J'évoquais hier la "bête immonde", tapie d'ailleurs, anonymement, au fond de chacun de nos coeurs et qui, sans cesse, cherche à abattre, à dévorer quiconque marche dans la lumière ; cette bête, qui représente la pulsion du mal sous toutes ses formes. J'aime bien cette expression du romancier belge à succès, Frank Andriat : "Sans l'Intime (Dieu) en moi, je suis dévoré par le loup qui m'habite."
Cependant, cette bête, ce loup, qui représente la haine, l'orgueil, la dissimulation anonyme, le désir de vengeance, n'aura pas le dernier mot ! J'en ai eu la confirmation encore hier soir, en participant, avec six autres Fontenaisiens, à une soirée de réflexion sur le dialogue interreligieux à la Roche-sur-Yon. L'animation en était assurée par une jeune pasteure protestante de Limoges, Florence Taubmann. De famille catholique, mariée à un juif, présidente de l'Amitié Judéo-Chrétienne de France, elle était bien placée, de par la diversité de son histoire, pour nous aider à voir plus loin, au-delà de nos petites frontières.
Difficile de résumer ce qui s'est vécu ! Cependant, par exemple, j'ai bien aimé la façon dont elle a présenté la vocation profonde du Judaïsme : travailler à "réparer" le monde, aider la société à s'orienter ! Les juifs étant encore, dans notre monde d'aujourd'hui, les témoins de l'Alliance du Sinaï, que nous, les chrétiens, nous avons mission aussi de faire rayonner. Et cela, la main dans la main avec les musulmans, les juifs, les chrétiens et l'immense majorité des habitants de cette terre, qui n'aspirent qu'à la paix et la fraternité.
Mais le chantier est vaste ! Il y a encore beaucoup à faire pour éliminer les préjugés qui freinent le rapprochement entre croyants des diverses religions. Nous risquons toujours en effet de juger l'autre avec nos propres critères, pourtant bien limités ! Comment apprendre à voir plus grand, plus large ? Laissons tout simplement parler notre coeur. Regardons l'autre dans la richesse de sa diversité. Florence nous expliquait que, trop longtemps, les juifs ont été victimes de "l'enseignement du mépris", selon l'expression célèbre de Jules Isaac ; passons aujourd'hui, par rapport à ceux qui diffèrent de nous, sont liés à une autre religion ou se considèrent comme athées, à "l'enseignement de l'estime".
Un grand pas alors sera fait pour déloger enfin la bête immonde de nos cerveaux et de nos coeurs. Méditons cette parole de la liturgie de ce mercredi, en Isaïe 49/8-9 : "Au moment favorable, je t'ai exaucé, au jour du salut, je suis venu à ton secours. Je t'ai mis à part, je t'ai destiné à être l'homme de mon Alliance avec le peuple pour relever (réparer) le pays, pour répartir les terres dévastées, pour dire aux captifs: "Sortez de votre prison !", et à ceux qui sont dans les ténèbres : "Venez à la lumière !"
mercredi 21 mars 2012
Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.398 : Travailler à "réparer" le monde
Publié par
Olivier Gaignet
à
07:27
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