis sur les propos de Marie-France... Et la sobriété n'est-elle pas souvent le coeur même de la Beauté ? Je pense aux églises romanes les plus anciennes et même aux petites chapelles où seules les pierres et la lumière nous conduisent à la prière.
Je rebondis à mon tour sur les propos de Geneviève et de Marie France que je remercie au passage pour leurs commentaires souvent riches de sens. Merci aussi bien sûr aux autres personnes qui osent enrichir les billet d'Olivier de leur point de vue, de leur partage, de leur expérience.
Bien au-delà de ce qui est petit et sobre, ou grand et élogieux, la Beauté n'est-elle pas Partout et dans Tout ?
Je vois, dans les plus petites chapelles comme dans les plus grandes cathédrales, une simple expression de l'Amour des Hommes (des Chrétiens) pour Dieu... sous différentes formes, sous différentes couleurs, sous différentes architectures, mais au-delà de toutes ces différences, un même Amour unique et partagé les a érigées pour Nous, par Nous, pour Tous et pour Dieu !
Je salue aujourd'hui toutes les personnes, tous les artisans, quels qu'ils soient, tous les "farfelus" aussi, qui participent à rendre notre vie plus Belle en nous offrant toutes ces oeuvres, petite et grandes, qui rendent grâce au Seigneur et qui nous permettent aussi de le sentir "manifesté" dans notre vie terrestre.
Est-ce qu'aussi, ce qui plaît ou plairait "le plus à Dieu", ne pourrait pas se trouver uniquement dans la manifestation (dans TOUTES les manifestations) de notre Amour, de notre Reconnaissance et de notre Gratitude à son égard ?
Dieu à le Coeur grand, généreux et aimant !
IL SAIT pardonner celles et ceux qui pourraient faire des "erreurs", ou qui pourraient se trouver dans la démesure ou les extrêmes.
IL SAIT aussi et surtout, toujours, saluer les efforts des uns et des autres pour cheminer vers lui et au plus près de lui...
IL SAIT Tout... et nous savons si peu de choses !
Oui Elodie, c'est tout à fait le sens de ce que j'ai voulu exprimer...
merci à chacun pour ses commentaires !
Aimer est bien le verbe qui résume les commandements...cela répond aussi au billet d'Olivier de ce jour 11 Novembre!
Bonjour Olivier
J'ai trouvé ce matin la revue 303 Art Sacré
à la librairie de Montaigu .
Je l'ai acheté sans hésiter .
En feuilletant rapidement la revue je pense à l'artiste Pierre Soulages
Et les vitraux de l'abbatiale de Conques en
Rouergue . Mon impression .
*Je retrouve cette même pureté , simplicité *
que ce qui est présenté dans la revue.
Avec le maître verrier Jean Dominique Fleury
Pierre Soulages nous montre son processus
de Création .
Dans son musée de Rodez .
Il explique avec démonstration sa création .
De tous les vitraux de Conques .
Grâce au nouveau verre translucide conçu par l'artiste lui-même , le lieu s'habille d'une nouvelle lumière et les raisons artistiques
enchâssé dans celle -ci rejoignent les raisons
* Sacrés *
Un très grand merci à Gilles, dont le billet est à ce jour le plus lu sur ce blog depuis début-septembre ! Avec un record également en ce qui concerne les commentaires : merci aux neuf personnes qui se sont exprimées !
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