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Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



samedi 5 novembre 2022

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2786 : Quel avenir pour l'Eglise ?

 Voici une réflexion très intéressante du Père Laurent Stalla-Bourdillon, aumônier des parlementaires, parue dans le journal "La Vie".

 

L’Église catholique de France, fragilisée par les révélations du rapport de la commission indépendante sur les abus sexuels (Ciase) n’échappera pas à un audit de ses modes de fonctionnement. Elle vient d’y consentir en adoptant, le 8 novembre 2021, des mesures courageuses et nécessaires au terme de l’Assemblée plénière des évêques de France réunis à Lourdes.

Ils y furent encouragés par la vaste réflexion synodale voulue par le pape François. Un chemin d’écoute et d’humilité pour se réorienter, sortir des impasses et se donner les moyens de remplir sa mission. Du recrutement de ses prêtres à leur formation, de la promotion à de hautes fonctions dans la hiérarchie ecclésiastique aux outils de contrôle, tout le système d’administration de l’Église catholique appelle un examen profond. Il en va de sa place dans un monde en pleine mutation qu’elle peine à rejoindre et à comprendre.

Interroger les procédures d'admission

Peut-être faut-il rappeler avant toute chose que, selon la foi chrétienne, l’Église catholique n’épuise pas à elle seule l’Église du Christ, c’est-à-dire son Corps ressuscité vivifié par l’Esprit saint, amour éternel source de vie éternelle. Bien qu’assombrie par des divisions et encore captive de logiques de pouvoir, d’autorité qui finissent par dégénérer en abus, l’Église demeure au service d’une espérance intacte dans et pour le monde, semée dans la vie de tous les baptisés.

Si plusieurs chantiers sont prévus, dont l’accompagnement du ministère des évêques et des prêtres, il faudra oser interroger les procédures d’admission, de suivi et de « promotion » du clergé catholique afin qu’elles ne relèvent plus d’une cooptation discrétionnaire. Tout membre du clergé « naît » au terme de décisions prises par des conseils selon des modalités qui restent inconnues en dehors du cercle restreint de ceux qui participent au choix.

Ce conseil demeure souvent constitué exclusivement d’hommes eux-mêmes déjà engagés dans le sacerdoce, de sorte que l’institution sélectionne son clergé sur des critères correspondant à la reproduction indéfinie d’un idéal établi. Si les évêques ont voté la participation d’au moins une femme au conseil de chaque séminaire avec droit de vote, qu’en sera-t-il de la nomination des évêques ?

La faible capacité de l’Église catholique à renouveler ses cadres la conduit à affecter les prêtres à des missions sans en préciser clairement les objectifs et sans s’assurer qu’ils présentent les conditions requises pour l’exercice des ministères qui leur sont confiés.

Lorsque prime le besoin d’assurer la continuité des activités, ce sont les compétences, acquises ou requises, qui cessent d’être correctement évaluées. En somme, l’absence criante d’anticipation des besoins et des moyens nourrit l’impression d’une gestion hasardeuse. Il n’y a pas de mal à ne pas avoir toutes les compétences, mais il est dangereux de ne pas le reconnaître.

Une relation verticale

Allons plus loin. Lorsque des prêtres sont appelés à l’épiscopat, leur gouvernance vient révéler leur personnalité, et malgré leurs qualités, leurs difficultés à user d’un pouvoir de décision très exclusif et selon des processus trop incertains quand ils existent. L’essentiel de la vie ecclésiale apparaît aujourd’hui trop concentré sur la relation verticale fondée sur l’évêque et son autorité.

Les trois charges d’enseigner, de sanctifier et de gouverner, qui sont la responsabilité de l’évêque selon le concile Vatican II, souffrent d’une lecture trop personnalisée et prive l'Église de précieuses collaborations. La centralité de l’autorité, doublée de l’obéissance religieuse qui lui est due, fait perdre en capacité d’analyse et augmente les risques.

Autrement dit, sans réel contre-pouvoir, l’autorité spirituelle se décline en autorité fonctionnelle, induisant une nouvelle confusion entre des ordres de natures différentes. Les attentes que suscite aujourd’hui le ministère épiscopal font peser sur les évêques une charge excessive au point d’épuiser leur capacité de rayonnement personnel.

Faire évoluer les pratiques

Les processus d’accès à la charge épiscopale méritent une attention particulière. Ne ressort-il pas d’un processus trop discrétionnaire et opaque pour être compris des fidèles ? Ceux-ci n’ont-ils pas un avis à donner sur celui qu’ils vont recevoir comme évêque ?

Après tout, les modes de désignation des évêques ne sont pas immuables. L’usage établi de dire que le pape nomme les évêques est et demeure une fiction. En vérité, le pape confirme un choix, résultant d’une sélection préalable, de prêtres qu’il ne connaît, sauf rares exceptions, pas du tout.

Pour marquer ces processus humains du sceau de la volonté divine, on nimbe l’appel à l’épiscopat du surnaturel. Le procédé n’est pas sans risque, car il déclasse la logique de l’écoute, et nourrit les intrigues de pouvoir. Rien de nouveau dans ce domaine. Les évêques reconnaissent volontiers qu’ils sont eux-mêmes surpris par l’annonce des nominations.

L’Église catholique n’aura pas fait évoluer ses pratiques à la manière d’autres institutions qui ont instauré des codes de bonnes pratiques. Sa singularité religieuse justifiait-elle son isolement auquel elle s’est progressivement condamnée sous ce rapport ?

On peut se le demander, tant ses logiques d’organisation paraissent aujourd’hui à bout de souffle. Sa manière souvent improvisée d’habiter le débat public et de communiquer a produit, contre son gré, une grande impression d’amateurisme.

Renouer le dialogue avec le monde

Dans ce monde nouveau de la communication numérique, l’heure est venue pour l’Église catholique de redéfinir ses priorités et de choisir les mots qui les énoncent. À cette condition seulement, elle évitera un nouveau déclassement et sortira de sa marginalisation. En conjuguant une plus grande participation des fidèles, une écoute des pulsations du monde et un engagement fidèle au service des plus pauvres, elle vaincra le discrédit moral qui l’affecte aujourd’hui.

L’heure est venue pour l’Église d’accepter humblement l’aide qui lui est indispensable pour développer une réflexion critique et renouer son dialogue avec le monde. L’heure est venue pour l’Église de renoncer à sa présomption d’excellence mal fondée. L’heure est venue de retrouver le primat spirituel de sa mission et la vie mystique de toute personne.

L’Église catholique trouvera une aide précieuse dans les regards que la société porte sur elle, dans ce qu’elle attend d’elle, comme vient de le faire la commission présidée par Jean-Marc Sauvé. Elle ne peut se désintéresser de ce qu’elle représente pour l’opinion.

Elle doit savoir que la confiance se fonde sur quatre piliers que sont la fiabilité, la crédibilité, la proximité et la transparence. Ainsi, sans abandonner la beauté de son message, elle doit au monde une considération qui l’illuminera d’unemême beauté

3 commentaires:


TESSIER DENIS a dit…

Cette autocritique de l’Eglise est bien représentative de l’époque actuelle. S’il s’agissait d’une ONG cette réflexion que je qualifierai de ‘’progressiste’’ serait plus à propos.
Je ne vois pas comment les ‘’fidèles’’ pourraient avoir un avis éclairé pour la nomination de leur Evêque.
Tant qu’au rapport SAUVE, sa réalisation a procédé de la même façon, faire la lumière, agir dans la transparence.. Quitte à en rajouter (d’une façon très contestable) pour aller dans le sens de l’opinion public.
A mon avis l’Eglise n’a pas à ‘’s’adapter’’ aux ‘’tribulations’’ de notre époque, mais à s’affirmer dans les valeurs qui sont les siennes.

Marie-France Dauce a dit…

Cet état des lieux est très lucide.

l'Eglise se trouve à un tournant, et si elle ne sait pas le prendre, on peut craindre pour son avenir. Ce matin, à Lourdes, lors de la messe du Jour du Seigneur, l'évêque Éric de Moulins Beaufort a exprimé cette nécessité pour l'Eglise de se réformer...il faudra sans trop attendre que ces engagements se concrétisent.
La confiance de nombreux fidèles est très ébranlée, et peut-être particulièrement dans notre diocèse. Il va falloir passer aux actes, après les paroles, et le faire en s'entourant de personnes capables de changer les regards!

Vaste chantier! Prions pour que notre Eglise sache évoluer positivement...

Gilles BELY a dit…

En écho douloureux à la réflexion lucide et malheureusement prémonitoire du Père Laurent Stalla-Bourdillon et aux scandales à répétion jusque dans les hautes sphères de la hiérarchie française et romaine, les chrétiens abusés dans leur foi par des "valeurs" bafouées, trouveront peut-être un peu d'espérance dans l'éditorial de 'La Croix " d'aujourd'hui, intitulé "Sidération".
Je cite les dernières lignes: "L'heure est à la colère et à la consternation. Viendra le moment de la reconstruction. Pour cela, les évêques n'auront pas d'autres choix que de s'appuyer sur les fidèles qui auront traversé cette épreuve avec eux."