En 1914, au début de la première Guerre mondiale, le ministre britannique des affaires étrangères, Edward Grey, faisait déjà état de sa profonde inquiétude lorsqu'il déclarait : "Les lumières de l'Europe s'éteignent, et il est possible qu'elles ne se rallument jamais !" A peu près à la même époque, l'intellectuel viennois Karl Kraus publiait un livre intitulé "Les derniers jours de l'humanité". Ce n'est donc pas d'aujourd'hui que des hommes se posent la question du futur de notre planète ! Déjà, du temps de nos grands ou arrière grands-parents, ce sentiment de la fin d'un monde était largement partagé.
Pour les plus anciens, avez-vous gardé des souvenirs relatifs à ce temps-là ? Personnellement, je me revois encore, âgé de six ou sept ans seulement, assis sur la margelle du puits, dans la cour de la ferme de mes parents, au Gué de Velluire, entre mes deux grands pères, paternel et maternel, chacun racontant longuement ce qu'ils avaient vécu, l'un et l'autre, au moment de la Grande Guerre, dans les tranchées ou autres.
A l'époque, je ne prêtais à tout cela qu'une attention modérée. Tout petit, un peu dépassé par tout ce que j'entendais, je me sentais cependant honoré de me trouver ainsi un peu comme leur confident, pour des choses qui leur paraissaient fort importantes apparemment. Je m'inquiétais plutôt de la blessure reçue par mon grand père paternel, soldat du 137°, ce régiment bien connu à Fontenay-le-Comte. Ils me parlaient aussi de leur chance d'être revenus vivants, de l'inquiétude de la famille, de ce qu'ils mangeaient dans les tranchées, des "Boches" qui étaient tout près : de "pauvres bougres" comme nous, disaient-ils. Ils évoquaient aussi, parfois, la dureté des combats à la baïonnette, ou au "coutia", comme ils disaient (au couteau) ; là, je dressais l'oreille, horrifié ! Cependant, peut-être ai-je une mémoire sélective, mais je ne me souviens pas avoir entendu de paroles de haine de leur part ! Moins en tout cas que lorsqu'ils me parlaient des "doryphores" au moment de l'occupation hitlérienne durant le deuxième Guerre mondiale, en utilisant l'un des surnoms dont l'on affublait alors les occupants, dans les campagnes, en langage paysan.
Hier, nous étions très nombreux, tant à l'église Notre-Dame qu'autour des monuments aux morts ensuite dans les communes, à rendre hommage à tous ces jeunes hommes, nos aînés, en signe de reconnaissance profonde pour leur sacrifice. Monsieur le Maire de Fontenay-le-Comte rappelait cette parole de Georges Clémenceau : "On dit qu'ils sont morts pour rien ? Ils sont morts pour nous !"
De la même façon, avons-nous rappelé lors de la cérémonie religieuse, le Christ, dont la mort fut tragique également, par son sacrifice, a fendu la mort en deux, pour ouvrir dans l'avenir une brèche de lumière, qu'il nous faut à présent agrandir et élargir : de nos propres mains, à travers nos propres engagements et nos propres sacrifices à nous désormais, dans un combat permanent pour la fraternité !
Là est le défi qui nous attend car, ainsi que le prophétisait André Malraux : "L'homme moderne appartient à ceux qui vont tenter de le créer ensemble."
Merci aux Poilus de 14-18, Français ou autres, de tous bords et de tous pays, de nous avoir, par leur courage, montré le chemin !
samedi 12 novembre 2011
Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.277 : "Les derniers jours de l'humanité"
Publié par
Olivier Gaignet
à
08:06
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