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...Alors, en réponse à vos attentes, Olivier Gaignet vous propose de vous exprimer librement.
Ici, tout pourra être dit dans les limites de la courtoisie et du respect mutuel.

Merci d'avance de votre participation.


Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



mardi 24 novembre 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2511 : La mise au pas des Pieds-Nickelés !

En septembre, suite à la republication des caricatures du Prophète, alors que s'ouvrait le procès des attentats de janvier 2015, l'on n'a pas entendu beaucoup de réactions remettant en cause une telle initiative !  Au point qu'un temps, l'on a pu croire que la France entière était "Charlie". Malheur en tout cas à celui qui osait dire que ces dessins plutôt navrants n'étaient pas le nec plus ultra de la liberté d'expression...

Pour ma part, trois jours de suite, j'avais publié des billets où je faisais part de mon effarement devant une telle republication. Vous pouvez aller relire mes billets des 2, 3 et 4 septembre, celui du mercredi 2 étant intitulé : "Charlie Hebdo, ou le naufrage de la Fraternité."  Mais je me sentais bien seul à réagir ainsi. Le 21 septembre, un ami prêtre m'a demandé, un peu inquiet : "Tu n'as pas eu des "réactions" (d'opposition ou de colère) suite à tes billets ?" C'était risqué en effet !  Je vous laisse deviner ce qui s'est passé !  En tout cas, je redoutais surtout les conséquences, directes ou indirectes, d'une telle republication. J'aurais préféré me tromper, mais ça n'a pas traîné : s'en est suivi l'horrible assassinat de S. Paty !  Puis, ceux de Nice, terrifiants et totalement immérités. Mais toujours, plus que jamais, ces caricatures semblaient ce qu'il y avait de mieux pour témoigner de la liberté d'expression, dans les écoles et dans tout notre pays. Vraiment navrant !

Cependant, peu à peu, quelques voix ont osé s'élever :

Monique Hébrard  (journaliste et écrivaine, prix de littérature religieuse pour son livre "Les femmes dans l'Eglise") : "La liberté d'expression, tout le monde est pour.  Mais au regard du nombre de victimes qu'ont fait et que continuent de faire les caricatures de Mohammed, je me demande si la sacro-sainte liberté d'expression ne doit pas être limitée par ce que l'on sait de l'incapacité d'un autre à la supporter. Il y a là du respect et de la prudence.  Mon questionnement (le 26 octobre) n'est pas dans l'air du temps, mais je le formule quand même car il m'habite."

Jean-François Bouthors (écrivain et éditeur) : "Rien ne justifie que l'on tue pour une caricature, mais il ne suffit pas de brandir les caricatures comme un totem pour défendre la liberté d'expression.  Ce serait croire que l'on peut faire l'économie d'une initiation aux différentes étapes et facettes de la liberté d'expression."  (22 octobre)

Dominique Moïsi  (expert en politique internationale) :  "L'assassinat de S. Paty repose la question de l'islam. Pourquoi la violence ?  (...)  Distribuer généreusement les caricatures de "Charlie Hebdo" n'est peut-être pas la meilleure des réponses."  (23 octobre)

P. Jean-Marie Petitclerc (Salésien, éducateur) :  "Si la liberté est un droit, la fraternité est un devoir.  La liberté d'expression doit être associée avec le devoir de fraternité, qui impose le respect de chacun dans ses convictions, qu'il soit croyant ou incroyant.  Il faut apprendre à conjuguer liberté d'expression et devoir de fraternité."

Bernard Valetes  (édito du 13 novembre dans "L'Echo de l'Ouest")  :  "Vive la caricature, certes ; mais faut-il ériger en étendards de la liberté les provocations les plus grossières, voire vulgaires, dont seulement une minorité se gausse ? "Charlie Hebdo" était -il la voix de la France ?  La liberté de penser, c'est autrement plus sérieux.  Peut-être faudrait-il s'interroger sur l'arrogance française et cesser d'agiter un chiffon rouge devant les deux-tiers de la planète qui, pensent nos élites, n'ont pas encore (les pauvres) reçu les lumières que notre pays s'arroge le droit de leur dispenser..."

Mgr Sébastien Shaw (président des évêques du Pakistan, pays où, comme dans d'autres nations, les chrétiens ont eu à subir les conséquences des caricatures venues de France) : "Nous condamnons fermement ces gestes sacrilèges ; une société libérale ne signifie pas qu'il faille blesser les sentiments des communautés."

Cependant, aucune de ces voix n'a eu autant d'impact chez nous que celle d'Edgar Morin, dont l'analyse, publiée samedi sur deux grandes pages dans le journal "Le Monde", qui fait référence auprès de la soit-disant "intelligentsia" française, cette intervention est sans appel ; celui qui l'a interviewé, Nicolas Truong, précisant que "Edgar Morin est plébiscité dans le monde entier."  Et hier matin, à 7h40, à une heure de grande écoute, il a de nouveau été interviewé, sur Europe 1  :  "Il faut résister dans son esprit contre tout ce qui peut nous démoraliser, mais toujours dans la fraternité. Autour de ces caricatures, il s'est créé un climat de psychose collective. Les caricatures ont été sacralisées. On a cru, y compris au niveau le plus élevé de notre pays, que ces caricatures étaient l'expression la plus haute de la liberté française.  Alors que, si je fais un acte sans mesurer les conséquences, je fais un mauvais usage de ma liberté. Je suis très heureux de pouvoir continuer à faire comprendre les choses que je crois avoir comprises."

Je suppose que mis en face d'un tel jugement, médiatique, incontestable et sans appel, dans leurs bureaux hyper protégés grâce à l'argent de nos impôts, les Pieds Nickelés vont avoir envie de venger leur soit-disant virginité offensée !  Mais ils auront à se faire du souci car  -  à leur tour d'être caricaturés  -  selon l'expression ironique populaire, "la bave du crapaud n'atteint pas la blancheur de la colombe."

 

 

 


2 commentaires:


Pascal G. a dit…

Merci d'avoir mis en exergue la position, finalement courageuse, d'Edgar Morin ! Philippe Geluck qui, lui-aussi, s'est demandé si la provocation n'avait pas de limites quand elle atteignait le cœur d'êtres qui vivent leur foi sans porter atteinte à autrui, a subi les foudres de Charlie. La liberté à sens unique a des relents de dictature...
Pascal G.

Marie-France Dauce a dit…

Dans un premier temps, dans l'émotion et devant l'horreur de ces attentats la réaction était naturelle, comment justifier de tels meurtres ? Mais avec un peu de recul, heureusement des voix se sont élevées pour nuancer les propos. Celle d'Edgar Morin exprime sa pensée avec tant de justesse ! Merci Olivier !