Suite à l'appel que j'avais lancé, dans le but de déconfiner un peu ce blog, afin qu'il ne soit pas centré seulement sur ma personne, je reçois de temps en temps des contributions extérieures, que je me fais une joie de vous transmettre. Ce blog se veut en effet un lieu de parole partagée.
Aujourd'hui, c'est une militante du CMR (Chrétiens dans le Monde Rural), d'un département de l'Ouest de la France, très engagée dans sa paroisse comme dans des actions de solidarité, qui nous fait part de son ressenti à propos de cette période de jeûne eucharistique que nous venons de traverser. Puisse son témoignage nourrir notre réflexion !
J’ai lu avec intérêt les articles de la newsletter du CMR, relatifs
au jeûne eucharistique.
Ils donnent à réfléchir et j’ai personnellement beaucoup à
prendre.
Mais je souhaitais régir car certaines prises de position,
certaines expressions employées m’ont un peu heurtée.
Je partage ce qui est dit des bienfaits du jeûne : « pratique saine
et sainte », ce qui est dit du fait de pouvoir retrouver une certaine
intériorité.
Je partage aussi cet appel à profiter de l’expérience de ce
temps si particulier pour apprendre à se dépouiller nous-mêmes de ce qui nous
encombre, à dépouiller nos rites religieux également (vêtements liturgiques
compris !).
Mais j’ai eu du mal à entendre parler « d’ersatz » de célébration, de
curés « ignorant la vie réelle de ceux qui les écoutent »,
« d’idolâtrie, d’enfermement de Dieu dans des rites….. »
Je veux bien entendre que ce sont des dérives possibles.
Mais personnellement, je n’ai pas eu le même ressenti.
J’ai apprécié de
pouvoir, non pas « regarder » la messe à la télévision, mais y
participer réellement. J’ai prié, j’ai chanté, j’ai reçu la Parole et pu la
méditer.
Je ne me suis pas sentie dans un cadre restreint, centré sur
une communauté, mais au contraire élargi à l’Eglise universelle, porteuse des
intentions du monde entier, unie aux malades, aux soignants à tous les acteurs
en première ligne dans cette crise, soucieuse des plus pauvres et des plus
isolés.
Je n’aurais pas pu prier seule durant tout ce temps. J’ai eu
besoin de ces moments de communion. Communion avec tous ceux que je viens de
citer. Communion partagée plus localement, avec des voisins, des personnes
contactées par téléphone, des proches, auxquels il était possible de dire
: « on sera en communion durant la messe de 11h ».
J’ai eu besoin d’entendre la Parole de Dieu et de participer
au sacrifice eucharistique même, s’il est tout-à-fait vrai que des manques
évidents sont apparus : la dimension de « peuple rassemblé » ,
le fait de ne pouvoir communier au Corps du Christ (c’est là que nous
mesurerons les bienfaits du jeûne, lorsque nous pourrons enfin communier
ensemble).
J’ai eu besoin de ces temps pour me ressourcer et puiser à
cette source pour maintenir le lien avec toute ma famille, soutenir chacun dans
ce qu’il avait à vivre, pour puiser la force de poursuivre d’une autre manière
les missions qui m’ont été confiées en Eglise :
- -
écoute et réconfort des personnes endeuillées
pour lesquelles il a été si difficile de vivre ces sépultures, sans rites cette
fois, et sans pouvoir être entourées, sans même avoir pu accompagner leurs
proches dans les derniers instants.
- solidarité avec les personnes encore plus
isolées, les malades physiques et psychologiques, particulièrement perturbés en
cette période.
- - rôle de veilleur dans le cadre du Pôle
Solidarité face aux situations difficiles engendrées ou accentuées par cette
crise.
Il est si facile de donner un
coup de fil, d’envoyer un message, d’écouter, de rassurer….surtout quand on a
tout son temps !. Tant d’autres l’ont fait durant cette période et ceux-là
aussi je les ai portés dans la prière.
Pour moi, sans la prière et le retour à la source, comment
tenir ? Comment garder la confiance, la motivation sur une longue
durée ? Comment résister au repli sur soi, à la désespérance
parfois ?
Alors, ce que les écrans, ou les radios, ont pu proposer pour
nour
rir ma foi (au niveau national ou local) m’ont
permis de vivre ce temps plus « en paix » et plus « en
lien ».
J’ajouterai seulement que les prêtres, comme tous, se sont trouvés
face à une situation inédite et ont fait ce qu’ils ont jugé bon pour maintenir
le lien, nourrir ce temps de confinement et appeler à la fraternité. Merci à
eux.
1 commentaires:
Merci pour ce partage Olivier !
C'est un beau témoignage qui nous rappelle que l'important, quelles que soient les circonstances, quelle que soit la forme dont nous vivons notre Foi et notre Communion avec le Christ ou avec Dieu, l'important est de demeurer le Cœur bien ouvert à l'autre et à soi de façon à être le plus en paix possible et le plus proche de Dieu, en demeurant en lien aussi avec nos frères et soeurs de l'Humanité.
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