L’archevêque de Poitiers souhaite que l’ordination
des hommes mariés devienne possible. Il est le premier prélat en France à le
dire publiquement.
Monseigneur Pascal Wintzer a ouvert le débat sur RCF (Radio
chrétienne francophone) en évoquant la possibilité de faire entrer dans
l’Église des hommes qui ont une vie familiale. « Je suis pour
l’ordination des hommes mariés », confirme-t-il en s’empressant de
préciser : « Je suis contre le mariage des prêtres et pour la
fidélité dans les engagements. » Pas question de revenir sur sa
parole.
“ La sexualité n’est pas mauvaise en soi ” L’Église ne semble pas prête à rompre ce qui constitue le socle de la disponibilité des hommes d’Église, le célibat. « Elle n’appellera jamais à revenir sur un engagement, au contraire, elle engage à la fidélité », a relayé l’ecclésiastique. L’archevêque de Poitiers (1) est le premier en France à se prononcer publiquement, dans les médias – alors que des coreligionnaires adhèrent, en silence, à cette même idée –, pour accueillir des hommes mariés.
Ce statut marital n’a rien de révolutionnaire dans la communauté catholique. L’annonce repose sur une réalité. C’est un fait. Dans le premier millénaire, « cette situation était assez générale », argumente Monseigneur Wintzer, ajoutant qu’aujourd’hui dans les Églises orientales catholiques (Liban et Syrie) et en Europe (Roumanie), les hommes mariés sont intégrés. Le pape François a levé l’interdiction faite aux Églises orientales catholiques d’ordonner prêtres des hommes mariés en Occident.
Mgr Pascal Wintzer souhaite à travers cette réflexion « casser l’image du prêtre perçu comme un homme en dehors de l’humanité ». La sexualité, dit-il, « n’est pas mauvaise en soi et n’empêchera pas de servir Dieu et l’Église ». Cet effectif supplémentaire présenterait un double avantage, répondre à une demande des chrétiens et mailler le territoire où de trop nombreuses églises n’ouvrent leurs portes que pour les enterrements. « Ces hommes mariés donneraient un peu de leur temps pour présider la prière et la messe », plaide le prélat.
“ Viol […] renforcé par cette aura de sacré qui entoure le prêtre ” Quid de la formation ? Elle existe déjà pour les diacres et penser qu’elle pourrait s’étendre à un enseignement spécifique pour les nouveaux représentants de l’Église ne relève pas de l’utopie.
L’arrivée de cette population venue de la société civile « casserait l’image du prêtre, qui se perçoit en homme sacré et de pouvoir », observe Mgr Pascal Wintzer. Un statut qui pose la question du viol qui serait lié « à des déséquilibres psychologiques renforcés par cette aura de sacré qui entoure le prêtre », analyse l’archevêque.
L’histoire de l’affaire du cardinal Barbarin placerait-elle ces prédateurs au-dessus de tout ? « Les hommes de Dieu doivent obéir à la justice des hommes de leur pays. […] On n’est pas des hommes sacrés au-dessus des lois, nous sommes des citoyens comme les autres, des justiciables comme n’importe qui », rappelle Mgr Wintzer. Le primat des Gaules vient de le vivre dans sa chair en étant condamné à six mois de prison avec sursis pour non-dénonciation d’abus sexuels. « Je ne vois pas comment il pourrait gouverner son diocèse », s’interroge l’archevêque de Poitiers.
“ La sexualité n’est pas mauvaise en soi ” L’Église ne semble pas prête à rompre ce qui constitue le socle de la disponibilité des hommes d’Église, le célibat. « Elle n’appellera jamais à revenir sur un engagement, au contraire, elle engage à la fidélité », a relayé l’ecclésiastique. L’archevêque de Poitiers (1) est le premier en France à se prononcer publiquement, dans les médias – alors que des coreligionnaires adhèrent, en silence, à cette même idée –, pour accueillir des hommes mariés.
Ce statut marital n’a rien de révolutionnaire dans la communauté catholique. L’annonce repose sur une réalité. C’est un fait. Dans le premier millénaire, « cette situation était assez générale », argumente Monseigneur Wintzer, ajoutant qu’aujourd’hui dans les Églises orientales catholiques (Liban et Syrie) et en Europe (Roumanie), les hommes mariés sont intégrés. Le pape François a levé l’interdiction faite aux Églises orientales catholiques d’ordonner prêtres des hommes mariés en Occident.
Mgr Pascal Wintzer souhaite à travers cette réflexion « casser l’image du prêtre perçu comme un homme en dehors de l’humanité ». La sexualité, dit-il, « n’est pas mauvaise en soi et n’empêchera pas de servir Dieu et l’Église ». Cet effectif supplémentaire présenterait un double avantage, répondre à une demande des chrétiens et mailler le territoire où de trop nombreuses églises n’ouvrent leurs portes que pour les enterrements. « Ces hommes mariés donneraient un peu de leur temps pour présider la prière et la messe », plaide le prélat.
“ Viol […] renforcé par cette aura de sacré qui entoure le prêtre ” Quid de la formation ? Elle existe déjà pour les diacres et penser qu’elle pourrait s’étendre à un enseignement spécifique pour les nouveaux représentants de l’Église ne relève pas de l’utopie.
L’arrivée de cette population venue de la société civile « casserait l’image du prêtre, qui se perçoit en homme sacré et de pouvoir », observe Mgr Pascal Wintzer. Un statut qui pose la question du viol qui serait lié « à des déséquilibres psychologiques renforcés par cette aura de sacré qui entoure le prêtre », analyse l’archevêque.
L’histoire de l’affaire du cardinal Barbarin placerait-elle ces prédateurs au-dessus de tout ? « Les hommes de Dieu doivent obéir à la justice des hommes de leur pays. […] On n’est pas des hommes sacrés au-dessus des lois, nous sommes des citoyens comme les autres, des justiciables comme n’importe qui », rappelle Mgr Wintzer. Le primat des Gaules vient de le vivre dans sa chair en étant condamné à six mois de prison avec sursis pour non-dénonciation d’abus sexuels. « Je ne vois pas comment il pourrait gouverner son diocèse », s’interroge l’archevêque de Poitiers.
Didier Monteil, 12 mars 2019, "La Nouvelle République du Centre-Ouest"
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P-S : réaction intéressante de l'écrivain Jean-François Bouthors, dans l'édito de "Ouest-France" du 18 mars dernier : "Le christianisme n'est pas mort, mais on ne le relèvera pas avec de simples mesures de discipline, ou de formation psychologique des clercs. Ordonner des femmes ou des hommes mariés pourrait être un pas important. Mais si l'on ne retrouve pas la consistance du message chrétien, cela ne sera qu'un emplâtre sur une jambe de bois."
P-S : réaction intéressante de l'écrivain Jean-François Bouthors, dans l'édito de "Ouest-France" du 18 mars dernier : "Le christianisme n'est pas mort, mais on ne le relèvera pas avec de simples mesures de discipline, ou de formation psychologique des clercs. Ordonner des femmes ou des hommes mariés pourrait être un pas important. Mais si l'on ne retrouve pas la consistance du message chrétien, cela ne sera qu'un emplâtre sur une jambe de bois."
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