Le texte a de fait une valeur magistérielle et peut « servir de guide », a dit François. Fruit de trois ans de consultations et de débats, cette synthèse de 51 pages et 155 articles propose une réforme de la gouvernance de l’Église, voulue plus participative. La Croix a identifié 10 propositions concrètes formulées par l’Assemblée. Sans être exhaustives, elles donnent une idée précise des réflexions les plus abouties de ce Synode.  En voici une, concernant les femmes :

Renforcer l’accès des femmes à des postes à responsabilités

Particulièrement scrutée, la question de l’ouverture du diaconat aux femmes a fait l’objet d’un revirement. Le sujet, qui avait été confié à un groupe de travail dédié, n’était pas présent dans le brouillon présenté lundi 21 octobre salle Paul-VI. La mention du diaconat féminin est cependant réapparue dans le texte final : « Il n’y a pas de raison ou d’obstacle qui devrait empêcher les femmes d’exercer des rôles de "leadership" (de guides) dans l’Église : ce qui vient de l’Esprit Saint ne peut pas être arrêté », dit le document (article 60), qui insiste bien plus que les précédentes versions sur les  "obstacles" auxquels les femmes sont confrontées dans l’Église.

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La place me manque pour développer ce qu'il en est de l'ensemble des propositions faites par le Synode.  Je vous laisse juste quelques-unes des réflexions qui ont pu être faites par rapport au diaconat féminin plus particulièrement.

Jusqu'ici, l'on évoquait plutôt la possibilité d'une reprise de la mission des diaconesses telle qu'elle s'est vécue lors des débuts de l'Eglise : elles participaient au service de la charité pour tous, elles assuraient une certaine présence dans quelques ministères, mais lesquels ?...   Par contre, aujourd'hui, l'on ne cherche plus à trouver des arguments historiques pour restaurer un ancien ministère féminin, adapté à une autre époque, ni à actualiser quelque chose du passé.

La question qui se pose actuellement est la suivante : de quels ministères, exercés par des femmes, le peuple de Dieu a-t-il besoin aujourd'hui ?  La question est urgente, car l'absence des femmes dans les ministères a coïncidé avec une dérive "sexiste-cléricale" de l'Eglise, qui n'a pas su laisser resplendir son vrai visage d'humanité nouvelle, où les hommes et les femmes sont revêtus, en vertu de leur baptême, par une même dignité.  Et nous sommes encore pas mal victimes de cette idéologie rétrograde, qui a placé les hommes au-dessus des femmes, dans l'Eglise comme dans nos sociétés ; et ceci, dans nombre de domaines, y compris quand on place les garçons au-dessus des filles, parmi les servants d'autel, en réservant aux garçons l'accès à l'autel !  Et cela, en contradiction totale avec l'égale dignité des hommes et des femmes, bien qu'ils aient reçu un même baptême !

En effet, pour manifester sa véritable identité, l'Eglise a besoin des femmes.  Il ne s'agit pas de répondre à une idéologie féministe, qui voudrait imposer la place des femmes, mais tout simplement, de revenir à la source de vie du peuple de Dieu, le baptême, là où toute vocation naît et s'épanouit.  D'autre part, et si l'on regardait de plus près comment Jésus, tout au long de l'Evangile, donne la possibilité aux femmes qu'il rencontre d'être actives et créatives au service de ce même Evangile ?  Et cela, pas forcément de la même façon que les disciples mâles !  Cela pourrait être très éclairant...

Quand on parle du "sacerdoce commun des fidèles", qui nous est communiqué par le baptême, cela signifie que les femmes, comme les hommes, sont "rois, prêtres et prophètes", et que cela doit se manifester au sein de l'organisation du peuple de Dieu.  Les femmes, en tant que baptisées, participent en effet comme les hommes au sacerdoce du Christ, et pas en un degré moindre !

Et en même temps, l'homme et la femme sont deux réalités qui expriment une diversité complémentaire : l'homme "engendre", et la femme "met au monde".  Quel type nouveau de service, en conséquence, faut-il envisager ?  Pas forcément en copiant ou en reproduisant le modèle du diaconat masculin...  Il va sans doute falloir inventer, faire du neuf ; notre Eglise va-t-elle s'en donner les moyens ? Ce qui est courageux aujourd'hui, c'est la nouveauté, et non la simple restauration de quelque chose qui appartient au passé.  La tentative de restauration est anachronique.  Tandis que la recherche de la nouveauté est prophétique, parce que la nouveauté doit tenir compte des situations actuelles, et de la place éminente et véritable de la femme au sein de nos sociétés en ce 21° siècle.

Je ne saurais en dire plus ; nous aurons peut-être quelques éclairages supplémentaires bientôt à ce sujet ; mais la question du diaconat féminin, sous une forme à inventer sans doute, ne semble pas avoir été jetée aux oubliettes.  Heureusement ! Car, comme le dit le document final du Synode, "ce qui vient de l'Esprit-Saint ne peut pas être arrêté !"