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Vous avez des choses à dire...
Vous vous posez des questions, pour donner un sens à votre vie...
Vous cherchez un espace d'échange convivial pour exprimer ce que vous ressentez...
Vous attendez des réponses à vos questions...


...Alors, en réponse à vos attentes, Olivier Gaignet vous propose de vous exprimer librement.
Ici, tout pourra être dit dans les limites de la courtoisie et du respect mutuel.

Merci d'avance de votre participation.


Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



mardi 17 décembre 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 3026 : A propos des tensions actuelles vis-à-vis des Juifs

 Voici un message de Jean-Dominique Durand, président de l'AJCF (Amitié Judéo-Chrétienne de France), publié le 16 décembre 2024.

Lettre de l’Amitié Judéo-Chrétienne à ses amis juifs.
 
A nos amis juifs,

Nous sommes tous, chrétiens et juifs, au sein de l’Amitié Judéo-Chrétienne, dans la souffrance et le désarroi. Les juifs subissent un déferlement de haine antisémite, déguisée en antisionisme, que rien ne semble pouvoir arrêter. Des chrétiens, sous couvert de sentiments humanistes et de solidarité avec le peuple palestinien désignent celui-ci comme l’incarnation même de la victime, victime notamment des Juifs.

Un vent mauvais souffle dans la presse dans son ensemble, y compris parfois hélas, dans la presse chrétienne. On y reprend sans distance ni critique, le point de vue du Hamas et d’autres organisations terroristes, relayé aussi par un certain parti politique en France. En ce temps de l’Avent, à l’approche de Noël, des articles présentent l’Enfant Jésus comme « Palestinien » en lui déniant implicitement sa judaïté. S’il était né en 2022, n’aurait-il pas été massacré le 7 octobre 2023, ou bien ne serait-il pas aujourd’hui le compagnon de malheur du bébé Kfir Bibas, enlevé à neuf mois avec son frère Ariel âgé alors de quatre ans, otages à Gaza ?

Depuis le Vatican même, coup sur coup, en quelques semaines, des informations sont venues perturber les relations judéo-chrétiennes, Il y a eu la publication en novembre d’un livre du pape François en préparation du Jubilé de 2025, La speranza non delude mai (L’espérance ne déçoit jamais), puis un discours prononcé le 25 novembre, et le 9 décembre l’inauguration au Vatican, d’une crèche réalisée à Bethléem, présentant Jésus couché sur un keffieh, symbole du nationalisme palestinien. Dans le livre, le Pape s’interroge sur un éventuel « génocide » qui pourrait être commis par Israël à Gaza ; dans le discours, prononcé à l’occasion de l’anniversaire d’un traité de paix entre l’Argentine et le Chili, négocié alors sous l’égide de Jean-Paul II, il met sur le même plan la Russie et Israël et dénonce « l’arrogance de l’envahisseur » [la prepotencia del invasor, en espagnol). En ce qui concerne la pose du keffieh dans la couche de Jésus, nous savons aujourd’hui, qu’il s’agit d’un acte de provocation qui a mis le Pape devant le fait accompli.

Nous partageons l’inquiétude de la Conférence des Rabbins Européens qui, à la suite de la publication du livre de François, s’est déclarée dans un long communiqué, « profondément troublée » (We are deeply disturbed) et nous partageons avec le Comité international juif pour les Consultations interreligieuses (IJCIC) le rejet de l’accusation « catégoriquement fausse » selon laquelle Israël serait engagé dans un génocide à Gaza.

Nous ne devons pas moins continuer à faire vivre ensemble tout ce qui a été fait et proclamé par les Églises chrétiennes depuis la Conférence de Seelisberg en 1947, sous l’impulsion de Jules Isaac, puis par le concile Vatican II, par les papes successifs, de Jean XXIII à Jean-Paul II et jusqu’à François. Ce dernier, recevant l’AJCF, le 11 décembre 2022, lui a recommandé de poursuivre inlassablement son travail. Lui-même a toujours réaffirmé son refus absolu de
l’antisémitisme et en se rendant en Israël, il s’est recueilli, le 26 mai 2014 sur la tombe de Theodor Herzl et devant le Mémorial des victimes du terrorisme. Il a accueilli à plusieurs reprises des familles d’otages et réclame régulièrement la libération de tous les otages. 
 
 L’année 2025 qui s’ouvre bientôt sera l’année des soixante ans de la Déclaration Nostra Aetate. Elle doit être l’occasion de rappeler tout au long de l’année, les acquis irréversibles de l’Amitié entre juifs et chrétiens, les textes majeurs du magistère, parmi lesquels, en France, la déclaration de la Conférence des évêques, du février 2021, Lutter ensemble contre l’antisémitisme et l’antijudaïsme ainsi que les nombreux textes des Églises protestantes.
 

Nous sommes confrontés à une situation très dangereuse marquée par le renversement du vocabulaire popularisé par la presse, où les descendants des victimes de la Shoah sont accusés de génocide, les terroristes deviennent au mieux des victimes ou des résistants, au pire, des héros. Notre temps est celui d’une confusion lexicale générale, où les mots sont renversés. Ainsi se développe une agressivité tellement décomplexée que les sociologues parlent d’un « antisémitisme d’atmosphère » qui bascule dans un « antisémitisme de faits » comme le dit le Grand Rabbin de France Haïm Korsia, et malheureusement certains chrétiens n’y échappent pas.


Restons indéfectiblement unis et déterminés. A Toulon, la crèche de la cathédrale présente à l’entrée de l’étable (où Jésus n’est pas encore placé comme il se doit), une Menorah et une Arche d’Alliance. Magnifiques symboles, avec la couche encore vide, de l’attente dans laquelle nous nous trouvons, ensemble mais différents, juifs et chrétiens. Dans quelques jours, le même 25 décembre, les chrétiens fêteront Noël et les juifs allumeront dans la soirée la première lumière de Hanouka.

dimanche 15 décembre 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 3025 : "J'ai vu beaucoup d'enfants, deux petits chiens seulement !" (pape François en Corse)

 Ce pape François nous étonnera toujours ! A Ajaccio, lors de son homélie pendant la messe qui a eu lieu l'après-midi, il a déclaré ceci, suite à ses pérégrinations depuis le matin dans les rues de la ville : "J'ai vu beaucoup d'enfants, et deux petits chiens seulement. Je n'avais jamais vu autant d'enfants que partout ailleurs lors de mes voyages, sauf peut-être à Timor-Est !"  C'est vrai que les enfants étaient très présents !

Un commentateur a d'ailleurs fait cette remarque sur l'une des chaînes de télé : "François a révolutionné le métier de pape."  Ceci est peut-être trop dire, mais la façon du pape d'aborder le peuple corse a été exemplaire : son sourire permanent, sa joie évidente de saluer la foule, l'émotion qu'il a su faire naître dans le coeur des Corses, la ferveur populaire manifestée, les paroles d'espérance qu'il a prononcées..., François a su gagner le coeur de l'ensemble de la population.

Un signe qui ne trompe pas, l'association des Marocains en Corse, composée évidemment de musulmans, a fait don de 10.000 € pour aider au financement du voyage du pape.  Par ailleurs, très belle réflexion du Ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, qui a été présent toute la journée : "La visite du pape en Corse est une forme d'affection pour la France."  Il fallait que cela soit dit !

A ce propos, de la part d'esprits chagrins bien sûr, il a failli y avoir une polémique par rapport au fait que le pape n'était pas allé à Notre-Dame de Paris il y a huit jours.  Mais le pape va où il veut et quand il veut.  Et nous savons depuis longtemps que, dans ce domaine entre autres, il a en effet révolutionné le métier de pape.  Nous le savons, il aime aller visiter en priorité ceux qui sont les plus loin, les plus oubliés, et surtout, ceux qui ne sont pas censés accueillir un pape...   C'était justement le cas de la Corse !

Par contre, les messages qu'il a délivrés, s'ils étaient adressés aux Corses, concernaient, bien plus largement, les Français bien sûr, mais aussi les hommes et les femmes du monde entier.  Par rapport à la religion populaire par exemple, dont il a clos un colloque qui s'est tenu à Ajaccio ce week-end, François a souligné fortement que le fait d'allumer des cierges, de faire dire des messes, de prier le Rosaire, de participer à des processions, de souhaiter des bénédictions diverses, etc., ce n'était pas forcément désuet ni folklorique ; car les pratiques de la religion populaire, cela attire les gens, mais il faut y voir une façon d'exprimer la foi avec des gestes simples, et permettre, à partir de ces éléments, d'aller plus au fond des choses, par l'écoute et l'évangélisation.  "Il faut mettre en valeur une théologie qui part de l'homme, de ses aspirations et de ses besoins" a-t-il souligné.  Le cardinal Bastillo a renchéri avec cette expression : "Il nous faut redonner sa place à Dieu au milieu des hommes !"

La laïcité a été très largement évoquée tout au long de la journée. Le pape a présenté ce que devait être "une saine laïcité, dans un dialogue ouvert entre la société et les religions."  Justement, la façon très saine dont se vit la laïcité en Corse pourrait servir d'exemple pour l'ensemble de notre pays.  Le pape a aussi montré son respect par rapport à ceux qui ne partagent pas notre foi : "Les non croyants ne sont pas éloignés de la justice et de la vérité ; ils y contribuent pleinement !"

En fin de matinée, à la cathédrale, l'intervention de François auprès des prêtres, des consacrés et des diacres a été très interpellante.  En voici de trop brefs échos : "J'exhorte les pasteurs à rester proches du peuple et proches de Dieu ; et de garder les mains ouvertes pour partager.  Nous devons garder notre coeur centré sur le Christ. Ce n'est pas moi qui suis au centre, c'est le Seigneur.  Le Seigneur est un chef qui travaille plus que nous, ne l'oublions pas ! A chaque instant, il faut réécouter la voix du Seigneur. Prenez soin de vous et des autres ; le Seigneur est au milieu de nous quand on prend soin des autres."

Au moment de son départ, à la fin de la grand-messe, le pape a fait cette confidence étonnante : "Au milieu de vous, je me suis senti comme à la maison !"  Cela voulait tout dire, et les Corses ont apprécié unanimement !

 

samedi 14 décembre 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 3024 : Rencontre interreligieuse au sommet, à Notre-Dame

 Parmi les miracles de la résurrection de Notre-Dame, il y a eu, le dimanche 8 décembre, avant la grand-messe de réouverture, la rencontre, sous forme d'une table ronde, sur le parvis de la cathédrale, des responsables des différentes traditions religieuses en  France ; et cela, sur une chaîne du service public : Mgr Ulrich, archevêque de Paris, accompagné de Mgr Gollnisch, pour les catholiques, le rabbin Haïm Korsia pour les Juifs, Chems-Eddine Hafiz, recteur de la grande mosquée de Paris, Antony Bousssemart, co-président de l'Union Bouddhiste de France, Christian Krieger, président de la Fédération Protestante de France et Mgr Syméon Cossec, représentant l'Eglise orthodoxe. 

D'emblée, Mgr Ulrich a souligné que "les catholiques désirent accueillir tout le monde dans cette église." Haïm Korsia a alors mis en rapport ce merveilleux souhait avec celui du prophète Isaïe 56/7 : "Ma maison sera une maison de prière pour tous les peuples." Ajoutant : "Je partage la joie de mes frères catholiques."  Au moment de l'incendie, Haïm avait d'ailleurs déclaré à Mgr Aupetit, effondré : "Quoi qu'il arrive, il y aura une résurrection !  C'est ce qu'on appelle "la violence de l'Espérance", pour reprendre une formule du poète Guillaume Apollinaire."

Même certitude de la part du bouddhiste Anthony : "Quand on est unis, on va très loin ; on peut réaliser l'irréalisable !  Pour les bouddhistes aussi, Notre-Dame est un symbole fort : de grandes maîtres tibétains viennent prier à Notre-Dame."   Christian Krieger insiste sur le fait que "cette cathédrale doit être à la fois la maison de Dieu et la maison de tous, la maison du peuple."

Réflexion émouvante de Mgr Syméon, orthodoxe, né tout près de Notre-Dame : "Pour moi, Notre-Dame, c'est ma mère ! Elle représente beaucoup pour moi."   Elle représente beaucoup pour tant de gens, confirme Mgr Ulrich, évoquant les personnes en précarité qui s'y trouvent très à l'aise.  D'après le recteur Hafiz, "les ouvriers musulmans qui ont travaillé à la restauration ont aimé oeuvrer dans cette cathédrale."

Face à ces convergences, H. Korsia a expliqué ceci : "Nous nous retrouvons régulièrement, nous oeuvrons ensemble, mais nous évitons le syncrétisme.  A travers ce que nous vivons, les transcendances ne s'opposent pas, elles se conjuguent.  Mais, ajoute-t-il avec un sourire en coin, il est regrettable que notre groupe ne soit pas très féminin !!!"

Les responsables religieux ont aussi évoqué leur place par rapport à l'Etat et dans la société.  Ainsi cette réflexion d'H. Korsia rappelant que, "tous les samedis, pendant le shabbat, dans toutes les synagogues, l'on prie pour la République ; et que, dans la société, la fraternité, c'est un idéal à construire. En respectant la laïcité, mais en évitant de la confondre avec l'athéisme." Et Mgr Siméon de conforter ce projet : "Mon frère, qui vit dans la société, ne doit pas être un ennemi, mais devenir un ami !" Confirmant que "la cathédrale inspire la paix."  Unanimité encore sur ce point, d'après le recteur Hafiz : "la fraternité est notre dénominateur commun ; or, les musulmans se sentent parfois mis de côté ;  mais les religions jouent un rôle de paix. Notre-Dame est signe de paix et d'union."

Précision importante de Mgr Gollnisch  : "Les religions sont sources de conflits si elles sont manipulées."

Mgr de Moulin-Beaufort,président des évêques de France, arrivé en fin de réunion a fait remarquer ceci, en conclusion positive de cette table ronde : "Un tel échange n'aurait pas été possible, il y a 50 ans.  Ne soyons pas pessimistes !  Les choses progressent, dans nos traditions religieuses comme dans la société !"

Intervention forte du rabbin H. Korsia pour rappeler ceci  :  "C'est le Concile Vatican II qui, à travers la "Déclaration sur les relations de l'Eglise avec les religions non-chrétiennes", "Nostra Aetate" (1965), a fait évoluer le rapport des catholiques avec les Juifs et les membres des autres religions."

En tout cas, la tenue d'une telle rencontre conforte ce que nous essayons de vivre, depuis des années, dans nos régions, à travers les groupes interreligieux comme "Dialogue pour la Paix" sur la Vendée.