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...Alors, en réponse à vos attentes, Olivier Gaignet vous propose de vous exprimer librement.
Ici, tout pourra être dit dans les limites de la courtoisie et du respect mutuel.

Merci d'avance de votre participation.


Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



jeudi 21 avril 2022

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2730 : "Avant de voter, relisons l'Evangile !" (Gilles Bély)

 Voici aujourd'hui la, réflexion de Gilles Bély, qui a déjà rédigé plusieurs billets sur ce blog.  Merci à lui !

On regrette que les évêques n'arrivent pas à s'engager clairement ; mais, l'Eglise, n'est-ce pas le Peuple de Dieu ?

En conséquence, ce sont peut-être des laïcs, membres éminents du Peuple de Dieu comme les évêques, même si leur rôle est différent, qui jouent aujourd'hui ce rôle de prophètes de l'Evangile...

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 "Je partage entièrement les réflexions de votre groupe à propos de l'élection présidentielle. Je suis en total accord avec la tribune de Christian Delorme publiée dans "Le Monde". L'éditorial de ce journal est titré aujourd'hui: la discrétion de l'Eglise face à l'extrême-droite.


Les chrétiens espéraient, à la lumière de l'Evangile,  un éclairage sur l'importance fondamentale du vote de dimanche et sur notre responsabilité individuelle et collective. La position des évêques de France me navre et me blesse. A l'instar de Ponce-Pilate, ils se lavent les mains en ne faisant quasiment pas de différence entre les deux candidats. En 2002, leurs prédécesseurs avaient su, eux, prendre position contre la peur, la haine et le mépris, portés par l'extrême-droite. En 2022, on en est très loin!


Cette lumière attendue nous vient en réalité de l'attitude  des Protestants de France. Ils mettent clairement en garde contre les dangers de l'extrême-droite: libertés menacées, exclusion des étrangers, République contestée...


On peut y ajouter la soumission au régime de Poutine, la destruction sournoise de l'Europe, la tentation du coup d'Etat contre la Constitution.


Oui, dimanche, avant de voter, prenons le temps de relire l'Evangile."

 

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 "Que les évêques de France disent qu'aucune voix chrétienne ne doit aller à l'extrême droite le 24 avril" : l'appel de Christian Delorme, prêtre à Lyon.

Alors que le christianisme est transformé par une partie de l’extrême droite en « idéologie de haine et d’exclusion », le prêtre du diocèse de Lyon appelle les évêques à se prononcer en faveur d’Emmanuel Macron, sans lui donner un blanc-seing.

Publié le 18 avril 2022, dans le journal Le Monde.

Triste répétition : voici cinq ans déjà, en mai 2017 et dans Le Monde déjà, je m’autorisais – sans succès ! – à en appeler à une parole publique de la part des évêques de France pour que ceux-ci affirment collectivement qu’un vote en faveur d’un(e) candidat(e) d’extrême droite est incompatible avec la foi chrétienne. Me voilà condamné à réitérer aujourd’hui cet appel, alors que, davantage qu’en 2017, la candidate Marine Le Pen a la possibilité de remporter cette élection présidentielle.

Mon appel n’a guère de chance d’être entendu – qui suis-je, d’ailleurs, pour prétendre avoir le droit d’être entendu ? –, mais je peux néanmoins espérer que quelques évêques oseront une parole claire, avant le dimanche du choix décisif. Je sais, aussi, que beaucoup de catholiques, laïcs, religieux (ses) et prêtres, ont (heureusement !) les mêmes attentes que moi

Une « contre-offensive » chrétienne

Les chiffres du premier tour de l’élection présidentielle sont terrifiants : selon une étude de l’IFOP pour le quotidien La Croix, si on cumule les scores de Marine Le Pen, d’Eric Zemmour et de Nicolas Dupont-Aignan, 40 % des catholiques pratiquants ont voté pour l’extrême droite ! C’est là un échec considérable pour l’Eglise et pour le christianisme en général. Comme l’échec terrible que représente, pour la démocratie française, cette confiance que tant de citoyens français croient pouvoir mettre désormais dans des personnes prônant des valeurs contraires aux fondements mêmes de cette démocratie.

Face à des mouvements migratoires qui appartiennent à l’histoire naturelle du monde mais dont la réalité est fortement travestie, et par peur de l’essor, dans notre société comme dans le monde entier, d’un islam de plus en plus prégnant, une partie de l’extrême droite en appelle, manifestement avec succès, à une sorte de « contre-offensive » chrétienne… dans une société majoritairement déchristianisée.

« Cette “extrême-droitisation” du catholicisme français représente une tragédie au moins aussi affligeante que l’ultra-déchristianisation de notre société »

Mais de quel christianisme s’agit-il ? Certainement pas d’un christianisme se référant au témoignage de Jésus de Nazareth, lui qui a prêché l’accueil de l’étranger, la fraternité universelle ! Il s’agit d’un christianisme sans Jésus ! Il s’agit d’un christianisme transformé en idéologie de haine. D’un christianisme de l’exclusion de l’autre. Autrement dit : d’un christianisme perverti, d’une hérésie contemporaine. D’une instrumentalisation politique du christianisme comme il n’en a pas manqué au cours de l’histoire, et comme en témoigne aussi de nos jours l’actuel patriarche orthodoxe de Moscou encourageant et bénissant l’agression russe contre l’Ukraine.

Cette « extrême-droitisation » du catholicisme français représente une tragédie, au moins aussi affligeante (pour un chrétien, en tout cas !) que l’ultra-déchristianisation de notre société. Contrairement à ce que croient les promoteurs du retour à un catholicisme identitaire, qui comptent faire ainsi revivre le message chrétien en France, ce qui est en train de se passer va accélérer plus encore la déchristianisation du pays, car on ne saurait sauver le message en le trahissant ou en l’édulcorant. Je ne sais si des évêques prendront le noble risque de dire cela ces prochains jours, mais en tout cas, il y a dans cette dérive massive un urgent sujet de réflexion pour les théologiens autant que pour les pasteurs !

Autorité morale affaiblie.

On sait pourquoi, en 2022 comme en 2017, les évêques catholiques de France, réunis le 6 avril à Lourdes, se limitent à un appel au discernement personnel et en conscience des catholiques, sans nommer le mal et le danger. L’horreur et l’ampleur des crimes pédophiles dans l’Eglise ont considérablement affaibli l’autorité morale de cette dernière. On peut comprendre que les évêques hésitent désormais à se poser en donneurs de leçons. Dans une société de moins en moins encline à prêter attention à des recommandations ou à des diktats d’origine religieuse, les évêques peuvent également craindre de se voir accuser d’atteinte à la laïcité (ce que ne manquera pas de dire Marine Le Pen s’ils osent une parole !).

Quand bien même ceux qui, parmi eux, sont susceptibles de voter à l’extrême droite se comptent sur les doigts d’une main, on sent également une crainte, dans l’épiscopat, de toute division interne. Il y a, pareillement, la peur de déchirer les communautés chrétiennes, et même la peur de devoir faire face à la fronde – ou à la désertion – d’une part importante des forces militantes actuelles du catholicisme français, qui s’inscrit de plus en plus dans cette dynamique du catholicisme identitaire.

Pourtant, dans d’autres domaines, comme les sujets dits « sociétaux » (mariage ouvert aux personnes homosexuelles, euthanasie, avortement…), les évêques semblent moins soucieux de ne pas se montrer clivants. Cela signifierait-il que, pour eux, l’allongement des délais pour avorter, ou l’accès volontaire à l’euthanasie seraient plus graves que la mise en péril de notre système démocratique et de la construction européenne ? Je ne peux le croire !

Il faut que les évêques de France, au moins les plus courageux d’entre eux, sachent dire : « Aucune voix chrétienne ne doit aller, dimanche 24 avril 2022, à l’extrême droite ! » Il faut, en tout cas, qu’une majorité de baptisés et de prêtres le crient haut et fort. Appeler à voter, du même coup, pour le président sortant ne signifie pas, pour autant, donner à celui-ci un nouveau blanc-seing. Il y a dans ce pays trop de souffrances, trop d’inégalités, trop de colères pour que ce qui fait système depuis maintenant tant de décennies continue de la même façon. Mais les deux candidatures ne sont pas comparables. L’une n’est pas fermée à davantage d’humanité, l’autre nous conduit au chaos.

Christian Delorme est prêtre du diocèse de Lyon. Très engagé auprès des migrants, il a été un des initiateurs de la Marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983. Il est l’auteur, avec Rachid Benzine, de « La République, l’Eglise et l’islam » (Bayard, 2016).


        Merci à Bernard Robert, qui m'a communiqué l'ensemble de cette déclaration.

1 commentaires:


Marie-France Dauce a dit…

Merci Olivier de partager in extenso cette tribune que j'évoquais dans mon précédent commentaire.

Je partage ce que dit Gilles Bély. Il est désolant que les évêques ne se manifestent pas clairement pour s'opposer à l'idéologie de l'extrême droite en contradiction aveuglante avec le message de l'Evangile.

Alors, n'ayons pas peur, nous laïcs, de prendre position. J'ai signé tout à l'heure une pétition, lancée par Christine Pedotti, c'est une lettre ouverte aux 40% de catholiques qui ont voté pour l'extrême droite au 1er tour. Le ton n'est pas agressif, et la démonstration est faite là aussi du caractère anti évangélique de ce choix.