Vous avez appris l'info qui a fait la une hier, à propos d'Anne Soupa, "candidate à l'archevêché de Lyon", pour reprendre le titre de "Ouest-France".
Gilles Bély, de la Ferrière, près de la Roche-sur-Yon, en Vendée, ancien journaliste, qui a déjà apporté trois belles contributions à ce blog (voir les billets 2321, 2341 et 2362) nous en dit plus long à ce sujet.
"L'Eglise d'après", c'est pour quand ???
Comme toujours, vos réactions seront les bienvenues !
mercredi 27 mai 2020
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2383 : Il n'y aura pas de "Primate des Gaules" (Gilles Bély)
Il n'y aura pas de
"Primate des Gaules…"
Anne
Soupa, théologienne et bibliste, vient de présenter sa candidature à
l'archevêché de Lyon, vacant depuis la démission du Cardinal Barbarin, suite à
l'affaire Preynat. C'est évidemment une provocation. Le prochain archevêque de
Lyon, Primat des Gaules, ne sera pas davantage élu que les autres évêques. Il
sera nommé par le Pape au terme d'une longue procédure. Qu'on imagine à la fois
complexe et embarrassante en raison de la situation lyonnaise et de la
personnalité du Cardinal Barbarin.
L'archevêque
de Lyon est, depuis 1079, reconnu comme le Primat des Gaules, c'est-à-dire le
premier parmi ses pairs. Un privilège historique, conséquence de la proximité
entre le pouvoir temporel et l'Eglise, qui n'a pas de valeur hiérarchique. Il
n'est pourtant pas négligeable : la parole du Primat des Gaules en impose de
fait à celles du Président de la Conférence des évêques de France, de
l'Archevêque de Paris et de tous les autres évêques. Il est nécessairement un
homme très médiatisé et le siège de Lyon a de fait été donné à des archevêques
de grande réputation, comme les cardinaux Gerlier et Decourtray, ou encore le
Vendéen Louis-Marie Billé.
Anne
Soupa avait été, voici quelques années, personna non grata dans notre diocèse.
Elle y était pourtant venue ensuite pour une conférence. Bien sûr, elle
n'envisage pas de coiffer la mitre, ni de présider les célébrations dans la
Primatiale Saint-Jean ou à la basilique de Fourvière…
Elle
attire l'attention sur une distinction possible - et peut-être souhaitable - du
ministère ordonné de l'évêque, successeur des apôtres, et de la gouvernance
d'un diocèse. Il n'y a donc là aucune revendication pour l'ordination de
femmes.
Ce
courrier spectaculaire n'obtiendra
aucune réponse officielle, il est contraire au droit canon. Il a surtout pour
objectif de faire prendre conscience du fossé qui existe - et peut-être se
creuse - entre la place majeure que les femmes ont prise dans la vie de
l'Eglise et le peu de reconnaissance qu'elles recueillent. Dans toutes nos
paroisses, il est facile d'établir le pourcentage de femmes dans toutes les
fonctions : la catéchèse, l'accompagnement des familles en deuil, les
sépultures, les permanences, le chant, l'entretien de l'église, le secrétariat,
l'action caritative… et j'en passe. Comment notre Eglise fonctionnerait-elle
sans elles ?
Je
connais le curé d'une paroisse difficile de la banlieue parisienne. L'équipe de
trois prêtres qu'il anime s'investit totalement dans le ministère ordonné. Mais
c'est une femme qui, avec une équipe, "dirige" et gère de fait la vie
quotidienne de la paroisse. Et cela se passe bien. Donc, ce n'est pas une
utopie…
Il
n'y aura donc pas de "Primate" des Gaules… ce qui ne serait
d'ailleurs pas très élégant, ni du meilleur goût. Mais il y aura eu au moins une voix, une
femme qui s'est levée pour déconfiner notre Eglise. Il n'est pas interdit de
l'espérer.
Gilles Bély
Publié par
Olivier Gaignet
à
09:12
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1 commentaires:
Merci pour ce petit "coup de gueule" plein d'humour, mais surtout, plein d'une sagesse dont l'Eglise devrait davantage tenir compte.
Combien de temps faudra-t-il attendre pour que les femmes aient une place reconnue, normale, dans le Peuple de Dieu !
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