Homélie du dimanche du Bon Pasteur, à Longeville-sur-Mer, ce dimanche 8 mai
Je suppose que tous, dans notre
région, nous connaissons des voisins ou des proches qui élèvent des
moutons. Si vous discutez avec eux, vous
serez impressionnés par leur capacité à reconnaître les brebis qui sont en leur
possession. Le vrai berger en effet, à force de veiller sur son troupeau, de le
guider, de l’observer, d’en prendre soin, il connaît en effet ses brebis par
cœur ; on pourrait même dire, par le cœur.
D’ailleurs, souvent, il les appelle chacune par son petit nom, avec une certaine tendresse. Qu’il en manque une à l’appel, ou bien qu’une autre boite un peu, il le remarque aussitôt ! Et même s’il est fatigué, il se mettra à la recherche de la brebis perdue, ou il fera tout pour que celle qui est malade se sente mieux.
A l’époque de Jésus, il y avait de très nombreux pasteurs en Israël. Pas étonnant donc qu’il ait choisi cette image du bon berger pour exprimer sa relation avec l’humanité. Bon pasteur, Dieu ne supporte pas qu’une seule de ses brebis ne trouve plus son chemin et finisse par mourir de faim et de soif dans le désert. De même que le bon berger charge sur ses épaules la brebis qui n’a plus la force de marcher, le Christ nous porte tout au long de notre vie, et plus encore dans les moments difficiles.
Cependant, vous allez me dire, comme nous l’avons entendu souvent depuis le début de cette guerre en Ukraine : mais à Marioupol par exemple, où est le Bon Pasteur ? Dieu a-t-il oublié ses brebis, malheureusement enterrées au fond des sous-sols de cette fameuse usine Azovstal ? Et cela, alors qu’il nous était promis, à travers la 2° lecture, « qu’ils n’auront plus faim, qu’ils n’auront plus soif…, puisque leur pasteur les conduira aux sources de la vie, et que Dieu essuiera toute larme de leurs yeux… »
Terrible question ! Et si
l’on prie pour que cesse cette guerre horrible, comment se fait-il que Dieu ne
réponde pas ? On peut avoir
l’impression d’une certaine inefficacité de notre prière. Alors, si l’on croit encore que Dieu est le
maître de l’histoire, qu’est-ce que cela signifie ? Attention cependant à ne pas accuser Dieu de
ne rien faire pour régler les problèmes de notre planète : n’a-t-il pas
mis ce monde entre nos mains ?
Par exemple, si, le 9 mai 1950, la France et l’Allemagne, et quelques autres nations européennes, après s’être jetées à la gorge les unes des autres, ne s’étaient pas prises en main, ne s’étaient pas réunies pour tourner le dos à la haine et construire ensemble une Europe de la paix, Dieu n’aurait rien pu faire ; car Dieu ne peut rien bâtir sans nous. Comme on le dit souvent : « Dieu n’a pas de mains ; il n’a que les nôtres ! » En cette veille de la fête annuelle de l’Europe, rappelons-nous le magnifique discours de Robert Schuman, le 9 mai 1950, en ces temps où certains remettent en cause la fraternité et l’unité du continent européen.
On dit que le Bon Pasteur ne fait rien pour arranger la situation. Mais la paix, ce n’est pas un produit qui va tomber tout cuit du haut du ciel. Et si on ne se contentait pas de condamner les méchants de ce monde, mais si on priait d’abord pour eux ? Est-ce que nous y pensons ? Mais nous-mêmes, sommes-nous de vrais artisans de paix ? Le pape Jean-Paul II avait eu une belle expression à ce propos, quand il déclarait : « Quand sur la terre, des personnes prient pour la paix, et oeuvrent en faveur de la paix, l’Esprit-Saint se met au travail. » Là en effet, Dieu se met à bouger !
Je vous partage cette réflexion de sainte Thérèse d’Avila : « La prière qui n’est pas suivie de l’action, c’est une hypocrisie. » En d’autres termes, si je fais des prières pour la paix, mais que je suis fâché avec mon beau-frère, et que je ne fais rien pour me réconcilier avec lui, que vaut donc ma prière ?
Le Bon Berger en effet, ce n’est
pas un grand fait-tout, qui pourrait régler sans nous tous les problèmes de la
terre. Cela, ce serait la définition d’un prestidigitateur, ou d’un dieu païen « tout
puissant » au mauvais sens du terme.
Il ne faut pas se tromper quant à la présence et à l’action du Bon
Pasteur : c’est celui bien sûr qui nous porte sur ses épaules quand ça va
mal ; celui qui nous encourage et nous réconforte, celui qui essuie toute
larme de nos yeux. Mais c’est en même temps celui qui a mis cette planète entre
nos mains pour que, par notre prière et notre action, nous puissions peu à peu
faire naître et grandir un monde nouveau.
En tout cas, retenons une chose : malgré les apparences, Dieu n’est pas inactif ! Ainsi que le disait le père Teilhard de Chardin en effet : « Dieu ne se cache pas ; au contraire, il travaille de toutes ses forces » ; en nous et au milieu de nous ! Amen ! Alléluia !
2 commentaires:
" Mes brebis écoutent ma voix." Il ne s'agit pas simplement d'entendre mais d'écouter. Cette voix s'entend dans le silence et les rencontres vraies entre les hommes ; elle attire et met debout.
" Je connais mes brebis." La connaissance de Jésus pour chacun(e) de nous atteint sans doute le plus haut degré de l'Amour! Il est venu pour rassembler ses brebis et leur donner la vie éternelle.
Le pape François nous invite à "marcher ensemble" par notre participation au synode. Une manière de faire Eglise, aujourd'hui, dans l'attitude du troupeau qu'évoque l'Evangile.
Merci pour ces partages d'homélies qui nous éclairent et nous font du bien chaque semaine.
Il importe d'écouter la voix de Jésus dans le silence et la prière. Sa Parole nous porte à agir ou à nous ouvrir aux autres.
"Dieu n'a pas de mains; il n'a que les nôtres !"
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