Je vous transmets ce beau message, qui m'est communiqué par Gilles Bély :
Bonjour Olivier,
Il avait enregistré ce texte qui a été diffusé lors de ses obsèques, en l'église de Beauvoir-sur-Mer, en 2016. Nous avons entendu sa voix... Elle peut encore trouver un écho aujourd'hui, à l'approche de la Toussaint et dans le souvenir de ceux qui, "le moment venu ", sont allés sans crainte vers la Maison du Père.
Amitiés.
Gilles
Le jour où moi aussi j'aurai fini mon temps
Et où ta voix, d'en haut, me dira: "Maintenant!"
Fais, Seigneur, que ce soit un jour où la Vendée
Est au matin de juin, de soleil inondée.
Je prendrai mon bâton pour faire le voyage
Et je me lèverai. Sur le bord du rivage,
Debout et face au flot qui découvre le Gois
Je humerai la mer une dernière fois.
Et puis, à travers prés, en sautant les rigoles,
En longeant les fossés, en glissant dans la yole,
Le nez dans le soleil et le dos dans le vent,
Je vivrai là mon dernier matin de vivant.
Foulant la terre rude et les herbes sauvages,
Saluant de la main mes amis au passage,
Marchant toujours vers toi et sans même un arrêt,
Je dirai doucement adieu à mon marais.
Le soleil sera haut quand, de mon pas tranquille,
Je rejoindrai la Vie aux abords de Saint-Gilles,
Flânant près des bateaux, scrutant à marée basse
Les grands oiseaux de mer posés sur les pinasses.
Alors je trouverai la petite rivière
Qui me ramènera au moulin de mon père.
Un adieu aux parents, aux anciens de mon âge
Et je m'enfoncerai à travers le bocage.
Dans les champs, de soleil et de chaleur comblés,
Je prendrai dans mes mains l'épi gorgé de blé,
Je sentirai mes pieds fouler l'herbe bien grasse,
"L'année s'annonce bonne" et je te rendrai grâce.
Au bout des chemins creux, d'humbles croix de granit
Me donneront déjà une odeur d'infini.
Près des logis cachés sous un front de verdure,
Dans les fermes enfouies, partout dans la nature,
Mon pas résonnera sur un sol de tombeau
Et j'entendrai le bruit d'une armée en sabots.
Alors je partirai pour ma dernière étape
Et lorsque les derniers rayons de soleil frappent,
Lorsque l'ombre s'étire et la chaleur descend,
Dans le bleu mordoré du ciel resplendissant,
Je gravirai enfin les pentes des Alouettes.
Il me viendra alors plein de noms dans la tête,
Charette, Clemenceau, Jean Yole, Milcendeau,
Roussière et Astoul, Simon et Véronneau,
Visages disparus, voix qui se sont éteintes
Mais qui tous dans mon cœur ont laissé une empreinte.
En arrivant en haut, derrière la colline,
Ce sera l'heure où le Puy du Fou s'illumine.
Tout ce que j'ai aimé, en ce jour de départ,
Je l'embrasserai tout dans un dernier regard,
Debout sur cette terre mille fois fécondée,
Une dernière fois, je verrai ma Vendée.
Pour ce jour de bonheur, je te crierai "Merci"
Et puis, me retournant, je dirai "Me voici!"
Claude Mercier
2 commentaires:
Quel beau poème tu nous offres en partage aujourd'hui encore, Olivier !
Pour qui connaît la Vendée ou pour qui vit, comme ce texte est parlant et traduit bien la beauté de nos paysages et la chance de pouvoir parcourir leurs forêts, leurs bocages et leurs rivages...
La présence de Dieu est si forte aussi dans ces "grands espaces de Nature" que nous avons la chance d'avoir "à disposition" et où tant de formes de Vie cohabitent en parfaite harmonie et joyeusement.
Même si aujourd'hui il nous est demandé de porter le masque pour sortir se promener durant les vacances, cela ne nous empêchera pas de sentir le vent, l'embrun, les odeurs des marées, du marais et des forêts aussi qui, avec la nouvelle saison déjà commencée, fleurent bons la fraîcheur de l'automne, des châtaignes et des champignons. Cela ne nous empêchera pas d'entendre le chant des Mouettes, des Goélands, des oisillons pépiant, ou bien encore d'observer l'océan, les feuilles dansantes et virevoltantes, poussées, accompagnées et portées par le Vent, et de contempler le vol des oiseaux de nos marais, le vol des oiseaux de passage et la beauté de tous les autres vivants de nos jolis paysages.
Ce partage est le bienvenu aujourd'hui, Olivier, pour nous rappeler une valeur importante de l'existence qui est aussi le plaisir pur et simple d'Exister ; et de pouvoir jouir de toutes les richesses qui nous entourent déjà et qui ne sont là que pour servir notre Joie et notre Bonheur.
Un grand merci pour ce partage et un grand merci à tous les poètes et artistes de ce monde pour participer à nous maintenir en éveil de toutes ces merveilles que Dieu fait et place partout autour de nous, en nous et pour nous !
Alors masque obligatoire ou pas, salles de spectacles, expositions, musées et salles de cinéma ouvertes ou pas, nous avons déjà à portée de mains, des yeux, du Coeur aussi, tellement de belles choses à voir et à recevoir. Et surtout nous avons là, toujours et partout, en nous et autour de nous, le plus beau des spectacles qui existe : celui de la Vie, celui de Vivre et d'être Vivant, celui de pouvoir faire partie de Tout ce Vivant qui nous entoure et qui nous nourrit tant !
Alors profitons-en ! Profitons-en puisque Tout est déjà là et que Nous sommes là aussi !
Gratitude au Seigneur pour cette abondance de Vie !
Et Gratitude à toutes celles et ceux qui cueillent, content et accueillent SES présents pour que nous puissions vivre allègrement !
Gratitude à toi aussi, Olivier, ainsi qu'à Gilles Bely, pour vos partages généreux !
Une très belle journée "d'automne vendéen" à toutes et tous, où que vous soyez !
Que ce poème de Claude Mercier est beau .
Sa composition raisonne en moi
c'est agréable .
Le nom d'Astoul le peintre est prononcé !
C'est un lien délicat * un ruban de soie *
avec la famille de ma maman .
La Toussaint cette année sera ce lien
très précieux que je viens de découvrir
Je n'ai pas assez de mots pour vous dire
* Mille Mercis *
Vous êtes géniaux.
Longue vie à vous tous
Sans vous je ne suis rien .
Amitié
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