Parmi les plus grands moments de notre "visitation" en Terre sainte : nos rencontres avec les Palestiniens, à diverses reprises. Là encore, malheureusement, je ne pourrai être que très bref !
Tout d'abord, notre guide, Hussam, un Arabe chrétien, qui nous a brossé un tableau fort intéressant de la situation en Israël et dans les Territoires occupés ; avec quatre problèmes principaux : les colonies juives à l'intérieur des territoires, où se sont installés pas moins de 700.000 Juifs, la question de deux Etats, toujours en attente, la douleur des réfugiés, qui ont quitté leurs maisons depuis 1948, et la situation de Jérusalem, écartelée. Le conflit, ici, n'est pas religieux, mais politique. Il nous a rappelé fort opportunément que déjà, dans la 1° communauté chrétienne, il y avait des Arabes (Actes 2/11). Les problèmes sont immenses : celui de l'eau, sans cesse coupée, celui des déplacements, de la difficulté à entrer en Israël, etc... Et malgré tout, Hussam garde un esprit de paix et une foi immense, tant dans l'avenir qu'en Dieu.
Autre visage marquant, celui du Père Jamal Kader, directeur du Grand Séminaire, qui nous a dépeint longuement la situation des chrétiens et du pays : un véritable microcosme de l'Eglise universelle, avec toutes ses richesses et toutes ses divisions. Dans l'ensemble du Patriarcat latin, dans chaque paroisse comme au Séminaire, le 1° projet, c'est l'éducation des enfants et des jeunes, ce qui fait que le peuple Palestinien est le plus éduqué de tout le monde arabe. Il nous a fait réfléchir sur les notions de "peuple élu" et de "Terre promise", et il invite l'ensemble des Eglises chrétiennes occidentales à revoir leur théologie de l' "Ancien Testament". En effet, les fondamentalistes Juifs disent : "Dieu nous a donné cette terre"; mais comment Dieu peut-il donner la terre des Palestiniens au peuple Juif ? Il interpelle fortement le Vatican, l'Occident, la France, car on ne s'intéresse pas suffisamment à la détresse des Palestiniens.
Autres rencontres très riches avec les responsables du camp de réfugiés d'Aïda, avec lesquels nous avons dialogué longuement sur ce qui s'est passé sur cette terre, avant 1948, date de la "Nakba" (la catastrophe), et depuis lors. En 1948, 534 villages se sont vidés de leurs occupants, 70% des Palestiniens sont devenus des réfugiés. L'ONU a laissé faire cette tragédie ! Les réfugiés ont toujours les clefs, rouillées, de leurs anciennes maisons. Expulsés par les Juifs, eux-même chassés d'Europe, les Palestiniens ont l'impression de payer pour un crime qu'ils n'ont pas commis ; ils regrettent de devoir payer pour les souffrances subies par les Juifs de la part des Européens. La terre était promise par Dieu aux Juifs ? Dieu est-il donc un agent immobilier, qui distribue des terres à qui lui plaît ? Cependant, disent-ils avec courage : "Ce n'est ni Obama, ni Hollande, ni Dieu, qui vont résoudre nos problèmes et faire quelque chose à notre place ! On est extrêmement patients ; chacun de nous essaye d'être un acteur de changement. Nous misons beaucoup sur la culture, le théâtre, la musique, la vidéo, la danse, avec les jeunes, dans ce que nous appelons une "belle résistance", face à cette oppression."
D'autres Palestiniens nous ont émerveillés par leur attitude, leur souci d'une résistance non violente, leur fraternité entre chrétiens de divers rites et musulmans, une capacité de s'organiser qui nous a impressionnés.
Tous nous ont demandé d'être leurs portes-parole, auprès de l'Etat français et de la Conférence des évêques ; mais comment vivre cela ? A réfléchir, à ne pas oublier !
mercredi 1 juin 2016
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 1.952 : Visages Palestiniens
Publié par
Olivier Gaignet
à
18:12
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