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Ici, tout pourra être dit dans les limites de la courtoisie et du respect mutuel.

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Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



mardi 28 avril 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2353 : Au 19° siècle, Eugène Huzar, un visionnaire pour notre temps !


Nos anciens n'étaient pas plus bêtes que nous...
Ils étaient même souvent plus en avance que nous aujourd'hui, dans leur vision du monde !
Pourquoi ne les a-t-on pas écoutés ???
       (l'idée de ce billet a été reprise à partir d'une émission sur France-Culture samedi dernier,
             et ceci est un résumé d' un article du chercheur Jean-Baptiste Fressoz :
              "Introduction à "L'arbre de la science",  Socio-anthropologie 28/2013, 83-95) 

                                                              =0=0=0= 

1 avril 1855, à Paris, alors que la foule se presse à l’Exposition universelle pour y admirer machines et inventions, paraît un petit ouvrage au titre énigmatique, La fin du monde par la science. L’auteur, un obscur avocat du nom d’Eugène Huzar, propose ce qui constitue vraisemblablement la première théorie du catastrophisme technologique. Le livre est un succès, et deux ans après Huzar développe sa théorie dans "L’arbre de la science". 

2 Selon Huzar, la Terre est un être vivant et fragile. Les métaphores organicistes qu’il utilise sont révélatrices : les déforestations sont la « calvitie » de la Terre, les mines et les carrières, des anévrismes qui menacent de rompre. L’homme par son industrie croit égratigner la Terre, sans se rendre compte que ces égratignures pourraient fort bien causer sa mort.

 En 1857, Huzar développait plus longuement sa pensée dans L’arbre de la science. La critique fut également dithyrambique : « Un des livres les plus remarquables qu’ait vu encore le siècle actuel (La Gazette de France) » ;  "Un livre d’un intérêt capital pour l’humanité" (Auguste de Vaucelle, L’Artiste » ; « Un des livres les plus attrayants que j’aie lu de ma vie (Félix de Saulcy, Le Courrier de Paris) », etc.

10Si Huzar nous intéresse aujourd’hui, c’est en tant que symptôme : à l’encontre du grand récit postmoderne, il nous montre de manière parfaitement claire que la modernité positiviste, héritée du projet cartésien de maîtrise technique de la nature qui aurait pensé les techniques sans leurs conséquences lointaines, semblait déjà caduque lors de la révolution industrielle. 

Extraits de "L'Arbre de la science"  (Dentu)

13Nous ne savons rien prévoir des faits physiques qui sont en dehors de notre volonté. Bien plus, quant aux phénomènes physiques, qui aujourd’hui dépendent de notre volonté, de notre activité et de notre science, savons-nous prévoir leurs conséquences un jour ? Je vais vous démontrer d’une manière péremptoire que non ; et si nous ne pouvons pas prévoir les conséquences funestes qu’ils peuvent avoir un jour, comment pourrions-nous prévoir et éviter les cataclysmes qui en peuvent être le résultat.

14Examinons quels sont les résultats climatériques et atmosphériques provenant du déboisement, et montrons que la main humaine, en frappant les forêts, peut amener des révolutions dans l’état atmosphérique, des débordements des fleuves, des inondations, des pluies torrentielles, comme celles qui inondent notre France depuis une cinquantaine d’années, des froids prolongés, de novembre en juin, c’est-à-dire les trois quarts de l’année ; des épidémies résultant des marécages et qui n’existaient pas autrefois, alors que d’immenses forêts couvraient la plus grande partie du globe.

32Avons-nous oublié que les végétaux sont non seulement nécessaires à l’homme pour sa nourriture, pour son chauffage, pour cuire ses aliments, mais, bien plus que tout cela, pour sa respiration, qui est la première condition de la vie organique. En absorbant l’acide carbonique, et dégageant l’oxygène, les végétaux enlèvent à l’air son gaz délétère et restituent aux poumons de l’homme le gaz respirable, l’oxygène, – que c’est à cette condition seulement que l’hématose peut se faire normalement.
 
33Oublions-nous que l’air chargé d’acide carbonique est impropre à la respiration ?

34à quel moment la main imprudente de l’homme vient-elle frapper le règne végétal avec le plus de rage, c’est précisément au moment où l’homme en a le plus besoin, où l’air se vicie chaque jour de plus en plus. Les masses d’acide carbonique et d’oxyde de carbone, ces deux gaz délétères répandus dans l’air, augmentent d’une manière effrayante.

38Tout énorme que nous paraisse la terre, elle n’est point infinie, et le travail humain, lui, est infini avec les siècles.

42Nous savons ce qui est ; tant bien que mal les lois de la nature fonctionnent pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Savons-nous ce qui adviendra quand nous aurons partout substitué notre action à la sienne ?

43L’homme, en jouant ainsi avec cette machine si compliquée, la nature, me fait l’effet d’un aveugle qui ne connaîtrait pas la mécanique et qui aurait la prétention de démonter tous les rouages d’une horloge qui marcherait bien, pour la remonter à sa fantaisie et à son caprice.

50Tout mal appelle après lui un remède ; j’ai signalé le mal, c’est-à-dire la catastrophe, naissant un jour de notre raison insuffisante à la recherche de l’absolu. Je vais chercher le remède, c’est-à-dire le moyen de le combattre et de l’éviter s’il est possible.

54Quels sont les moyens palliatifs que je propose ?
  1. L’homme dans l’avenir ne doit pas tenter des expériences capitales, décisives, sans avoir l’assurance qu’elles ne peuvent en rien troubler l’harmonie des lois de la nature ;

  2. Il faudra dans l’avenir créer des écoles spéciales ayant pour but de déterminer et d’étudier les lois qui constituent l’équilibre du globe ;

  3. Il faudra aussi dans l’avenir créer une édilité planétaire qui réglemente le travail humain, de telle sorte que rien de décisif, de capital, tel que le déboisement d’une continent ou le percement d’un isthme, etc., ne puisse avoir lieu sans l’autorisation de l’édilité planétaire. Cette édilité aura son siège dans une des grandes villes du monde ; elle sera composée de l’élite de la science du monde entier. Chaque édile sera nommé par ses concitoyens.
55Les édiles seront les premiers magistrats du monde, et chaque fois qu’une nation voudra entreprendre une de ces tentatives audacieuses qui peuvent troubler l’harmonie du monde, elle devra s’adresser aux édiles, qui pourront lui donner ou lui refuser l’autorisation, car ils seront là pour veiller à la conservation de l’harmonie du globe.

56La nation qui enfreindrait les ordres des édiles serait mise au ban des nations, comme s’étant rendue coupable du crime de lèse-humanité.

57Ainsi, un peuple veut-il déboiser ses forêts, il faudra que l’édilité le lui permette.

58Un peuple veut-il percer un isthme, il lui faudra encore la permission de l’édilité ; enfin, chaque fois qu’une nation devra entreprendre une de ces grandes choses qui peuvent troubler l’équilibre de la planète, il faudra qu’elle ait obtenu la permission de l’humanité tout entière, représentée par ses édiles.

59Telle devra être la solidarité de l’homme dans l’avenir. Cette édilité planétaire que je vous propose paraîtra, à tous ceux qui me liront, absurde, et pourtant elle est déjà dans nos mœurs. N’avons-nous pas en petit, en France, ce que je demande en grand pour le Globe ?

60N’y a-t-il pas un principe inscrit dans nos codes qui donne aux propriétaires le droit d’user, de jouir de la chose, mais non d’en abuser ?

61Ainsi, un homme a-t-il le droit de mettre le feu à sa maison ? Non. Pourquoi ? Parce que toute une ville pourrait être victime de cet abus de sa propriété. […]

62Veiller sur l’harmonie du globe, faire en sorte qu’elle ne soit point troublée, tel serait le but de cette première institution du monde.

63à cela l’on m’objectera que c’est briser la liberté individuelle des peuples ; non, c’est seulement empêcher les abus de la liberté de compromettre l’harmonie générale. Mais, me dira-t-on, il faut pour cela admettre que tous les peuples soient frères ; que l’unité du genre humain soit établie.

64Je réponds : il n’y a que les ignorants, à notre époque, qui puissent croire que les haines entre les nations seront éternelles. Tout homme de bon sens, qui a, en ce moment, les yeux fixés sur les faits qui se passent autour de lui, doit être bien pénétré de cette vérité que, d’ici à quelques siècles, l’unité du genre humain sera constituée, les barrières qui séparent les nations seront tombées par les chemins de fer ; les fils électriques, suspendus comme des lyres dans l’espace, seront les cordes d’harmonie du monde de l’avenir.

65Je ne viens pas dire qu’aujourd’hui, l’édilité planétaire puisse être constituée ; car personne, à l’heure qu’il est, n’en peut comprendre l’utilité. Mais je dis que, dans quelques siècles d’ici, l’on sentira la nécessité de cette grande institution. Les catastrophes causées sur quelques points du globe par la science industrielle livrée à toute l’exagération d’une liberté sans frein, à une individualité égoïste et fatale, en feront comprendre toute la nécessité.

66L’unité du genre humain, qui commencera à se réaliser, facilitera l’application de l’édilité planétaire telle que je la conçois. Cent mille lieues de télégraphe électrique mettront tous les points du globe en communication en quelques secondes avec le point principal, où siégera cette édilité, et rendront l’application de ce système des plus facile.

67L’édilité, comme l’araignée dans sa toile, recevra par ces milliers de fils électriques les demandes d’autorisation qui lui auront été adressées ; elle enverra les réponses aussitôt que les sujets de la demande auront été étudiés.

68Sachez-le, la science sera un jour la reine du monde, tout disparaîtra devant elle. Sa responsabilité deviendra donc colossale : elle aura charge d’âmes du monde entier ; ce sera le plus grand pontificat qui ait jamais existé sur la terre. Il faut donc que cette royauté de l’esprit soit constituée, de telle sorte que rien d’important ne puisse se faire dans le monde sans qu’elle en soit avertie.

69Dès lors, le travail humain ne sera plus livré à l’emportement d’une liberté sans frein, il ne sera plus livré au hasard de rompre l’harmonie du globe, et de marcher à pieds joints sur les lois éternelles de la nature.

Conclusion  :
 
71Tous les moyens palliatifs que je vous ai proposés jusqu’ici ne seront que palliatifs, c’est-à-dire insuffisants pour éviter la catastrophe définitive. Quelle que soit la science que nous accordions à cette édilité savante, elle sera toujours néanmoins dans l’impossibilité de prévoir tous les écueils qui se trouveront sur la route, qui du fini conduit à l’infini, si elle n’est point presciente et intuitive.

74Je crois que, dans la recherche de la vérité, il sera un jour prudent de ne pas marcher à tâtons, comme nous marchons aujourd’hui. Je crois, enfin, que le vaisseau de la civilisation, lancé à toute vapeur sur la mer infinie du progrès, doit, s’il veut échapper aux écueils de la fatalité et ne pas sombrer corps et biens en route, s’armer de la boussole de l’intuition.

75Pour que la lumière de la science ne soit point une torche incendiaire entre nos mains ; il faut qu’elle soit intuitive au lieu d’être purement expérimentale, comme elle l’est aujourd’hui. Voilà toute la pensée de ce livre ».

                                                              *****

Nous étions avertis, depuis encore bien plus longtemps...

Malheureusement, l'expérience des prédécesseurs, pour les générations qui leur succèdent, c'est, ainsi que le rappelle ce proverbe chinois, "comme le passage d'un peigne sur le crâne d'un chauve" ! 

1 commentaires:


Marie-France Dauce a dit…

Le prophète prêche dans le désert...