J'étais en retard ! Hier soir, après un dîner "sur le pouce" suite à une précédente réunion, je m'apprêtais à refermer la porte du presbytère pour aller travailler avec le conseil de paroisse, à Fontaines, lorsque j'entends sonner le téléphone. Après avoir hésité, je retourne dans mon bureau pour répondre à l'appel. Bien m'en a pris ! J'entends une vieille amie, la voix en larmes, m'annoncer cette terrible nouvelle : "Mon fils vient de mourir ! J'ai voulu vous avertir tout de suite. Mais pourquoi ? C'était mon aîné ; si jeune ! Je suis désespérée. Je croyais que les médecins allaient peut-être le sauver... J'avais besoin de vous le dire. Je sais que vous n'y pouvez rien, mais ça m'aide déjà de vous le dire, et que vous m'écoutiez..."
Cette dame habite très loin ; je ne vais pas pouvoir l'aider beaucoup, du moins à travers une présence directe. D'autre part, elle n'est pas croyante du tout. Et pourtant, elle se tourne vers le prêtre : "Je viens juste d'apprendre la nouvelle, et c'est vous que j'ai tenu à avertir en premier", ainsi qu'elle me le répète.
Maladroitement, j'essaie de balbutier deux ou trois mots de réconfort ; mais elle continue de parler, de parler... Evidemment, je me dois d'abord de l'écouter. Et cela, au moins, je peux le faire ; tout le monde peut le faire. De la même façon que nous-mêmes, quand nous avons quelque chose de grave à exprimer, quel bonheur de se sentir écoutés ! Au bout d'un moment, elle me dit : "Voilà, cher abbé ; merci de m'avoir entendue ! Je sais que je peux compter sur vous !" La pauvre ! A-t-elle vraiment raison de me faire confiance ? Ne vais-je pas l'oublier en passant à présent à ma réunion ? En tout cas, je sens bien qu'à présent commence, ou plutôt, continue, mon travail souterrain d'accompagnement, à distance.
Encore que, en Dieu, toutes les distances sont abolies ! Ce matin, je présente donc au Seigneur la douleur de cette maman, ainsi que la vie de son fils disparu, du moins à ses yeux de chair. Tout à l'heure, en célébrant l'eucharistie, je porterai cette intention devant le Seigneur, en revivant le mystère de la mort et de la résurrection du Christ.
Quant à cette dame qui se dit non croyante, ce dont je suis sûr en tout cas, c'est qu'en se tournant vers un prêtre, c'est bien sûr d'un ami humain dont elle a besoin mais pas seulement sans doute ! Elle sait que je crois qu'en Dieu, la vie ne finit pas, et elle tente peut-être, sans le savoir, de rentrer dans cette même espérance. C'est bien humain ! En effet, comme le disait le héros sumérien Gilgamesh, l'un des principaux personnages de la mythologie assyro-babylonienne, bien avant les écrits bibliques : "Qu'est-ce que l'homme, s'il doit mourir ?"
Extrait de la première lecture de ce jeudi : "Mettez toujours votre confiance dans le Seigneur, car le Seigneur est le Rocher pour toujours." (Isaïe 26/4)
jeudi 1 décembre 2011
Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.296 : "Mon fils vient de mourir !"
Publié par
Olivier Gaignet
à
07:54
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