15° dimanche B - Parc de Bourgenay - 11 juillet 2021
Chers amis, ce n’est pas moi qui vais vous apprendre que, chaque dimanche, à travers les lectures, et en particulier l’évangile du jour, Jésus en personne vient donner à chacun personnellement, mais aussi à l’Eglise et à l’ensemble de l’humanité, notre feuille de route pour la semaine à venir.
Une feuille de route, vous savez ce que c’est ? Ce sont des conseils, des pistes d’action que nous venons rechercher au cours de la messe, et qui ont pour but de nous permettre de progresser intelligemment sur le chemin de la Vie, avec les autres et avec Dieu.
Résumons-les brièvement : pas de pain, pas de sac, pas d’argent ; même pas de vêtement de rechange… Diantre, faut-il prendre ces conseils à la lettre ? Si oui, ce petit séjour que nous avons programmé au bord de la mer ne va pas être très drôle ! Notons que Jésus nous octroie quand même le droit de posséder une paire de sandales, et d’avoir un bâton ; pour chasser les chiens ? Ou pour nous aider à avancer plus aisément… Pour terminer, vous l’avez entendu, nous sommes aussi invités à nous convertir, et à travailler à expulser les démons !
Essayons de traduire tout cela. Et si l’appel de Jésus à ne rien emporter pour la route, cela signifiait que, au coeur de cet été, il nous fallait apprendre à dégraisser un peu notre vie, à faire le tri au sein de nos existences encombrées. Et si cela était un appel à profiter de ce temps de vacances pour en revenir à l’essentiel ? Pour trouver enfin le moyen de nous libérer de ce qui est superficiel, inutile dans nos vies ?
« Mettez des sandales », nous dit encore Jésus ; en d’autres termes, n’ayons pas les pieds lourds et encombrés ; c’est-à-dire, laissons tomber la fatigue de l’année, le stress lié au travail, la folle agitation de nos journées ; vous savez, quand on dit qu'on en a plein les pattes... Et prenons enfin le temps de vivre et de respirer ; faisons le choix d’écouter et d’aimer les personnes qui nous entourent ; donnons-nous des instants de grâce pour contempler cette superbe nature qui nous accueille en son sein ; et du temps aussi pour savourer des plages de silence, de prière et de paix.
Question : dans ce monde un peu sombre, avons-nous le souci de rechercher la beauté sur nos chemins ? Saurons-nous, durant cet été, goûter de temps en temps le silence du soir et les matins du monde ? Marcher au gré du vent, apprivoiser la pluie ? Respirer le parfum des arbres et des fleurs ? Admirer, avec Baudelaire, « la gloire du soleil sur la mer violette », et nous donner le loisir de contempler les étoiles ? Pour finalement, laisser tout ce qui nous agite et nous perturbe retomber doucement, comme le sable qui finit par se déposer au fond de la mer ?
En maîtrisant mieux l’usage de notre portable, par exemple ! Avant de l’éteindre tout à l’heure, vous avez peut-être entendu la voix artificielle vous dire : « Bonjour, vous n’avez aucun message. » Faux ! Quelqu’un cherche à laisser un message, en ce moment même, sur le portable de votre cœur. Et que nous dit ce message : Jean 10/10 : « Je suis venu pour que tu aies la vie, et que tu l’aies en abondance. » Seigneur, envoie-nous souvent des messages comme celui-ci ; à conserver non seulement huit jours, mais éternellement.
Ces derniers temps, le grand souhait de chacun de nous, cela a été d’échapper au confinement, mais pour faire quoi ? Et si l’on faisait le point à ce sujet ? Qu’est-ce que nous adorons dans notre vie ? A quoi sommes-nous trop habitués ? De quoi sommes-nous intoxiqués ? Il y a l'attrait du bruit, l’addiction aux réseaux sociaux, l'esclavage par rapport aux écrans, les paroles vides, le désintérêt, quand ce n’est pas le mépris vis-à-vis de ceux qui ne sont pas de notre bord ou ne sont pas comme nous ; ou encore, la course aux chimères, en référence à cette loi adoptée récemment par le Parlement, qui ouvre la possibilité de créer des chimères animal-homme, en insérant des cellules humaines dans des embryons animaux ? Le philosophe Pascal voyait juste, quand il déclarait que l'homme est à la fois sage et fou ! C'est ici la victoire d'un scientisme totalement irresponsable ! Tout ce qu'on peut créer, on le crée ; tout ce que l’on peut payer, on se le paye. Plus on en a, plus on en veut. Jamais comblés, jamais satisfaits !
Voilà pourquoi les pistes que nous propose Jésus sont si pertinentes ; pas de sac, pas d’argent, c’est un appel à ce que l’on nomme « la sobriété heureuse » : renoncer au superficiel, se désintoxiquer de nos désirs, prendre du recul par rapport à notre façon de vivre, retrouver un supplément d’âme, donner du sens à ce que nous vivons.
Finalement, dans la ligne de l’évangile de ce jour, nous sommes peut-être appelés à faire de ce temps d‘été un moment privilégié pour réparer en nous ce qui est peut-être faussé, dans nos relations en famille par exemple ; sachons aussi prendre du recul afin de donner du sens à ce que nous vivons, à notre aventure humaine ; inventons des opportunités pour redonner à Dieu une place première dans notre vie. A propos, a-t-il été question dans notre famille du temps que l’on pourrait donner à Dieu ensemble cet été ?
Merci Seigneur pour le silence de la forêt, merci pour le rayon de soleil qui se glisse entre les arbres, merci pour le chant des oiseaux, pour l’immensité de l’océan qui nous parle de toi. A chaque famille d’inventer sa façon de prier, bien en lien avec ce que nous voyons, avec ce que nous vivons. Et ainsi apprendre à habiter la terre et le ciel, au lieu de nous laisser manger par ce qui risque de nous aveugler et de nous détruire. Et si c’était cela, expulser les démons, chasser les virus et guérir les maladies de nos âmes ?
En ces temps un peu difficiles, le rôle des chrétiens est sans doute plus important que jamais. Il consiste à lutter, au nom de Jésus, et avec son soutien, contre la laideur du monde. On pourrait dire que l’Evangile, c’est un manuel de résistance, une école de liberté, pour nous aider à échapper à la folie du monde, pour nous remettre debout.
En terminant, je voudrais vous inviter à ne pas être pessimistes par rapport à l’avenir de notre planète. En effet, outre les chrétiens, de grandes figures de notre société, non croyantes, ont œuvré ou oeuvrent encore dans le même sens que l’Evangile. Par exemple Axel Khan, qui vient de nous quitter, ou Edgar Morin, qui a fêté ses 100 ans cette semaine, ou encore Albert Camus, dont les mots prononcés en 1957, lorsqu’il a reçu le prix Nobel à Stockholm, résonnent encore à nos oreilles : « Chaque génération se croit vouée à refaire le monde ; la mienne sait qu’elle ne le refera pas ; sa tâche est peut-être plus grande : empêcher que le monde ne se défasse. »
Empêcher que le monde ne se défasse, « réparer le monde », selon une expression chère au pape François, c’est bien le projet que Jésus nous a confié ; et c’est notre façon de servir l’humanité. Pour réaliser ce projet, Dieu dit à chacun de nous en ce jour, comme jadis au prophète Amos, ainsi que nous l’avons entendu à la fin de la 1° lecture : « Va, tu seras le prophète de mon peuple. »
Chers amis baptisés, notre mission est belle ! Puisse Jésus nous aider à la mener à bien ! Bel été de renouveau chez nous ! Amen !
1 commentaires:
Merci d'avoir déposé cette "feuille de route" qui peut nous aider à vivre mieux cette semaine d'été avec les autres et avec Dieu.
En méditant quelques pistes d'action, j'ai pensé à cette belle phrase de St François de Sales :" Ne parle du Christ que si l'on t'interroge, mais vis de telle façon qu'on t'interroge."
Ce n'est pas ce que nous disons qui fait croire en Dieu mais ce que nous vivons.
Bonne semaine à tous !
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