Ce soir, au cours de la messe de ce lundi 2 novembre en l'église St Pierre de Talmont-St Hilaire, l'on citera les prénoms et noms des 88 personnes qui nous ont quittés, sur notre paroisse de 10.500 h, depuis la Toussaint 2019. Un certain nombre de proches seront présents. Déjà, beaucoup sont allés se recueillir dans les cimetières, fleurir les tombes également. Quand on voir une tombe fleurie, cela veut dire que celui qui nous a quittés n'est pas oublié. C'est comme si on lui rendait visite. L'on y retrouve un peu de sa présence...
Tout en se souvenant de ce qu'a exprimé l'écrivain Christian Bobin (1) dans son livre "Ressusciter" : "J'ignore où sont ceux que j'ai aimés et qui sont morts. Je sais seulement qu'ils ne sont pas dans les cimetières, même si le soleil s'incline chaque jour devant leurs tombes pour y faire briller leurs noms. (...) Je me sens devant la tombe de mon père comme devant un mur, au fond d'une impasse. Il ne me reste plus qu'à lancer mon coeur par-dessus, comme font les enfants quand ils jettent un ballon par-dessus un mur d'enceinte, pour le plaisir un peu anxieux, en allant le rechercher, de pénétrer dans une propriété inconnue. J'ignore sur quel gravier rebondit mon coeur quand je le lance par-dessus une tombe plus haute que le ciel, mais je sais que ce geste n'est pas vain : au bout de quelques secondes, il me revient, empli de joie et aussi frais que le coeur d'un moineau nouveau-né.(...) Le coeur des morts est une boîte à musique. A peine commence-t-on à penser à eux qu'il en sort un air léger et déchirant..."
L'Eglise considère avec respect et attention ce qui se vit en ces lieux de mémoire que sont les cimetières. Mais elle propose aussi d'aller au-delà. Excellent article à ce sujet dans le journal "La Croix" du 30 octobre : "Pour l'Eglise, c'est au cours de la messe et de la prière eucharistique, qui comprend une prière pour les défunts, que nous sommes le plus proches d'eux", rappelle le Père Tschann, ancien responsable du service des funérailles du diocèse de Nice. Le lieu du repos des morts est moins fort que la communion vivante dans la prière ; saint Augustin le rappelle dans ses "Confessions", lorsqu'il rapporte les mots de sa mère, sainte Monique, demandant à ses fils, à la veille de mourir : "Enterrez ce corps n'importe où. Ne vous troublez pour lui d'aucun souci. Tous ce que je vous demande, c'est de vous souvenir de moi à l'autel du Seigneur, où que vous soyez." (Livre IX)"
Au cours des eucharisties, un certain nombre de prêtres ont coutume, au moment du mémento des défunts, de faire silence un moment : le temps d'engager un bref dialogue avec le ou les personnes que nous voulons confier au Seigneur. Probablement d'ailleurs qu'alors, de là où ils sont, dans la paix de Dieu, ils éprouvent un grand bonheur à sentir qu'ils ne sont pas oubliés !
Ils sont d'ailleurs probablement plus proches de nous que nous n'osons le croire, à travers ce que l'Eglise appelle "la Communion des saints". Dans "Le Journal d'un curé de campagne" (1938), l'écrivain Georges Bernanos a d'ailleurs expliqué cela de façon éclairante : "Ce que je puis vous affirmer, c'est qu'il n'y a pas un royaume des vivants et un royaume des morts, mais qu'il n'y a que le royaume de Dieu. Vivants ou morts, nous sommes tous dedans !"
(1) Christian Bobin, grand prix catholique de littérature, a aussi obtenu, en 2016, le prix de l'Académie française pour l'ensemble de son oeuvre.
1 commentaires:
Merci Olivier pour ce remarquable bulletin en ce jour des morts !
Je suis d autant plus touchée car je suis entrain de lire le très beau livre de Christian Bobin " le très bas " qui relate le cheminement extraordinaire de St François d Assise.
Et concernant le titre " les morts ne sont pas dans les cimetières " cela me parle bien même si nous avons parfois besoin d un lieu pour leur faire mémoire et nous recueillir....C est surtout dans nos coeurs qu' ils continuent de vivre à travers nous !
Alors merci Olivier pour ces belles lignes !
Corine
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