Enterrer un ange ! Mais comment cela est-il possible ? Pourtant, c'était hier, dans la chapelle archicomble de Sion sur l'Océan, l'église de Saint Hilaire de Riez, en trop mauvais état, étant fermée au culte depuis quelque temps. Daniel, un proche de la famille, était surnommé "l'Ange gardien" lorsqu'il jouait au foot avec le SCO d'Angers. Et tandis que je voyais de nombreux jeunes envahir la chapelle avec leurs superbes gerbes de fleurs, je me disais que, sur le terrain du ciel, les anges devaient sans doute eux aussi organiser un bel accueil céleste à celui qui avait été l'un des leurs ici-bas, avac tant de talent. Et cela d'autant plus que Daniel, outre les inoffensifs ballons en caoutchouc, n'a pas cessé, tout au long de sa trop courte existence, d'arrêter également, avec autant de détermination, tous les mauvais ballons de l'histoire, sur le grand terrain de la fraternité.
Quand j'ai demandé à sa belle-fille, Manuella, en pleine cérémonie, ce qu'elle retenait de plus fort, par rapport à l'exemple de vie de son beau-père, celle-ci m'a répondu immédiatement : "son amour pour les autres, sa générosité". C'est bien de cela, justement, dont notre société d'ajourd'hui, tristounette et divisée, a le plus besoin !
L'assistance était massivement, comme souvent désormais, composée de non pratiquants, sinon de non croyants. Mais je pense que ces termes ne veulent pas forcément dire grand chose, quand il s'agit de l'avenir de l'homme et de son destin. Quand j'ai demandé à Manuella, que j'ai eu la joie d'accompagner pour son mariage avec Frank, et dont je viens de baptiser la petite Manon, pourquoi, eux qui ne sont pas pratiquants, tiennent ainsi à l'Eglise, elle m'a répondu ceci : "C'est vrai, nous n'allons pas à la messe, mais nous sommes croyants ; et pour nous, dans la famille, baptêmes, mariages, sépultures, doivent être fêtés, vécus, célébrés religieusement. Et nous sommes vraiment heureux, en plus, d'avoir un prêtre dans la famille pour cela. Vous êtes le prêtre de notre famille, et c'est très important pour nous."
En tout cas, il faut voir avec quel soin Manuella, entourée et épaulée par Frank et toute la famille, ont préparé cette sépulture. Je vois là une compréhension très profonde de ce que représentent ces grands moments de toute histoire humaine : le baptême, le moment où l'on reconnaît que l'enfant vient de plus loin que nous, qu'il a un Créateur, et qu'il faut le remettre entre ses mains ; le mariage, lorsque deux jeunes décident de faire ensemble le grand pas dans l'amour qui ne finit pas ; et la sépulture, quand il s'agit de signifier que l'on croit que la vie n'a pas pour finalité de disparaître dans le fond d'un tombeau.
Si les gens se tournent alors vers l'Eglise, ainsi qu'a voulu me le dire Manuella, c'est parce que ces moments de grands passages sont en fait des temps iniatiques, de ces instants qui vous bouleversent, vous invitent à vous élever au-dessus de vous-même ; des temps qui ont quelque chose à voir avec l'éternité.
En tout cas, Daniel, dont le couple, avec sa belle Léone, était si profondément uni, dont la table du restaurant qu'ils tenaient était si largement ouverte, nous a laissé un formidable témoignage, que je qualifierais volontiers d'évangélique, de convivialité, de partage, d'ouverture, comme de foi en la vie et en l'amour. Le cancer qui l'a emporté trop rapidement a cru avoir raison de lui ; mais il n'en est rien. En effet, jamais la mort ne pourra détruire, ni effacer, ni jeter dans l'oubli cette formidable richesse de vie qui émanait de lui. L'Ange gardien arrête les buts du désespoir, et nous renvoie la balle, pour le grand match de l'espérance et de la fraternité, sur tous les terrains de la vie désormais !
dimanche 19 février 2012
Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.373 : J'ai enterré un Ange gardien
Publié par
Olivier Gaignet
à
08:06
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