Il y a deux jours, Jean-Claude, des Restos du Coeur, qui assure la maraude chaque jeudi soir depuis des années sur Fontenay-le-Comte, m'a invité à participer à leur action au service des gens de la rue et des sans abri. Ce jeudi soir, nous voici donc partis pour une longue recherche à travers les rues de Fontenay-le-Comte et de ses abords, en compagnie de Laurent, de la Croix-Rouge, ainsi que de François et Patrick, d'Emmaüs : une belle équipe, solidaire, motivée, déterminée.
L'on circule lentement, dans la ville, attentifs plus particulièrement aux recoins sombres, bosquets, arrière-cours, tous les endroits où il y a des petits recoins susceptibles de fournir un abri à la fois contre les regards et la mauvaise température.
Les possibilités de squats sont nombreuses en effet ! Maisons vides, abandonnées, isolées, friches industrielles fort étendues, coins perdus parmi les arbres, dans les broussailles avec, ici ou là, des signes de passages récents : canettes de bières, portes plus ou moins entrouvertes, traces diverses... A moins 5° dehors, sous le froid glacial de cette nuit de février, malgré un superbe clair de lune, cela semble terrifiant. Et, c'est dans cet univers que se cachent des hommes et des femmes, jeunes assez souvent, pour essayer de survivre. Ils ont peur les uns des autres, ils ont peur de tout le monde, ils changent sans cesse de lieu de refuge ! Cependant, les seuls en qui ils ont confiance, ce sont ces bénévoles qui partagent avec eux le froid dans la nuit, et qui ne cherchent ni à les poursuivre, ni à les chasser, ni à leur faire la morale, mais seulement à leur demander s'ils ont besoin de quelque chose et à les écouter. L'excellente soupe de potiron préparée par les compagnons d'Emmaüs - délicieuse, je l'ai savourée - ainsi que le café, sont les bienvenus ! Des jeunes sont heureux aussi de se voir offrir un repas. Manger, boire, se cacher, dormir, sont devenus des besoins essentiels ! Jean-Claude me rappelle qu'il y a 140.000 personnes qui vivent ainsi dans la rue en France, dont 24% dans le grand Ouest, et 16.000 mineurs qui, évidemment, ne peuvent bénéficier du RSA...
En tout cas, marcher en silence dans les broussailles à la lisière de la ville, à la recherche de personnes dans le besoin, c'est une expérience décapante ! Impression d'entrer tout à coup dans un monde parallèle, dans une autre dimension, dans une sorte d'enfer glacial, dont les habitants essayent de survivre en fouillant dans les poubelles des restaurants ou des grandes surfaces, sans savoir ce que, demain, ils deviendront.
Cette nuit, nous avons fait 45 kms en voiture, sur les 144 kms de rues que comporte Fontenay-le-Comte, et aussi marché à pied. Tout du long m'est revenue à l'esprit, de façon lancinante, cette question de Dieu, en Genèse 4/9, que l'on peut traduire de ces deux façons : "Qu'as-tu fait de ton frère ?" ou bien : "Où est ton frère ?" J'avoue qu'en rentrant me coucher, au milieu de la nuit, j'ai eu de la peine à m'endormir ! Et en même temps, je rendais grâce à Dieu pour ces bénévoles qui, toutes associations réunies, se relaient, la nuit, tels des anges gardiens, pour permettre aux gens de la rue d'entrevoir un petit coin de ciel étoilé, un peu plus lumineux, au coeur de leur enfer !
vendredi 3 février 2012
Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.357 : Avec les bénévoles de la maraude
Publié par
Olivier Gaignet
à
07:59
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