Voici l'homélie que je partage en ce dimanche avec les paroissiens, en l'église St Pierre de Talmont.
Chers amis, au coeur de cette période de pandémie, la célébration annuelle, en ce jour, du "Dimanche de la Santé", c'est sans doute pour nous une occasion unique de nous arrêter et de regarder en face, à la lumière de l'Evangile, ce qui est en train de nous arriver : ce maudit virus, accompagné de ses variants, est en train, depuis un an, de faire plier devant lui même les nations les plus puissantes, et la terre entière.
Comme s'il était le maître de l'univers, le (la) Covid-19 a frappé, et en plein coeur, notre société, notre Eglise ; il a cassé en profondeur nos certitudes, anéanti nos assurances sur l'avenir et bouleversé notre façon d'exister.
Chacun de nous ici, ce matin, se sent insécurisé ; "c'est, me disait l'un de vous, comme si une épée de Damoclès était suspendue au-dessus de nos têtes !" Et il n'y pas, comme au temps de "l'ancien monde", que nous regrettons tellement, d'un côté les malades, et de l'autre les bien portants. La limite n'est plus aussi claire ...
Car c'est nous tous qui sommes blessés, parce que, coupés de nos proches, quand ils sont malades, à l'hôpital, ou isolés dans un Ehpad. Nous sommes comme amputés dans nos relations, en méfiance aussi les uns par rapport aux autres, particulièrement vis-à-vis de ceux qui ne portent pas de masque, et dont nous nous écartons, car nous les jugeons dangereux pour notre santé : une vie en société brutalisée !
Et cela, sans parler des jeunes qui sont malades eux aussi, de voir le cycle de leurs études gâché. Et en outre, les commerçants et artisans blessés, à mort parfois, par les interdits dont ils sont le jouet. Les uns et les autres ont même parfois des pensées suicidaires... Finalement, c'est toute notre société, et aussi notre Eglise, qui sont victimes d'un genre d'empoisonnement du coeur et de l'âme.
Comme nous nous retrouvons bien à travers ce que, dans la 1° lecture, Job nous décrit de sa situation, je résume : "La vie de l'homme est une corvée, je n'ai en partage que le néant. Je suis envahi de cauchemars. Mes yeux verront-ils le bonheur ?"
Question : et si l'homme était incapable de se sauver tout seul ? Malgré toutes ses capacités et tout son orgueil ?...
Et c'est dans ce difficile tâtonnement de nos vies que nous sommes venus à la messe ce matin. Ce n'est pas comme si nous venions voir un psy : il y a d'autres lieux de qualité pour cela... Pas non plus pour entendre de bons conseils ! Mais pour rencontrer l'unique Sauveur, Jésus, le seul qui puisse sortir notre monde du gouffre dans lequel il est en train de s'enfoncer. Le seul qui puisse chasser les démons qui nous harcèlent.
Frères et soeurs, vous avez eu raison de venir participer à cette eucharistie car, à travers notre prière, notre foi, nos chants, voici que, au milieu de notre assemblée et en chacun de nous, arrive le Sauveur. Ne le ressentez-vous pas ? "La ville entière se pressait à sa porte", nous a dit l'évangile tout à l'heure . De même que nous aussi, nous nous pressons contre lui, en lui demandant : "Seigneur, quand tout cela va-t-il finir ? Quand viendras-tu nous sauver ?"
Mais la tâche du Sauveur est complexe ; même si, pour l'assurer, Jésus se lève avant l'aube, comme le précise St Marc. Le problème, à l'époque, pour Jésus, c'était la présence envahissante des démons. Vous avez remarqué combien l'Evangile insiste sur ce fait ? Les démons sont cités à quatre reprises , dans le texte évangélique de ce jour ; je cite : "Beaucoup de gens étaient possédés par des démons ; Jésus empêchait les démons de parler." Et, à deux reprises, il est dit : "Jésus expulsa beaucoup de démons."
Tout cela s'est passé autrefois, du temps de Jésus. Mais ce n'est pas qu'une histoire étonnante, dont on rappellerait le souvenir comme ça, pendant les messes ou au caté ; car Jésus n'a pas terminé son job de Sauveur. Aujourd'hui encore, Jésus se lève avant l'aube pour prier, puis, comme il l'a fait jadis avec la belle-mère du futur pape, Simon Pierre, pour saisir par la main les malades et les gens en détresse de notre terre, y compris en ce moment la main de chacun d'entre nous.
Ainsi, par sa présence active et transformante, Jésus travaille à expulser, de nos mentalités et de nos coeurs, les démons de la peur, ainsi que le virus, proprement diabolique, de l'égoïsme qui se répand dans notre société.
Un paroissien me racontait cette semaine qu'apprenant la maladie d'un de ses amis lointains, il lui envoya un petit coup de fil d'encouragement. Quelque jours après, l'épouse de ce monsieur malade dit à cet ami : "Mon mari m'a dit que, par votre appel téléphonique, vous lui avez donné un coup de pouce qui lui a remonté le moral." Tout en ajoutant :"Les paroles d'un ami, cela vaut tous les médicaments."
C'est à travers de tels gestes, même tout petits, que Jésus, aujourd'hui, continue son job de Sauveur, à travers nous, et qu'il continue de chasser les démons. A ce propos, que tous les soignants, mais aussi, tous ceux et celles qui, à travers leur profession, y compris au-delà de la santé, ou encore, par leurs engagements fraternels, servent leurs frères et soeurs en détresse, que tous sachent que, aujourd'hui, même s'ils ne sont pas croyants, c'est à travers eux que Jésus guérit, et que Jésus sauve.
Aujourd'hui l'enjeu, c'est que nous puissions tenir debout, et résister face l'adversité.
Puisse chaque malade ici-bas, mais aussi, chacun de nous, trouver auprès de lui, celui, ou celle qui pourra le libérer des démons de la peur, l'aider à se remettre debout et, quels que soient les événements à venir, leur permettre de les aborder, et de les traverser, dans l'espérance, et dans la lumière du Christ Sauveur !
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J'avais envie de proposer la vidéo d'un cantique, quand j'ai repensé à cette magnifique chanson, "Chanter à ta santé", tirée du projet "Les Enfantastiques", qui a déjà publié 170 chansons interprétées par des enfants, sur des thèmes encourageant à la solidarité.
3 commentaires:
Merci beaucoup de nous avoir partagé l'homélie de ce "Dimanche de la Santé". Un temps privilégié pour réfléchir et une occasion pour la communauté chrétienne de vérifier qu'aucun de ses membres n'est oublié. Cela reste encore plus vrai dans ce temps de pandémie !
Qui peut mesurer l'impact d'un coup de fil téléphonique, d'un message, d'une visite près de ces personnes malades, âgées, isolées, handicapées ?
Dans l'homélie, il est souligné que tous les gestes si petits soient-ils vers nos frères et sœurs en souffrance peuvent valoir bien des médicaments. Je pense qu'à chaque fois que nous avons osé une rencontre, cela nous a entrainé vers plus de vie, à "Etre avec" dans des relations humaines respectueuses du mystère de chacun. Ces engagements ne sont pas réservés, en effet, qu'aux associations ou aux services d'Eglise mais à toute personne !
Hier, j'ai noté une réflexion d'un Célébrant en lien avec la lettre de St Paul, un appel à l'humilité :" Dans nos visites en maison de retraite, à hôpital ou à domicile, ce sont deux personnes, deux faiblesses qui se rencontrent pour faire un bout de chemin ensemble."
Merci beaucoup pour le partage de ta belle homélie du dimanche de la santé, Olivier.
J'ai regardé la messe hier à la télé auprès de ma mère qui est actuellement souffrante, fragilisée niveau santé, et qui est alitée.
Bien entendu, les mots, les extraits choisis de la Bible, les phrases, mais aussi les prières et les chants avaient un écho particulier avaient beaucoup de sens pour nous deux.
J'ai trouvé beau de pouvoir partager cette messe avec elle.
Comme tu le soulignes, Olivier, des petites choses illuminent facilement la vie des malades, des "petits riens". En écrivant cela "les petits riens", je pense toujours à Thérèse de Lisieux, d'autant plus en ce dimanche de la santé, elle dont le passage parmi nous a été si marqué par la maladie...
Tu as raison aussi de souligner que Jésus est là pour sauver tout le monde, et que nous sommes toutes et tous, croyants et non croyants, dans le même bateau. Cela me rappelle la lettre de Saint Jacques (5, 13-20) qui dit ceci : "Frères, si l’un de vous est dans la souffrance, qu’il prie; si quelqu’un est dans la joie, qu’il chante le Seigneur. Si l’un de vous est malade, qu’il appelle ceux qui exercent dans l’Église la fonction d’Anciens: ils prieront sur lui après lui avoir fait une onction d’huile au nom du Seigneur. Cette prière inspirée par la foi sauvera le malade: le Seigneur le relèvera et, s’il a commis des péchés, il recevra le pardon."
J'en profite pour remercier toutes les personnes attentives et attentionnées au bien être et au soin de nos malades et de nos anciens, ainsi que pour vous remercier vous toutes et tous, Prêtres, Frères, Soeurs, mais aussi Croyants (et non Croyants) de participer chacun à votre façon, notamment par la prière mais pas que, à l'accompagnement et à la guérison de nos proches.
Je prierai pour vous toutes et tous ce soir, avec beaucoup de gratitude et de reconnaissance.
Une autre réflexion entendue ce dimanche de la santé.
" Je ne peux pas toujours parler de Dieu à la personne qui souffre mais je peux parler à Dieu de la personne qui souffre."
MERCI pour l'homélie !
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