Lu dans "La Croix" du 30 avril : "L'annonce que les célébrations ne reprendraient pas avant le 2 juin a beaucoup déçu les catholiques. Les évêques avaient pourtant proposé un plan de "déconfinement cultuel" détaillé ; ils ont manifesté leur tristesse et leur incompréhension. Pour autant, ont-ils fait savoir par la voix de leur porte-parole, le P. Thierry Magnin, "nous sommes dans une posture de dialogue, en ayant bien compris la prudence qui préside à ces décisions."
Question : et si, au lieu de subir cette interdiction comme un genre de méconnaissance ou de punition, l'Eglise de France, mais aussi, chaque paroisse, chaque famille ou communauté chrétienne, chaque baptisé envisageaient ce report comme un appel à la réflexion ? Un temps supplémentaire offert pour revisiter notre vision de la messe, notre façon d'y participer et de vivre en chrétien ? Par exemple :
- comment avons-nous vécu cette période de jeûne sans messe ? Tristesse, regret, inventivité, nouvelle façon plus autonome de prier, frustration ...
- ce samedi matin, en ouverture de sa messe, le pape nous a invités à prier pour les chefs d'Etat. "Réinventons-nous", a dit le Président Macron le 13 avril : quelles initiatives avons-nous prises, seul, en famille ou autre, pour prendre en main, nous-mêmes, en acteurs et plus seulement en spectateurs, d'une autre façon, notre vie de prière ? Comme le disait si justement Emmanuel Mounier, cité dans "Ouest-France" le 25 avril : "Il faut d'abord que chacun apprenne à se tenir debout tout seul. La personne, c'est la capacité de faire silence, de se recueillir, d'alterner la vie intérieure et la vie exposée..."
- que pensons-nous de cette réflexion de l'évêque de Pamiers, Mgr Eychenne : "Dieu est suffisamment puissant pour inventer d'autres moyens pour nous rejoindre dans des circonstances aussi exceptionnelles que le confinement ; mais ne pas insister pour retrouver la messe ne veut pas dire qu'on n'en a pas forcément compris la signification profonde !"
- chacun a l'air de dire qu'après cette épreuve, tout va changer. Voulons-nous retrouver "nos messes" comme avant ? Ou quelque chose va-t-il bouger, en nous, dans notre paroisse, au sein du peuple chrétien, dans l'Eglise ? Et quoi ? Ou sinon, est-ce qu'après, tout sera comme avant, en pire ?
- on entend dire que le gouvernement ne s'est pas donné la peine de tenir compte du besoin des catholiques de se retrouver autour de l'eucharistie ; mais est-ce que c'est de la faute du gouvernement et d'Edouard Philippe si, depuis des années, nos églises se vident ? Est-ce cela que nous voulons retrouver à tout prix ?
- qu'est-ce qui pourrait nous faire dire que Jésus est à l'aise dans nos célébrations ? dont sont absents les jeunes générations, les marginaux, les enfants, etc, etc... Continuons comme avant, et l'on devine déjà le résultat ! C'est cela que nous souhaitons ?
- comment réagissons-nous devant cette interpellation de Mgr Benoist de Sinety : "Alors que les chrétiens se préparent à reprendre le chemin de la messe en juin, ils doivent comprendre que cela ne peut pas se faire sans se mettre en tenue de service pour leurs frères. Il faut se souvenir que le jour de l'institution de l'Eucharistie, le Jeudi saint, est aussi celui du lavement des pieds."
- en guise de conclusion, par ce coup de semonce que représente le report de la reprise des messes, est-ce que Jésus en personne n'a pas voulu nous obliger à prendre un temps supplémentaire pour mener, plus à fond, une réflexion plus sérieuse quant à notre conception de la messe, de l'Eglise, et du rôle des chrétiens au service du monde ?
Un petit mois suffira-t-il ? A ce propos, que pensez-vous de cette réflexion de l'écrivaine Diane Ducret, en dernière page du "Ouest-France" de ce samedi : "J'aimerais beaucoup que cette crise provoque une prise de conscience salutaire, mais nous ne sommes pas en camp de vacances ou en retraite spirituelle. Nous ne vivons pas un moment d'apaisement et de réflexion, mais de peur et d'anxiété. Ce n'est pas propice aux agissements durables. La prise de conscience n'est possible que quand elle s'installe dans la durée. Cette crise est extrême, et je redoute qu'elle entraîne un mouvement de balancier dans l'autre sens."
Conclusion du pape dans son homélie de ce jour : "Nous devons apprendre à gérer les temps de crise dans l'Eglise." Et il nous a laissé cet appel d'un Père de l'Eglise : "Apprendre à passer près du feu pour devenir plus forts !"
samedi 2 mai 2020
Le Blog de l'Arche de Noé 85 n° 2357 : Pas de "relance des messes" avant le 2 juin : QUESTIONS ?"
Publié par
Olivier Gaignet
à
09:19
Cliquer ici pour lire l'article et les commentaires
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
2 commentaires:
Le jeûne de la messe ne m'a pas vraiment frustrée mais m'a plutôt incitée à vivre la messe autrement ; une messe dans la vie où l'actualité du monde est devenue plus présente, où la vie des gens devient source d'une profonde de prière.
Je crois au Christ toujours PRESENT dans le cœur de chacun de nous.
AMEN
un lecteur du blog
Enregistrer un commentaire