"N'oublie pas les pauvres", avait glissé à l'oreille du pape François le cardinal brésilien Hummes, aussitôt son élection.
Qu'il en soit de même pour nous, en une telle fête du Christ frère et serviteur !!!
Voici le courrier reçu ce jour par Bernard Robert, de la part d'un missionnaire italien au Niger.
‘Nous sommes tous l’Italie’ ont écrit 17 réfugiés soudanais de Niamey
Ils l’ont écrit dans une
lettre adressée à l’UCR de Niamey. Les auteurs de la missive sont 17 soudanais
qui, depuis le ‘sit-in’ devant le siège de l’Agence onusienne, ont été
accueillis et puis transférés dans le camp des réfugiés de Hamdallaye, près de
la capitale. Dans la lettre, livrée à la main, on peut lire le message
suivant : ‘Après l’accueil
chaleureux que vous nous avez réservé, nous souhaitons vous adresser
personnellement un message de solidarité dans ce contexte de crise du COVID-19…
Nous sommes unis avec la grande famille italienne, et nous partageons la
douleur de ceux d’entre vous qui ont perdu un être cher à cause de cette
douloureuse épidémie. Nous souhaitons de la patience et du réconfort pour vos
familles et nous demandons à Dieu d’amener vos défunts dans leurs maisons
bénies, afin qu'ils puissent reposer en paix. Nous souhaitons aussi le prompt
rétablissement des convalescents, tout en adressant nos appels, toutes
croyances confondues, pour que ce fléau soit levé. Nous sommes tous ensemble,
par le bien et le mal, ce qui signifie que
nous sommes tous l'Italie. Le Comité soudanais des réfugiés du Centre 17’.
En 2001, après l’attaque
au Tours Jumelles aux USA certains se sont sentis ‘américains’, d’autres, après
le massacre de Charlie Hebdo et le Bataclan, se sont sentis français, d’autres
encore espagnoles après l’attentat de Madrid ou anglais après celui de Londres.
Dommage, personne ne s’est jamais sentis soudanais, ivoirien, nigérien,
libérien, congolais ou simplement algérien. Pourtant chacun des Pays mentionnés
a vécu, avec bien d’autres, guerres, épidémies, exploitation des ressources et
de la misère endémique. On a marchandé des armes et des mercenaires, on a
transformé ces Pays en laboratoires pour les essais de ‘normalisation’ pour le
compte de la banque Mondiale et du Fond Monétaire Internationale. Pourtant nous
avons souffert des famines, lutté pour les indépendances, on a cru aux
printemps du changement et on a raté des révolutions avec la complicité des
anciens colons. Personne ne s’est jamais sentis
‘africains’, jusqu’à présent.
On vit comme si toute la
réalité était confinée par une grande mise en scène médiatique. Comme si
l’histoire s’était arrêtée le jour dans lequel les décrets des gouvernements,
en relation avec la pandémie, ont commencé à être appliqués, si nécessaire avec
la force. Comme si les quotidiennes comptabilités de la prolifération des
infectés faisait tout d’un coup oublier la vie qui, obstinée et fidèle,
continue son chemin habituel. Comme si la perte des proportions, rendue encore
plus évidente par le néolibéralisme marchand, nous avait fait oublier la
fragilité du destin humain que depuis toujours la mort traverse. Comme si la
pandémie, fille de la pensée unique, aurait la prétention d’imposer la distance
sociale, faisant ainsi oublier la fracture sociale due aux classes sociales et
aux populations depuis longtemps ‘confinées’ dans la misère.
Mais la réalité est têtue
et alors, malgré tout, certaines nouvelles continuent de filtrer sans
d’ailleurs laisser aucune trace. Il y a quelques jours de cela on a d’abord
trouvé et puis sauvé quelques 250 migrants abandonnés dans le désert et cela
n’a fait bouger personne. Dans les camps d’accueil de l’OIM, l’Organisation
Internationale des Migrations on trouve, plus ou moins bloqués, 2 mil migrants
dans l’attente du retour au Pays. En Libye les réfugiés et les migrants
continuent d’être petitement éliminés, torturés et rendus esclaves : cela
tombe dans l’indifférence globalisée de nos jours. Les bateaux des rescapés qui
essaient d’atteindre l’Europe ou bien sont refoulés ou alors on les empêche de
rentrer au port plus proche. Le Programme Alimentaire Mondial a mis en garde
contre une possible carence alimentaire affectant peut être 5 millions des
personnes au Sahel : le Coronavirus a tout balayé sur son chemin !
Nous sommes tous humains
et cela devrait suffire pour reconnaitre à chacun la dignité qui lui est
propre, en commençant par les pauvres qui, jusqu’aujourd’hui disparaissaient
sans qu’aucun ne se prenne le devoir de les comptabiliser au quotidien. Dans
certains sites web, en effet, il suffit de cliquer et aussitôt on aura le
nombre d’infectés, guéris et décédés à cause du Covid-19. Rien de tel pour les
morts sur le travail ou en relation avec. En l’an 2000, selon l’Organisation
Internationale du Travail, les morts sur le travail ont été estimés à 2
millions. En 2017, selon la même Organisation, on calcule que chaque 15 seconds
il y a un mort sur le travail, ce qui fait 2 millions et 780 mil personnes
décédées, comme des invisibles ou des clandestins car à mourir sont,
d’habitude, les pauvres. Nous sommes tous travailleurs, nous sommes tous
humains. Plus rien ne sera comme avant si ‘nous
sommes tous le Soudan’.
Père
Mauro Armanino, Niamey, 8 aprile 2020
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