Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2394 : "Enlevez votre genou de notre cou !"

Pendant ces longues semaines de confinement, nous avons rêvé du "monde d'après". Un monde assez bien décrit dans la 2° lecture de cette fête de la Trinité, quand St Paul nous dit : "Frères, soyez dans la joie, soyez d'accord entre vous, vivez en paix..."

Que c'était beau !  Un monde de paix et de fraternité... Et puis, patatras, en guise de monde nouveau, voici que l'ancien monde nous revient en pleine figure.  Le virus de la covid-19 n'est encore pas vaincu qu'un autre virus, beaucoup plus grave, est en train de nous prendre à la gorge et nous empêche de respirer !

Ces jours derniers, nous avons vu un homme mourir sous nos yeux épouvantés.  Le monde entier l'a vu !  Qui d'entre nous n'a pas eu envie de pleurer, devant son poste de télé, en voyant cet homme noir, George, le cou écrasé sous un genou meurtrier, en train d'étouffer, d'asphyxier.

On entend dire parfois que le diable n'existe pas !  Quelle erreur !  N'était-ce pas une action diabolique qui s'est alors déroulée, "tranquillement", pendant pas moins de 8 minutes et 46 secondes ?

Puis, vision incroyable de ce président américain brandissant une Bible vers le ciel, devant une église. Voilà ce que c'est que de vivre "dans la religion", d'avoir une certaine "pratique religieuse", tout en tournant le dos à l'Evangile !

Or, quel est le message que nous communique Jésus à travers le texte évangélique de la fête de la Trinité ?  "Dieu a envoyé son Fils dans le monde pour que, par lui, le monde soit sauvé."

Voilà, en résumé, la tâche fondamentale qui nous est confiée : empêcher qu'un genou malfaisant écrase la vie de nos frères.

Lors de l'hommage funèbre qui a eu lieu jeudi, dans un parc de Brooklyn, devant des milliers de personnes, le pasteur baptiste Al Sharpton a lancé cette imploration : "Enlevez votre genou de notre cou."

Question : et si ce message n'était pas envoyé seulement aux racistes parmi les policiers ou au président Trump, mais aussi à moi, et à chacun d'entre nous ?  N'arrive-t-il pas que, dans mes relations, mes façons de faire, j'appuie mon genou sur le cou de quelqu'un ?  Sur telle personne que je critique et démolis, sur tel autre, isolé, malade, auquel j'ai négligé de téléphoner durant le confinement, l'empêchant, en un certain sens, de respirer.

Est-ce que nous n'appuyons pas notre genou sur le cou de personnes en difficulté sociale, que nous fuyions, ou sur les migrants, avec lesquels nous refusons de partager le gâteau français ?.Etc...

Le mystère de Dieu Trinité, c'est un peu complexe !  Mais St Augustin, qui était pourtant un grand théologien, résumait les choses ainsi : "Tu vois la Trinité quand tu vois la charité."

Autrement dit : quand tu vois une action fraternelle, c'est l'activité conjointe, en telle personne qui se bouge, du Père, source de l'Amour, du Fils venu sauver le monde, et de l'Esprit qui nous permet de vivre selon l'Evangile.