Aujourd'hui est célébrée la 106ème Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié. Le pape François a choisi comme titre de son traditionnel message : "Contraints de fuir comme Jésus-Christ : accueillir, protéger, promouvoir et intégrer les déplacés."
Comme le titre le met en évidence, la réflexion part de l'expérience de Jésus Enfant et de ses parents, à la fois déplacés et réfugiés. Cette expérience formant la base de ce qui nous est demandé par rapport à un accueil fraternel vis-à-vis des personnes déplacées.
Cela sera-t-il évoqué dans nos églises en ce dimanche ? J'ose l'espérer ; l'enjeu est si grand ! Chers lecteurs, je ne sais pas comment vous vous situez face à cette difficile question. Personnellement, à peu près chaque matin, je ne peux m'empêcher de penser à ces hommes, ces femmes, ces enfants contraints de fuir leur pays pour toutes sortes de raisons ; et peut-être en ce moment en train de se noyer dans la Méditerranée... Difficile de se sentir à l'aise ! Que faisons-nous pour les soutenir ? Les considérons-nous comme des frères et soeurs en attente d'être reconnus, accueillis ? Je ne peux m'empêcher de penser qu'au dernier jour, lorsque nous paraîtrons devant le Père, il nous interrogera sur la façon dont nous nous sommes situés vis-à-vis d'eux. "C'était moi, l'Etranger, nous dira Jésus ; m'avez-vous accueilli ?"
Loin de moi de vouloir jouer au "Père la morale" ; mais la question demeure. La question est explosive en France. Dans le diocèse de Gap, des chrétiens font la grève des quêtes pour protester contre l'action de l'évêque, Xavier Malle, en faveur d'un accueil digne des migrants. Pourtant, comme l'écrit le pape François : "Sur leurs visages, nous sommes appelés à reconnaître le visage du Christ affamé, assoiffé, nu, malade, étranger et prisonnier, qui nous interpelle."
Je vous renvoie à l'excellent article de "La Vie" du 24 septembre, qui publie les résultats d'une enquête de l'Eglise de France selon laquelle, "45% des catholiques pratiquants souscrivent au message du pape François, tandis que 33% sont plutôt hostiles et 22% mal à l'aise, tiraillés entre le discours de l'Eglise et la méfiance envers l'islam."
Il y a quelques mois, dans une église de Talmont, alors que j'abordais, en termes prudents et modérés d'ailleurs, la question des migrants au cours d'une homélie, un jeune a crié à toute force de sa place : "Pas de politique !" J'ai souligné alors que j'étais tout simplement en train de lire un appel du pape François par rapport à l'accueil des migrants... Le pape devrait-il taire l'Evangile, et les prêtres aussi ?
L'éditorial de Jean-François Bouthors, dans le n° de "Ouest-France" de jeudi dernier 24 septembre, était très interpellant également, très évangélique. Comment se fait-il par exemple, écrit-il, que suite au drame de Lesbos, après l'incendie du camp de Moria, "Angela Merkel a annoncé que l'Allemagne recevrait sur son sol 1 500 réfugiés, la France se contentant de 100 ou 150 enfants ? (...) L'Europe ressemble à ces familles où l'on se regarde en chien de faïence : chacun compte ses sous. (...) La fraternité part en lambeau. (...) Mme Merkel montre la voie, on aimerait qu'Emmanuel Macron - et d'autres - ne se contentent pas de la regarder en souriant... Sinon, les partisans du statu quo l'emporteront, et ce sera désastreux, pour l'avenir."
Continuons à lutter pour une liberté d'expression absolument totale, dans le respect de l'autre ; mais n'oublions pas l'énorme chantier de la FRATERNITE !
5 commentaires:
La plupart d'entre nous, avons le bonheur d'avoir un toit et la liberté de choisir l'endroit où nous voulons demeurer ; ce n'est pas le cas de tous les citoyens français : ceux qui se font expulser, ceux qui vivent dans la rue et contraints de fuir comme Jésus. Le rappel par le Pape de consacrer une journée par an et d'agir spécialement pour ces personnes en difficulté nous met face à Jésus lorsqu'il nous accueillera au dernier jour de notre vie terrestre.
Peut-être, il nous demandera, si nous avons été prêts à défendre le migrant et l'enfant à naître.
Défendre la vie, se situer humblement devant Dieu, c'est se reconnaître pêcheur.
Il faut entrer en confiance dans cet inconnu différent de nous; il faut vaincre la peur car non seulement, il faut accueillir mais il faut aussi préparer l'intégration des mineurs qui restent en France.
Faisons confiance à l'Esprit Saint afin d'avoir toujours des paroles et des gestes fraternels. Etre libre de défendre sa pensée, ne pas être mal à l'aise. La question se pose à chacun : Qu'est-ce que je fais?
me voilà embarrassée, car en fait je n'ose pas faire grand chose car il y a des si... qui me barrent la route.
A revoir et à examiner et je reprends la citation d'Antoine St Exupéry :"Si tu diffères de mon frère, loin de me léser, tu m'enrichis"
Merci Père Olivier de rappeler cette citation dans vos écrits.
Marie
Bonjour,
Merci, bien sûr, pour tous les points de vue de ces derniers jours... à chaque fois, je me dis : il faut écrire...mais quoi ?
Et ce matin, même chose...vos mots ne peuvent que résonner très fort... Mais vient ensuite la question : concrètement, comment puis-je agir pour faire évoluer les choses, même un tout petit peu ?
Ce matin, au moins, j'ai voulu relire l'éditorial d'Ouest France. Difficile de trouver le texte dans le journal de samedi ! C'est l'éditorial du jeudi 24 septembre !
Et c'est pour cela que ce matin j'ai pris la plume ! Mais ma question demeure : "Que faire ?"
Bonne journée à tous
Geneviève d'Olonne
Avec toutes mes excuses, Geneviève, ainsi qu'à tous les amis de ce blog, et merci d'avoir signalé qu'il s'agissait de l'édito du jeudi 24 en effet, et non du 26 septembre !
Merci pour ce billet et en même temps que faire ? comme le souligne Geneviève.
Hier, je me suis plongée dans le journal "la Vie " en particulier dans la lecture des articles intitulés "Avons-nous répondu à l'appel ? Difficile de répondre quand on ne fait pas grand chose !
Pourtant, je pense que le pape François a suscité, ici ou là, des élans de générosité, marqué les esprits, éveillé les consciences de bénévoles.
Témoin, l'opération Couloirs humanitaires mis en place par la communauté Sant'Egidio et qui a accueilli 120 familles syriennes et irakiennes ; ou encore, cette famille qui a osé ouvrir la porte de sa maison : " Peut-être la conscience d'avoir à partager pour une belle cause une trop grande maison" dit-elle ; et cette enseignante à la retraite qui donne des cours aux étrangers même le weekend. : " J'ai essayé de me demander ce dont j'aurais besoin si j'étais moi-même réfugiée en Irak."
Sans doute, que tout près de chez nous de tels gestes de fraternité existent. A chacun, d'y être attentif !
" Notre mission est d'offrir une rencontre humaine à ces personnes et faire vivre la fraternité en société." (de la conférence des Evêques de France)
Oui, c'est un beau souci de savoir ce que l'on peut faire :
- continuer à s'informer
- prier pour les responsables, politiques et autres, et pour les migrants
- repérer les migrants qui vivent près de nous
- voir si on peut aider (logement, alphabétisation, démarches diverses...)
- rejoindre les actions de la pastorale des migrants, du secours catholique, du ccfd ou autres
- soutenir financièrement les opérations de sauvetage en Méditerranée, avec les navires comme Sea-Watch 3, SOS Méditerranée (voir sur internet)
- faire remonter à nos députés LERM notre souhait de voir le gouvernement mieux se soucier des migrants
- etc...
A chacun de faire le geste qu'il lui est possible d'assurer !
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