Les plus anciens d'entre vous se rappellent sans doute ce fantastique appel de Paul VI aux Nations Unies, le 4 octobre 1965 : "Plus jamais la guerre !" Au Grand Séminaire de Luçon, ce cri de Paul VI nous avait marqués, et je nous revois encore devant la télé, subjugués, en train de l'écouter, à ce que l'on appelait la "salle des exercices" ! Quel bonheur de réentendre ce cri d'humanité dans la bouche du Pape François, lors de l'Angélus du dimanche 1° septembre dernier : "Plus jamais la guerre !"
Malheureusement, sera-t-il écouté ? En effet, pour reprendre les phrases de Cécile Klinguer (la femme de Jean-Noël, je crois), dans le Courrier des lecteurs du journal "La Croix" de ce lundi 2 septembre, "des centaines de milliers de personnes sont capables de descendre dans la rue pour défendre les valeurs de la famille...Mais pourquoi les rues restent-elles désespéreément vides lorsqu'il s'agit de défendre la vie, celle de milliers d'innocents qui meurent dans la plus totale indifférence, en Syrie, en Egypte, au Liban et dans tant d'autres pays déchirés par la guerre ?"
Sur la paroisse, dimanche prochain, à toutes les messes, nous inviterons les paroissiens à venir, l'après-midi, passer un moment de méditation et de prière à la Basilique de St Laurent-sur-Sèvre, entre 14h30 et 17h, pour répondre à l'appel de François, qui invite à une journée de jeûne et de prière pour la paix.
Vous pourrez trouver facilement le bel appel de François dans les médias. Mais je me plais aujourd'hui à vous communiquer un superbe appel à la paix, de la part de deux sages musulmans maliens, considérés quasiment comme des saints, lorsque je vivais au Mali : éclairant !
« Nous nous sommes éloignés de
Dieu »
Tierno Bokar
Mali
Alors qu’Amadou Hampaté Bâ lui demande ce qu’il pensait des luttes qui
étaient ordonnées au nom de la religion, Tierno Bokar répondit :
« Personnellement, je ne m’enthousiasme que pour la lutte qui a
pour objet de vaincre en nous nos propres défauts. Cette lutte n’a rien à voir,
hélas avec la guerre que se font les fils d’Adam au nom d’un Dieu qu’ils
déclarent aimer beaucoup, mais qu’ils aiment mal puisqu’ils détruisent une
partie de son œuvre.
En Dieu, frères de toutes
les religions, abaissons les frontières qui nous séparent. À bas toutes les
créations artificielles qui opposent les humains les uns aux autres !
Nous nous sommes éloignés de
Dieu, nous nous sommes fourvoyés dans les labyrinthes de notre sinistre édifice
bâti de briques du mensonge et du mortier de la calomnie. Vite, sortons des
pièces si malencontreusement disposées par notre orgueil et notre égoïsme, par
la lassitude de nos mœurs et la dureté de nos cœurs. Volons comme un aigle aux
ailes puissantes vers l’union des cœurs, vers la religion qui ne tendra pas à
l’exclusion des autres « credo » mais à l’union universelle des
croyants libres de leur personne et moralement libérés des appétits de ce
monde.
Du haut d’un ciel d’amour, en commun nous attesterons pieusement
l’Unicité de Dieu : Source de Vie qui répand la lumière et que l’on ne
peut enfermer dans une définition humaine.
La Religion, celle que veut
Jésus et qu’aime Mohammed est celle qui, comme l’air pur, est en contact permanent
avec le soleil de Vérité et de Justice, dans l’Amour du Bien et de la Charité
pour tous.
Quand donc l’homme comprendra-t-il que les chevaux de bataille
haletants et les armes qui font jaillir un feu de mort et de destruction ne
peuvent détruire que l’homme matériel, jamais le principe même du mal qui
habite l’esprit méchant dépourvu de charité. Le mal est comme un souffle
mystérieux. Lorsque l’on tue par la violence ou par les armes un homme animé
par le mal, le principe du mal bondit du cadavre qu’il ne peut plus habiter et
pénètre dans le meurtrier par ses narines dilatées. Il prend en lui une racine
nouvelle et devient plus tenace encore en redoublant de forces. Le mal doit
être combattu par les armes du Bien et de l’Amour. Quand c’est l’Amour qui détruit
le mal, ce mal est tué pour toujours.
La force brutale ne fait
qu’enterrer provisoirement le mal qu’elle veut combattre et détruire. Or le mal
est une semence tenace. Une fois enterrée, elle se développe en secret, germe,
réapparaît plus vigoureuse encore ».
Amadou Hampaté Bâ - Vie et enseignement de
Tierno Bokar - Le sage de Bandiagara,
Editions du Seuil, Paris, 1980, pp. 158-160
Tierno Bokar, sage malien maître de la confrérie Tidjani,
né en 1875 à Ségou et mort en 1940 à Bandiagara. La vie et l’enseignement de
celui qu’il appelle le sage de Bandiagara sont rapportés par son disciple Amadou Hampaté Bâ.
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