On dirait que la liturgie le fait exprès !
Dimanche, je vous disais que Jésus avait choisi Pierre pour bâtir sur lui son Église, alors que le silence de Pierre avait été flagrant lors de la passion et de la mort de Jésus.
Ce matin, la première lecture de la liturgie de ce jour nous signale que, lors du martyre d'Etienne, "les témoins avaient posé leurs vêtements aux pieds d'un jeune homme appelé Saul... Tandis qu'ils le lapidaient..." (Actes 7/58-59) Le texte se termine ainsi : "Saul, lui, étaient de ceux qui approuvaient ce meurtre." (Actes 8/1)
Cet événement a d'ailleurs beaucoup marqué Paul, ainsi qu'il le confirme lui-même : "Lorsque le sang d'Etienne, ton témoin, a été répandu, moi aussi j'étais là, j'approuvais ses meurtriers et je gardais leurs vêtements." (Actes 22/20)
Je reviens sur ce fait car un certain nombre de personnes, croyantes ou non, sont mal à l'aise par rapport au passé du pape François, qui aurait été trop silencieux face à la junte au pouvoir en Argentine, à ses tortures et à ses exactions. Mais alors, Pierre et Paul, les colonnes de l'Eglise ??? Jésus n'a-t-il pas fait une erreur de casting en s'appuyant sur des témoins qui l'avaient trahi ou combattu ?
En même temps, je crois important de rappeler certains faits. Familier des bidonvilles, le cardinal Bergoglio dénonçait le mensonge social et la dérive morale des Kirchner, à la présidence de la République. En 2005, ceux-ci avaient donc entrepris de salir l'image du cardinal : ils avaient poussé un de leurs satellites, le journaliste Horacio Verbitsky, à lancer la rumeur d'une complicité entre Bergoglio et la dictature militaire des années 1976-1983. Verbitsky fabriqua un livre qui accusait non seulement Bergoglio, mais aussi Paul VI, et qui affirmait que le futur cardinal - alors supérieur des jésuites en Argentine - avait livré deux de ses religieux aux tortionnaires de la junte. Le grief était peu vraisemblable... L'un des deux jésuites (l'autre étant mort en 2000) a démenti l'affaire. Ce démenti allait être complété par le témoignage de deux personnalités de gauche : l'écrivain et Prix Nobel Adolfo Pérez Esquivel, soulignant que Bergoglio ne collaborait pas avec la dictature ; et l'avocate de gauche Alicia Oliveira, clandestine pendant les années noires, témoignant des risques que prenait Bergoglio pour la soutenir - ainsi que d'autres militants traqués par le régime, qui se sont exprimés entre autres dans le journal "Le Monde". Maître Oliveira ajoutera qu'elle était l'avocate de Verbitsky jusqu'en 2006, mais qu'elle a alors rompu avec lui, jugeant son livre indéfendable.
Avec l'élection de François, la rumeur a fait la une de la presse européenne durant quelques jours, jusqu'à ce que les journalistes découvrent ces témoignages en faveur du pape. Témoin cet aveu du journal "Libération" le 19 mars dernier : "Les soupçons de collaboration de Bergoglio avec la dictature semblent se dissiper."
Il y a deux mille ans comme aujourd'hui, ainsi vont les choses, étrangement !
mardi 16 avril 2013
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 1.660 : Les "silences" de Saul de Tarse
Publié par
Olivier Gaignet
à
11:54
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