L'évangile de ce jeudi, en Luc 6/27-38, représente sans doute l'une des paroles de Jésus les plus difficiles, non seulement à comprendre, mais surtout à vivre, lorsqu'il nous demande avec instance d'aimer nos ennemis. Mais enfin, pensons-nous, telle personne, ou même parfois des groupes nous ont fait du mal ; on ne va quand même pas se laisser faire... Nous avons notre personnalité nous aussi ! Pas question de baisser notre froc ni de nous laisser marcher dessus... D'ailleurs, ce que Jésus nous demande, n'est-ce pas quelque chose d'impossible à réaliser ?
Alors là, pas de réponse, si ce ne sont des faits qui nous disent que c'est peut-être possible... Ce matin, à l'eucharistie, j'ai partagé quelques exemples qui m'ont marqué ; rien ne vaut le témoignage en effet.
Il y a des années, en paroisse, je rencontrais un père de famille, fort sympathique, très ouvert, mais, pour des raisons diverses, et je n'ai jamais bien compris pourquoi, contesté, rejeté, ainsi que son épouse, par leurs deux enfants. Au milieu de ces grandes souffrances, un jour, ce papa, d'une grande foi, m'a déclaré ceci : "Désormais, j'ai pris la décision de rendre le bien pour le mal." Cet engagement m'a beaucoup touché ! Surtout lorsque, l'ayant rencontré il y a quelque temps, j'ai eu le bonheur de l'entendre me dire : "Grâce à l'aide du Seigneur, nous avons pu nous réconcilier avec nos enfants." Et d'ajouter : "Combien de fois j'ai été tenté de leur faire des reproches ; mais le Ciel m'a retenu, car seul, je n'y serais pas arrivé !"
Autre fait étonnant : quel symbole magnifique nous ont offert les JO le 30 juillet, avec cette photo des athlètes pongistes nord-Coréens, sud-Coréens et Chinois, filmés ensemble, très souriants, alors que leurs pays sont quasiment en guerre. Serait-il donc possible de s'aimer entre "ennemis" ? Oui ! C'est du moins le message de type "évangélique" que ces athlètes nous ont laissé : un bel exemple pour le reste du monde, les chefs d'Etat et chacun d'entre nous.
J'ai évoqué également ce matin un fait qui me tient à coeur : quand Martin Niemoller, pasteur allemand, fut arrêté par les Nazis durant la 2ème guerre mondiale, il priait chaque jour dans sa cellule pour ses ravisseurs. Les autres prisonniers lui ont demandé pourquoi il priait pour ceux qui étaient ses ennemis ! "Connaissez-vous des gens qui ont plus besoin de nos prières que nos ennemis ?" A-t-il répondu.
Proposition de prière : "Seigneur, j'ai de la haine pour cette personne ; mais ça, tu le sais déjà ! Je sais que toi, tu aimes cet individu ; mais moi, je n'y arrive pas avec mes propres forces. Viens déposer un peu de ton immense amour dans mon coeur, un peu de cet amour que je ne peux pas produire par moi-même. Donne-moi la force de prier pour les gens que je n'aime pas, et sinon de me rapprocher d'eux, du moins, d'éviter de colporter du mal à leur sujet."
"Alors, votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut, car lui, il est bon pour les ingrats et les méchants (...) La mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous !" (Luc 6/35 et 38)
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