Très souvent, j'entends des personnes en grande souffrance me faire part de leur douleur de se sentir laissées à elles-mêmes, oubliées des autres et abandonnées par Dieu ; au point que certains, confrontés à une douleur trop forte, perdent alors totalement la foi. Expérience terrible ! Appel au secours déchirant ! Quand cela est possible, il m'arrive alors de faire partager à ces personnes l'expérience de cette jeune juive Etty Hillesum, morte à Auschwitz en 1943. Voici ce qu'elle écrivait en 1942 : "Ce qui est en jeu, c'est notre perte et notre extermination (...) Mais, si Dieu cesse de m'aider, ce sera à moi d'aider Dieu. Je vais t'aider, mon Dieu, à ne pas t'éteindre en moi, mais je ne puis rien garantir d'avance. Une chose cependant m'apparaît de plus en plus claire : ce n'est pas toi qui peut nous aider, mais nous qui pouvons t'aider - et ce faisant, nous nous aidons nous-mêmes. C'est tout ce qu'il est possible de sauver en cette époque et c'est la seule chose qui compte, un peu de toi en nous mon Dieu (...) Il m'apparaît de plus en plus clairement, presqu'à chaque pulsation de mon coeur, que tu ne peux nous aider, mais que c'est à nous de t'aider et de défendre, jusqu'au bout, la demeure qui t'abrite en nous."
Dans l'homélie que je vais donner tout à l'heure à l'église d'Auzay, je donnerai alors cet exemple de quelqu'un qui n'a cherché ni à aider Dieu, ni à s'aider lui-même, ni à rendre grâce pour le soutien de ses frères. C'était un monsieur qui, pourtant, se croyait très proche de Dieu, et avait une grande confiance en lui, mais... Dans le village où il demeurait, l'on apprit un jour qu'il allait falloir quitter les lieux, car, en raison d'un véritable déluge, les eaux du fleuve tout proche allaient bientôt tout submerger. Tout le monde décida de partir, sauf cet homme ! Une dernière voiture s'arrêta devant sa maison pour lui proposer de l'emmener ; "Non, déclara-t-il, j'ai une grande confiance en Dieu ; je suis sûr qu'il va me sauver." Et pourtant, l'eau recouvrait déjà le sol du rez-de-chaussée. Un peu plus tard, passe une barque de pompiers, à la recherche de dernières personnes qui auraient pu être encore retenues dans leurs maisons ; l'eau avait déjà atteint le 1° étage, mais, là encore, le monsieur répondit qu'il n'avait rien à craindre, car Dieu le protégerait sûrement. Ne pouvant l'entraîner de force, pressés par les urgences, les pompiers repartirent. Le temps passa... Arrive alors un gros hélico, dans un bruit d'enfer, un super puma ; les secouristes l'aperçoivent, alors que cet homme est réfugié sur le toit de sa maison, accroché à une cheminée ; ils lui lancent une corde, mais celui-ci refuse de la saisir. A l'aide d'un porte-voix, les hommes de la sécurité lui intiment l'ordre de saisir le filin, mais sans résultat... Arrive alors ce qui devait arriver : l'homme est emporté par les flots déchaînés, et périt noyé.
Arrivant au ciel, furax, il ne trouve rien de mieux à faire, rouge de colère, que d'apostropher Dieu : "J'avais confiance en toi ! Jamais je n'avais douté de ton soutien ! Je t'ai attendu jusqu'au bout comme un sauveur, et tu m'as trompé, tu m'as trahi, tu n'es pas venu à mon secours ! Ah ! C'est bien fini ! Désormais, je ne crois plus en toi ! J'ai perdu la foi ! Arrête de te dire Dieu, tu n'existes pas !"
"Mon pauvre ami, lui répond Dieu ! Faut-il que tu sois sourd et aveugle ! A trois reprises, je suis venu vers toi ! D'abord, je t'ai envoyé une voiture ; mais, avec dédain, tu as refusé l'aide que je t'offrais ! Puis, j'ai signalé aux pompiers ta position, mais tu n'as pas voulu te laisser embarquer.. . Alors, finalement, en désespoir de cause, j'ai pris les grands moyens ; c'est du ciel même que j'ai voulu te sauver des eaux ; je t'ai envoyé un super puma, rien que pour toi, et tu m'as, là encore tourné le dos. Que pouvais-je faire de plus, si tu ne sais pas reconnaître l'action de ton Sauveur à travers la main que tes frères t'ont tendue et offerte pour te sauver ?"
Prenons-en de la graine ! De la même façon que les eaux du fleuve ou du Déluge, la vie actuelle cherche à nous engloutir nous aussi et, trop souvent, nous nous laissons submerger ! Profitons de ce temps de Carême pour sauter ensemble dans la barque du salut et nous laisser conduire à bon port, tranquillement, mais en ramant un peu quand même, vers le grand soleil de Pâques !
P-S : Pour éviter "l'addiction", je fais le jeûne du blog jusqu'à dimanche prochain. Merci de votre compréhension, et joyeux Carême, dans la barque (= l'Arche de Noé !) ou le super puma de Dieu !
dimanche 26 février 2012
Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.380 : "Je vais t'aider, mon Dieu !"
Publié par
Olivier Gaignet
à
07:50
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