Blog de l'arche de Noé 85 n° 3034
L'hôpital, lieu de fraternité
Quand il est question d'hôpital, à quoi pense-t-on ?
A la maladie évidemment ; mais aussi à la souffrance, à l'échec, au bouleversement dans les vies, et aussi à la mort.
Effectivement, tous ces sentiments, toutes ces peurs imprègnent notre existence à tous, et plus encore sans doute lorsque l'on est soi-même hospitalisé.
Et pourtant... J'ai failli intituler ce billet : " Voici une belle histoire ". Car - surprise - il peut aussi se vivre de très beaux moments, même dans un lieu un peu " maudit " et triste comme un hôpital.
Voici par exemple ce que j'ai vécu, dans ma triste chambre, le vendredi 17 janvier.
D'abord, j'ai eu le bonheur d'accueillir pas moins de 10 visiteurs dans l'après-midi. N'y a t-il pas là un magnifique signe de fraternité ? Ces amis qui ont su prendre un petit moment pour venir me soulager, dans le pétrin dans lequel je suis plongé.
Mais la belle histoire dont je veux vous parler est la suivante. Depuis le 23 décembre, j'ai eu 4 voisins, dans ma chambre double. Vous devinez que la cohabitation n'a pas été toujours facile (bruit, télé, impossibilité de téléphoner, etc.)
Cependant, depuis quelques jours, avec le 4ème voisin, tout à changé. Jean-Paul est très agréable. Il est d'Avrillé, milite à la CIMADE (pour le soutien des étrangers). Son épouse est aux Restos du Cœur. Il a été organiste à l'église d'Avrillé (paroisse de Talmont).
Lors de nos échanges, j'ai découvert que c'était un écrivain, un poète. Il m'a dit avoir rédigé des dizaines de poèmes, sur les migrants, la vie sociale, sa maladie, etc... Je lui dit que cela m'intéresserait d'en lire quelques-uns. Aussitôt, il a demandé à son épouse d'apporter ses deux classeurs de poèmes.
Je me suis donc alors plongé dans leur lecture, et j'ai été émerveillé. Comme vous sans doute, si vous avez savouré, dans le blog précédent, son poème sur " les blouses blanches ".
Un geste de fraternité, quelques soignantes présentes lui ont demandé si elles pouvaient photocopier ce poème pour l'afficher dans leur local. Quel bel hommage pour cet homme, atteint de la maladie de Parkinson et cassé en deux.
Voyant cela, Jean-Paul, nous sentant intéressés, nous a proposé de nous lire quelques-uns de ses poèmes.
Il nous en a alors lu une bonne douzaine. Chaque fois, nous l'avons applaudi. Il était rayonnant. Je l'ai ensuite entendu raconter cela à son épouse et à ses proches, avec une grande joie.
Durant ce temps de grâce, notre chambre n'était plus un lieu pénible et maudit, encore moins une triste prison. Elle était devenue, bien plus qu'un salon de lecture, une joyeuse cellule de fraternité.
Vivre de tels moments, c'était pour nous une façon de dire à la maladie qu'elle n'aurait sur nous jamais le dernier mot.
Et si la fraternité, en Christ surtout, c'était le meilleur médicament contre toutes les infâmes maladies de l'âme, du cœur et du corps ?
Ainsi que nous y invite l’apôtre Paul : " Portez les fardeaux les uns des autres, et vous accomplirez ainsi la volonté du Christ ". (Galates 6/2)
(texte du Père Olivier GAIGNET enregistré par son ami Jean-François)
3 commentaires:
Si l'encre de ma plume avait le pouvoir d'inonder les cœurs en fraternité, je la transformerais en pluie diluvienne.
Mostefa Khellaf
Bon courage Olivier, je pense à toi dans mes prières. Jean-Louis
C'est merveilleux, c'est toi dans la maladie et la souffrance qui nous donnes la joie ! J'imagine votre moment plein de poésie, de chaleur, d'échange. Ce n'est pas le lieu qui compte, c'est ce qui s'y passe. A vous deux, ton ami Jean-Paul et toi vous réjouissez votre entourage. Cela laissera des traces en chacun, c'est sûr ! Et je rejoins ce qui était dit dans un commentaire précédent, il y a tant de monde qui prie pour toi qu'à la fin Dieu est fatigué de les écouter et il t'apporte le réconfort ! ;-)
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