Gilles Bély, journaliste
retraité à « Ouest-France », habite avec son épouse Françoise à la
Ferrière, près de la Roche-sur-Yon en Vendée. Nous sommes amis depuis de
longues années. Hier mercredi, fidèle lecteur de ce blog, Gilles m’a appelé
pour me suggérer de faire écho à la belle figure d’Henri Tincq, qui nous a
quittés le 29 mars, fauché lui aussi par ce maudit virus. Cet
homme droit, que nombre de lecteurs de l’Arche de Noé connaissent sans
doute, a fait partie de la grande élite des journalistes
français ; pendant plusieurs décennies, il s’est battu avec talent contre
tous les virus qu’il sentait ronger à la fois l’Eglise et la société. Nous étions nombreux à suivre fidèlement ses articles, toujours très percutants. Dans le
monde de la presse, il ne cachait pas sa foi ! Bien sûr, comme me l'a souligné Gilles : "on peut être un
excellent journaliste sans être croyant, et heureusement ; mais Henri
Tincq avait aussi cet enracinement là."
Gilles Bély livre ici
l’hommage d’un journaliste à un autre journaliste, dont il partage le regard,
les convictions et la foi. A chacun de se laisser interpeller par une telle figure ! Là encore, vos commentaires et appréciations seront les bienvenus. Merci !
"Henri Tincq, journaliste à "La Croix" puis
chroniqueur religieux au "Monde" " est décédé à l'âge de 75 ans,
victime du Covid-19. Il était l'un de ces hommes de parole et d'espérance
attentifs à un message vieux de deux millénaires et en même temps d'une étonnante
modernité.
Il était de ces chrétiens sociaux, nourris de l'esprit du
Concile Vatican II. Mais pas seulement. Il s'est intéressé à d'autres
spiritualités, chrétiennes ou non, le protestantisme, l'orthodoxie, le judaïsme
l'islam, le bouddhisme. La rubrique du "Monde " s'est ainsi intitulée
"Religions" au lieu de "Religion".
En 2018, il avait publié "La Grande Peur des
catholiques de France". Il y exprimait son désarroi, tout en reconnaissant
n'avoir pas vu à temps la triple crise qui ébranlait l'Eglise: crise morale,
doctrinale et de gouvernance. A l'exception courageuse de quelques-uns, les
évêques de France n'avaient guère manifesté d'humeur devant l'accession
éventuelle de l'extrême-droite au pouvoir. "Aujourd'hui, j'ai honte d'être
catholique", avait-il écrit à l'époque.
Henri Tincq avait été un inconditionnel de Jean Paul II. Il
voyait en lui "un curé du monde qui avait contribué à la chute du
communisme, œuvré à la réunification de l'Europe, défendu la liberté et les
droits de l'homme". Un enthousiasme douché plus tard par le scandale des
abus sexuels et "la glaciation de l'Eglise sur le plan disciplinaire,
doctrinal et moral qui l'a rendue peu apte à affronter les tumultes
d'aujourd'hui".
C'était un journaliste complet. Il abordait avec talent tous
les sujets, le politique, le social, le sport. Son regard sur l'Eglise et les
religions se nourrissait nécessairement de ce monde immense dont il scrutait
tous les jours les mouvements.
Henri Tincq a sûrement semé l'espérance autour de lui. Nombreux sont ceux qui le portent aujourd'hui
dans cette espérance, dans la gratitude et dans la prière."
Gilles Bély
Gilles Bély
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A l’occasion de ce
témoignage et en échangeant avec Gilles, nous nous sommes dit que le moment
était peut-être venu de faire évoluer la provenance des billets ici publiés.
En vous donnant largement
la parole, chers « pratiquants » de ce blog.
Cela est possible, si l'on en juge par le blog de la paroisse de
Fontenay-le-Comte, « L’Echo des Bénitiers », dans lequel sont publiés
régulièrement des billets signés par des laïcs ou des religieuses. Pourquoi ceux qui le souhaitent ne publieraient-ils pas
aussi des billets sur ce blog ? Même courts, sur tel sujet qu'ils aimeraient partager ?
Je vous laisse sur cette réflexion de
Gilles : « il y a besoin d’espace(s) pour s’exprimer. »
1 commentaires:
Merci de valoriser le journalisme. Un certain nombre de journalistes nous apportent beaucoup.
Il y a en ce moment des analyses tout à fait éclairantes dans nos journaux !
Je ne pourrais pas me passer de mon journal quotidien !
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