Homélie du 4 juillet 2021 à Jard-sur-Mer
(14° dimanche du temps ordinaire, dans le parc "Stella Maris")
Comme viennent de nous le rappeler les trois lectures, aussi bien le prophète Ezéchiel dans les temps bibliques anciens, que Paul à Corinthe ou Jésus dans le lieu où il a vécu 30 ans, tous trois ont été incompris de leurs concitoyens, car leurs paroles et leur actions allaient à contre-courant des façons de penser et d’agir de leur époque.
De même aujourd’hui, dans notre société, les valeurs en vogue ne sont pas forcément celles des Béatitudes ; et le chrétien peut lui aussi parfois se sentir isolé, incompris, dans son propre milieu, lorsqu’il refuse de se laisser entraîner dans des jugements haineux, des raisonnements destructeurs ou des remarques dévalorisantes pour autrui.
Et si nous profitions de cet été, de ce temps de vacances, pour entrer en résistance, et pour faire avancer les valeurs de l’Evangile en nous et autour de nous ? Je vais vous proposer quatre pistes toutes simples, dont vous ferez ce que vous voudrez ; je vous les cite : être attentifs à la beauté autour de nous, échapper à la folie du monde, mettre Dieu à la place d’honneur dans notre vie et valoriser celles et ceux qui nous entourent ou que nous rencontrons.
1° piste : être attentifs à la beauté autour de nous. Je ne vous apprends rien en vous rappelant que les Français se situent, dans le monde, parmi les champions de la plainte et de la déploration. Impossible d’avoir un échange sans que l’on passer à la casserole les politiques, les chômeurs, les voisins gênants, les migrants et autres catégories que nous exécrons… Et si l’on profitait de ce temps de congé, de cette période de recul pour changer de disque et consacrer plutôt notre langue et nos énergies à repérer ce qui est digne d’estime chez les autres et ce qu’il y a de beau autour de nous ?
A commencer par la splendeur, l’immensité du ciel, et cela, même s’il est pluvieux ; les soleils couchants comme les matins enchantés. Mais aussi, la gentillesse de tel commerçant, la politesse de ceux qui font un geste de merci de la main quand on les laisse traverser sur le passage piétons, le sourire des enfants profitant à plein des plaisirs de l’océan… Sans parler des beautés de la nature : le chant des oiseaux, le vol des libellules, la jolie forme de tant d’arbres, la rouge chaleur des coquelicots, que sais-je encore… ? Je vous laisse rêver !
En un mot, où trouvons-nous de la beauté sur les chemins de notre vie ? Prendre le temps de nous arrêter pour contempler celle-ci sous toutes ses formes, pour en parler, pour nous tourner vers le Ciel aussi, prier à partir de ce que l’on admire, et rendre grâce au Créateur pour ces biens qu’il nous offre, à pleines mains. Quel beau programme de vacances, vous ne trouvez pas ?
2° piste : échapper à la folie du monde. Dans notre société, l’on ne sait plus quel cap suivre. Nous vivons en pleine folie. Prenons l’exemple des écrans : ils sont en train de nous rendre fous. Récemment, un journal présentait la photo d’un groupe de touristes face à la Joconde, tous en train de la photographier fébrilement, et personne pour la contempler tout simplement. Et le pire, les selfies : certains en train de se faire prendre en photo avec la Joconde dans le dos. Et si l’on profitait de ces vacances pour maîtriser un peu nos pulsions, laisser ;nos écrans un peu en veilleuse, car ils nous empêchent de contempler la vérité, la profondeur des personnes et des choses.
La folie du monde ? On s’insulte sans vergogne sur les réseaux sociaux, transformés en réseaux de haine anonymes et indignes de l’humanité. L’on ose espérer que les chrétiens sont absents de ces lieux de haine et de division ! Et si le rôle des chrétiens, et des jeunes particulièrement, très impliqués dans ces domaines, était de résister à la haine, et d’éclairer les consciences, quant à une utilisation équilibrée des écrans ? C’est peut-être l’un des grands enjeux de l’Evangile, que de combattre la laideur et d’essayer de sortir vivant de ces décombres de la relation et de la pensée ! Quand les écrans nous asphyxient en effet, le rôle de l’Evangile est de nous remettre debout. Comme le dit Ezéchiel, « l’esprit vint en moi et me fit tenir debout. » Quant à nous, veillons à ne pas rester à genoux, en adoration devant nos écrans pendant de temps de congé !
3° piste : mettre Dieu à la place d’honneur dans notre vie. Dans notre existence habituelle, au travail, en société, le temps ne nous appartient plus. Pendant ces semaines de repos, que faisons-nous de ce temps retrouvé ? « O temps, suspends ton vol », s’écriait Lamartine. Mais savons-nous y laisser une place pour notre Dieu ? Et si l’on se donnait quelques instants, quotidiennement, seul ou en famille, pour redire au Père, même brièvement, combien nous le remercions de toute cette vie qu’il nous offre gratuitement ? Sachons lever les yeux vers le Seigneur, comme nous y invitait le psaume que nous avons chanté tout à l’heure, après la 1° lecture.
Pour retrouver la forme en effet, après une année et plus pendant laquelle nos esprits et nos corps se sont retrouvés renfermés et vitrifiés, faire un bon footing, comme cela fait du bien ! Prendre un apéro avec des proches, ce n’est aussi que du bonheur ! Mais comment des baptisés en vacances pourraient-ils se satisfaire de cela, et oublier de dire merci à Dieu pour tous ces bienfaits ?
4° et dernière piste : valoriser celles et ceux qui nous entourent ou que nous rencontrons. Durant l’année, on n’a pas toujours le temps de prendre suffisamment soin de nos plus proches. Alors, ne ratons surtout pas les occasions en cette période de repos. Et si ce temps nous était donné, non seulement pour nous reposer, mais pour apprendre à avoir un autre rapport au réel : sortir enfin des jugements tout faits, de la jalousie parfois, de la domination vis-à-vis d’autrui : autant d’ « échardes dans notre chair » et « d’envoyés de Satan, pour reprendre les mots de St Paul dans la 2° lecture.
Prenons le temps de repérer chez chacun les aspects positifs de sa personnalité, plutôt que ce qui nous gêne dans leur façon d’être. Que les couples apprennent à se redécouvrir d’une façon nouvelle ; inverser aussi le rapport adultes et enfants et vice-versa. Valoriser l’autre, c’est l’aider à grandir, à se réaliser, le voir avec les yeux même de Dieu. Ne regardons pas les autres à l’envers ni de travers, arrêtons de ne retenir d’eux que les points négatifs. Ne cessons jamais de projeter du positif en ce monde, sur les personnes et sur les choses. Victor Hugo disait : « Chaque homme dans sa nuit s’en va vers la Lumière. » A chacun d’y contribuer.
En conclusion, je reprends les quatre pistes proposées : être attentifs à la beauté autour de nous, échapper à la folie du monde, mettre Dieu à la place d’honneur dans notre vie et valoriser celles et ceux qui nous entourent ou que nous rencontrons. Puissions-nous ainsi entrer en résistance face aux fausses valeurs du monde, et tenir ainsi, modestement, notre rôle de prophètes du monde nouveau, comme l’ont été avant nous Ezéchiel, Paul et Jésus. Cela nous paraît difficile ? Rappelons-nous la fin de la 2° lecture, lorsque l’apôtre Paul déclare : « Lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort. » Pour chacun et chacune d’entre nous, qu’il en soit de même, durant cet été et au-delà, dans la joie de l’Evangile ! Amen !
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