Comme plusieurs personnes me l'ont demandé à la fin de la cérémonie, voici l'homélie que j'ai donnée lors de la messe de la nuit de Noël à Jard-sur-Mer, près de Talmont où je demeure.
NOEL 2019, A
JARD s/ MER
Vous avez sans doute entendu
parler de l’horloge de l’Apocalypse, surtout ceux qui ont vu le film « V
comme Vendetta » par ex. Créée en
1947 par des scientifiques de l’université de Chicago, c’est une horloge sur
laquelle minuit indique la fin du monde. Régulièrement, cette horloge est
remise à jour, après une estimation collégiale. Pour info, actuellement,
l’horloge affiche minuit moins 2 mns, 23h58, en raison, je cite, de
« l’incapacité des dirigeants mondiaux à faire face aux menaces imminentes
du changement climatique. » A ce propos, vous avez peut-être entendu comme
moi cette info comme quoi, aujourd’hui même, le Congrès de Nelle Calédonie
vient de voter à l’unanimité, cet après-midi, pour le Territoire, « l’état
d’urgence climatique et environnemental ».
Que l’on croit ou non à ce
danger, car il est de bon ton, pour certains, de minimiser ce risque ou d’en
douter, nous constatons tous que le monde semble craquer de partout. Le climat
de la planète, le climat dans l’Eglise, le climat dans les familles, le climat
social… La haine, le rejet de l’autre, différent, gagnent partout du terrain. Nombre
de personnes souffrent de la pénibilité du travail, des problèmes de retraite,
des conséquences dues aux mouvements sociaux actuels. En outre, maladies,
deuils, solitude, incompréhensions, déceptions, tel est le lot très lourd de
nos existences ! Ainsi que le
chante Alain Souchon, de sa voix inimitable : « de mon belvédère, je
regarde la France, avec ses lumières, ses souffrances. »
Qui d’entre nous échappe à de telles
blessures ? Qui n’est touché en
rien par un malaise profond ? En conséquence, comme le faisait remarquer,
dimanche dernier, à la fin de l’émission « le Jour du Seigneur », l’auteur
fameux des BD avec son héros le chat, Geluck, je le cite : « il ne
faut pas avoir un discours sirupeux sur Noël. » Jésus en effet n’est pas né dans la guimauve ;
et les petits Jésus en sucre, si mignons soient-ils, ne représentent pas la dure
réalité de la vie, ni les conditions difficiles de sa venue parmi nous !
Gorbatchev, lorsqu’il présidait
l’empire soviétique, aimait raconter l’anecdote suivante : « sur sa
trajectoire à travers les immensités interstellaires, une planète lointaine
rencontre un jour la planète Terre ; elle l’interpelle : « Dis
donc, qu’est-ce qui t’arrive ? Tu es toute desséchée, tu sens
mauvais ; quelle maladie as-tu attrapé ? » Et la planète Terre de répondre,
consternée : « Ah, malheur à moi, j’ai attrapé
l’humanité ! »
Car malade, elle l’est bien, en
effet, notre humanité ! Et nos
contemporains, comme nous-mêmes, ne savons quel sens profond donner à notre
vie, ni quels remèdes utiliser pour retrouver la santé. ; et donc, nous ne
savons comment donner un coup d’arrêt à l’aiguille de l’horloge qui nous rapproche
inexorablement de la fin du monde.
L’écrivain et artiste A. Malraux,
qui était en recherche au plan foi, avait bien proposé une solution quand il
écrivait, en 1955 : « Je pense
que la tâche du prochain siècle, en face de la plus terrible menace qu’ait
connu l’humanité, va être d’y réintroduire les dieux. » A. Malraux ne croyait pas si bien dire !
Impossible en effet de sauver notre planète sans y introduire un Dieu, notre
Dieu, Jésus, dont le prénom, en hébreu, signifie « Dieu sauve »,
Jésus, le Sauveur.
Réintroduire Dieu chez nous, mais
c’est ce que, sous nos yeux, les enfants viennent de faire… D’abord, ils sont
allés le chercher, là-bas, dans le fond, au loin ; car Jésus n’aurait pas
osé entrer chez nous si nous ne l’avions pas désiré, si nous ne l’avions pas
pris par la main. Les enfants nous ont ainsi montré l’attitude à avoir :
aller chercher Jésus, ne pas le laisser à l’écart de nos vies, en-dehors de nos
liturgies ; mais le remettre à sa place ; où ça ?
Non pas sur le côté, ou un peu à l’arrière,
pour qu’il ne nous gêne pas trop, mais bien au centre ; au cœur de cette
crèche, qui représente chacune de nos familles, qui représente l’humanité. Avec
aussi les plantes, les animaux, et toute la création à sauvegarder.
Oh, il est vrai qu’en cette nuit,
Jésus semble bien petit, et bien impuissant ! Cet enfant tout menu, qui ne
sait même pas encore parler, arrivera-t-il vraiment à nous sauver ? A
combler nos solitudes, à guérir nos maladies, à recoudre l’humanité ? Réponse
du pape François, dans son discours à l’occasion de ce Noël : « Dans
la faiblesse et dans la fragilité de cet enfant se cache son pouvoir, qui
recrée, et qui renouvelle ! » Là en effet se trouve le secret de
Noël ! Au risque de surprendre notre pessimisme bien français en effet, il
nous faut croire que la guerre de la haine est perdue, et que le mot
« désespérance » ne figure nulle part dans les Evangiles.
A présent, tranquillisez-vous, je
ne vais pas utiliser de travers le petit Jésus pour vous faire la morale, en
vous dictant ce que vous avez à faire pour vous réconcilier au sein de vos
familles, pour mieux accueillir musulmans et migrants ou pour agir en faveur de
l’environnement ! A chacun de se
laisser envahir par la magie du mystère de Noël, et de laisser Jésus remettre à
l’heure de Dieu la pendule de notre vie ! L’heure de minuit ne nous fait pas peur,
c’est l’heure de Dieu !
A présent, je vous laisse sur le
cri de foi d’un de nos grands poètes, Alfred de Vigny : « Un soir, il
arriva que l’antique planète secoua sa poussière. Il se fit un grand cri :
« Le Seigneur est venu ! »
Et, cette année encore, nous
étions là pour l’accueillir et pour le suivre ! Merci Jésus ! Je vous invite à réfléchir quelques instants
à tout cela… Amen ! Alleluia !
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire