En suivant la progression des troupes françaises, maliennes et africaines vers le nord du Mali, je ne peux m'empêcher de penser aux Touaregs, aux Tamasheqs que j'ai eu le bonheur de connaître lors de mon séjour dans ce pays, mais aussi aux Songhaïs et autres habitants du nord du Mali.
Je pense particulièrement à Mokhtar par exemple, ce Koroboro qui, pendant neuf années, a été l'un de mes voisins les plus proches, sur le quartier du Badialan, à Bamako. Il tenait ce genre de petite boutique dans lesquelles on trouve de tout, et, entre autres, un dépôt de pain. Chaque matin, j'allais donc lui acheter mon pain. Je me souviendrai toujours du premier matin où, fraîchement arrivé de France, je suis entré dans sa boutique : il avait étendu une natte sur le sol, au milieu de ses marchandises et, à mon grand étonnement de nouvel arrivant, sans un regard pour son commerce, il était plongé dans une profonde prière, tourné bien sûr vers La Mecque. Et moi, j'étais là, à le regarder... D'autres personnes m'avaient précédé et, peu à peu, la file d'attente a commencé à s'allonger. Mais lui de continuer sa prière, imperturbablement. Cela a bien duré pas loin de dix minutes ! Je n'ai pas osé partir. Dans la file par contre, aucune impatience, aucun murmure ! Je me souviens m'être dit que jamais une telle chose ne pourrait se produire en France ! Devant quelqu'un en prière, je voyais déjà les Français, toujours pressés et plutôt intolérants, en train de trépigner et de rouspéter ! Et quel exemple nous donnait ce musulman, comme des millions d'autres qui, chaque jour, donnent bien plus de temps que nous au Dieu Unique à travers une grande fidélité à la prière !
D'autre part, je me retrouve bien dans cette déclaration de Sadou Touré, le maire de Gao : "Avec les gens du nord, nous pouvons vivre ensemble. Moi, je suis d'ethnie peul, mais je ne peux pas vivre sans mon Arabe, sans mon Touareg."
Les Arabes, les Touaregs, les Tamasheqs, ne sont pas tous des trafiquants de drogues ou des terroristes instrumentalisant l'islam au service de leurs folies ! Par contre, ces terroristes sont des types très endurants et bien armés, qui vivent dans leur tête au VII° siècle, mais utilisent une technologie du XXI° siècle : des GPS, des téléphones satellitaires, Internet. En même temps, ils ont enterré leurs dépôts d'essence, ils évitent de se regrouper, de communiquer et de se laisser enfermer dans les villes. Il ne sera pas aisé de les déloger, à travers les montagnes et les immenses étendues.
Mais surtout, pourvu que l'on écoute enfin les gens du nord, et que l'on leur donne la place qui doit être la leur au sein du Mali !
Tamasheq, mon frère, puisses-tu être respecté !
jeudi 31 janvier 2013
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 1.618 : Tamasheq, mon frère !
Publié par
Olivier Gaignet
à
08:26
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