A sa mort, le Mahatma Gandhi avait seulement une image dans sa chambre, celle du Christ ressuscité, et au-dessous cette citation : "Il est notre paix" (Ephésiens 2/14). J'y pensais, hier soir, lors de la rencontre annuelle des membres des six équipes liturgiques de la paroisse, sur le thème de la messe, lorsque nous avons échangé autour du geste de paix. Nous offrir la paix les uns aux autres, qu'est-ce que cela veut dire ? Pour un certain nombre, cet échange du signe de paix est un peu embarrassant. Nous savons tous en effet que, dans nos célébrations, nous n'allons pas nous placer à côté de personnes avec lesquelles nous sommes en froid ; le moment venu, ce ne serait pas très facile d'avoir pour eux un geste de paix ! Mais est-ce que nous ne sommes pas alors en train de passer à côté de l'essentiel ? Au Moyen Âge, période bien plus ouverte que la nôtre sur nombre de questions, le baiser de paix, au cours de la messe, était un moment solennel de réconciliation où souvent, les conflits sociaux étaient résolus ; la communauté retrouvait alors le chemin de la charité avant de pouvoir recevoir la communion. Dans les régions déchirées par les divisions, il n'était pas rare que le point culminant de la messe soit l'échange du baiser de paix entre les ennemis. Sans idéaliser cette époque, ce geste avait alors un sens beaucoup plus fort et beaucoup plus concret qu'aujourd'hui, où l'on se contente le plus souvent de faire une bise à ses amis ou de dire bonjour aux voisins que l'on n'avait pas salués au début de la célébration. Alors que le bonjour convivial, c'est avant la messe qu'il doit être partagé.
Attention cependant ! Nous donner la paix du Christ, c'est plus que faire amende honorable pour un mot de colère ; c'est accepter la base sur laquelle nous sommes assemblés. Nous nous retrouvons avec d'autres dans la même église non parce que nous sommes amis, ou parce que nous avons les mêmes idées, les mêmes opinions par rapport à la vie de la paroisse ou face à l'attitude diverse des prêtres, mais parce que nous sommes uns dans la paix du Christ. Ce qui compte, ce n'est pas que nous nous sentions amis et identiques, mais que la paix nous soit donnée, et que nous nous laissions alors recréer, rapprocher, dans les profondeurs de notre être. Et cela, dans le Christ qui, à travers la victoire de Pâques, a triomphé d'avance de toutes les absences, les distances, les silences, les malentendus, les déloyautés par lesquels nous sommes séparés les uns des autres et séparés de Dieu
Apaisés par l'écoute de la parole de Dieu, sachons alors contempler nos tensions et désaccords tranquillement, de manière à pouvoir partager la paix du Christ même avec ceux dont la tête ne nous revient pas. L'idéal du geste de paix : prendre sur nous pour nous ouvrir à celui qui nous ressemble le moins, au lieu de nous contenter alors de faire la bise à une copine, et découvrir qui nous sommes avec lui, devant le Christ, en Christ. Et cela, grâce à la prière de la messe, en faisant route au-dedans de nous jusqu'au plus profond de notre être, là-même où habite Dieu en qui nous ne faisons plus qu'un.
On se demandait s'il fallait faire le geste de paix tous les dimanches. S'il est mal fait, non ! Mais n'est-ce pas chaque dimanche que nous avons à refaire la paix avec nos frères ? Et pas seulement les dimanches où ça nous dit de le faire ?
Publié par Père Gaignet à 07:22
mercredi 12 octobre 2011
Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.249 : "Le Christ est notre paix"
Publié par
Olivier Gaignet
à
11:23
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