Voici ce qu'a donné comme intention le pape, au début de sa messe, ce matin du 1° mai : "C'est la journée des travailleurs. Prions pour tous les travailleurs,pour que personne ne manque de travail, et pour que tous soient justement rétribués ; pour qu'ils puissent jouir de la dignité du travail et de la joie du repos !"
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En ce 1° mai, peut-on dire que les travailleurs sont à la fête ? Pour ne prendre que le cas des infirmiers-ères, en première ligne en ce moment, prime et applaudissements ne suffiront pas ! N'oublions pas que, concernant les salaires d'infirmiers, la France se classe en Europe au 27° rang sur 28. Et nous les avons entendus dans les médias nous dire : "avant cette crise, quand on manifestait pour se faire entendre, on recevait des gaz lacrymogènes ; aujourd'hui, le Président nous dit que nous sommes des héros !" Les applaudissements, c'est bien ; mais un jour, il faudra bien reconnaître leur travail à sa juste valeur !
Et voici qu'avec ce qui se passe en ce moment, se révèle une vraie fracture sociale, ainsi que le souligne dans le journal "La Croix" d'hier jeudi le président de la CFTC, Cyril Chabanier : "La situation de ces travailleurs qui n'arrivent pas à boucler leur fin de mois en travaillant huit heures par jour ne peut pas durer. Actuellement, les classifications des métiers ne reconnaissent pas suffisamment certaines compétences. Même les métiers dits "non qualifiés" demandent des savoir-faire et des des savoir-être. Prenez les hommes et les femmes de ménage : désinfecter des locaux dans une durée imposée nécessite une aptitude incontestable. Pour les hôtes de caisse, la relation avec le client est un savoir être qui n'est pas pris en compte dans la rémunération. Arrêtons de nous concentrer uniquement sur les diplômes ou les compétences très techniques. D'autant plus que, moins votre métier est qualifié, moins l'ascenseur social fonctionne pour vous."
Dans ce même numéro du journal "La Croix" - pardonnez-moi ce détail personnel - mais j'ai eu la joie de voir deux pages consacrées à la façon dont Jamy Gourmaud analyse la crise actuelle. Il est sans doute superflu que je vous précise que Jamy a animé le magazine jeunesse "C'est pas sorcier" sur France 3 pendant plus de 20 ans, de 1993 à 2014. Or, j'ai eu le plaisir, étant curé de Montaigu, en Vendée, de préparer Jamy et sa fiancée Manuela au mariage, ce qui fut très sympathique, et de présider la cérémonie, le 20 septembre 1996, ce dont je me souviens fort bien. Pour la forme, il est né à Fontenay-le-Comte, comme moi... Mais ce n'est pas une référence !
Cependant, là n'est pas la question ! Voici à quelle réflexion nous invite Jamy Gourmaud, avec son incomparable talent de pédagogue : "Nous devons trouver les moyens de mieux vivre ensemble, faire l'effort de prendre conscience du rôle de chacun dans notre société. Nous avons célébré, le 7 avril, la Journée mondiale du travail invisible. Le confinement, justement, a rendu très visibles des métiers essentiels auxquels nous ne prêtions aucune attention. Nous avons parfois l'impression que les produits que nous consommons nous arrivent un peu par magie. Mais derrière chaque produit, chaque service, il y a des filières. Pour acheter un litre de lait, il faut des caissiers, des livreurs, des éleveurs et bien d'autres. Profitons de cette période pour réfléchir à ce que notre mode de vie suppose de travail des autres, pour que tant de choses soient mises à notre disposition. Il ne s'agit pas de méditer des heures sur chaque achat. Simplement faire ce petit effort, pour que, quand notre vie et nos activités reprendront, nous gardions conscience de tous les efforts déployés dans les coulisses de notre quotidien."
Jadis, Jésus devait faire partie des "invisibles", durant ce que l'on appelle sa "vie cachée". Il a voulu se présenter au monde sous l'image d'un travailleur, fils d'un charpentier, Joseph, que nous fêtons en ce jour, et non d'un notable ou d'un proche des grands-prêtres. Lorsque Jésus a constitué son équipe, les piliers en furent des travailleurs, qu'il a appelés à laisser leurs filets. Qu'est-ce que cela indique pour nous aujourd'hui ? A méditer !
Parmi les innombrables changements à envisager pour "le monde d'après", à cela aussi, il va falloir penser ! En effet, comme l'a souligné Maxime Gorki (1868-1936) : "La culture nouvelle commence là où le travailleur et le travail sont traités avec respect."
Lors de sa messe, le pape a centré son homélie justement sur la dignité du travail et le respect dû aux travailleurs : "La dignité du travailleur le fait ressembler à Dieu. Mais cette dignité est souvent maltraitée. Il y a encore tant d'esclaves, tant d'hommes et de femmes qui travaillent pour survivre, rien de plus, mal payés ; on le voit dans les journaux, c'est encore aujourd'hui que ces choses se passent. Alors que le travail est une vocation reçue de Dieu, pour que l'homme soit créateur avec lui."
vendredi 1 mai 2020
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2356 : A quand une vraie Fête des Travailleurs ?
Publié par
Olivier Gaignet
à
10:10
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1 commentaires:
extrait de la chanson " discours des fleurs" de G.Brassens
Le premier Mai c'est pas gai,
Je trime a dit le muguet,
Dix fois plus que d'habitude
Regrettable servitude.
Muguet soit pas chicaneur,
Car tu donnes du bonheur
Pas cher à tout un chacun.
Brin d'muguet tu es quelqu'un.
Le muguet "porte bonheur" symbolise aussi la fête du travail, même s'il est osé de parler de fête aujourd'hui !
Offrons, au moins en pensée, ces jolis brins de muguet à tous les travailleurs, à ceux qui prennent soin de nous et nous protègent.
D'eux, nous pouvons dire comme G.Brassens " Ils sont quelqu'un."
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