Ce matin, je vous propose qu'on se déconfine un peu.
On pense trop "hexagone" en ce moment, vous ne trouvez pas ?
Mais il y a aussi une vie ailleurs...
Voici le témoignage de Marie-Jo, lectrice de ce blog, qui arrive d'Afrique...
Merci à elle !
C'est
là bas en Guinée, en Afrique de l'Ouest, dans ce pays que je
chéris depuis que j'ai foulé le sol de Conakry il y a trois ans
maintenant, ....que le Seigneur m'a appelée pour y poursuivre ma
mission de baptisée. Pourquoi y être retournée après avoir été
rapatriée il y a deux ans pour une fracture du poignet ? Tout
simplement parce qu'il me fallait faire le passage, le deuil et
rechoisir la Vie.
ll
a fallu y revenir pour que quelque chose d'autre arrive ; comme
la mer se retire pour laisser la place à un nouveau continent. Mon
séjour fut tout autre puisque j'ai pu animer une session
pour les novices comme il y a deux ans, avec toujours la même
admiration pour ce souffle missionnaire, ce charisme, la
spiritualité de la congrégation spiritaine dans une autre culture .
La grâce de participer à la vie communautaire, au noviciat de Boffa
(lieu de l'arrivée en Guinée des premiers chrétiens) ; une vie faite
de prière, de formation, de gestes fraternels, du travail de la
terre, du soin des porcs, du forage et de la surveilllance du groupe
électrogène. Sans oublier la culture des oranges, des ananas. Ce fut
une immersion pétrie d'Evangile et d'exemples de vie charitable.
Puis,
je suis partie pour retrouver la communauté des Soeurs Bénédictines, à
Friguiagbé, près de Kindia, le monastère Ste Croix. Je savais que j'y allais pour me
retrousser les manches et participer aux travaux de toutes sortes :
la fabrication des confitures, les sirops, le vin d'ananas ;
quelle belle, mais rude expérience avec les Sœurs et les salariés
du coin. Le soleil était brûlant dans la journée et les nuits
restaient chaudes. J'y ai retrouvé des amis jeunes et moins jeunes,
se battant pour manger, pour poursuivre leur études ; j'y ai
constaté une pauvreté accrue. Alors, il est facile de s'imaginer
comment on vit le confinement là bas ???
Le
confinement, même s’il n’est pas aussi strict en Afrique que
chez nous, pour des raisons culturelles, reste particulièrement
pesant. Une population qui vit beaucoup dehors, qui voyage pour
gagner sa nourriture, qui se procure les vivres au jour le jour au
marché, faute de réfrigérateur et d’une avance en argent, pour
elle, ce doit être difficile.
Pour
les moines et les moniales, la règle de la clôture est une vertu,
c’est donc beaucoup plus aisé à vivre.
Tout
le monde attend la fin du confinement pour se sentir plus libre de
ses mouvements, même si la reprise ne sera pas la continuité de ce
l’on a vécu auparavant, faute de vaccin entre autre.
De
plus, on ne peut pas parler de confinement alors que
l'on vit au jour le jour. Je vous donne un exemple : pour se nourrir,
il faut aller dans son "bas fond", le maraichage, le
jardin quoi, pour y récolter aubergines, ananas, mangues, tomates,
etc... et aller au marché pour revendre les produits plus
cher afin de faire manger la famille. De 20 heures à 6 heures
du matin, c'est très strict, avec la surveillance des militaires et
de la police, qui s'imposent par la force.
Gabriel m'a dit : "on préfère mourir du Covid 19 que de
mourir de faim."
J'ai aussi téléphoné à
Célestine pour me renseigner. Elle habite Conakry
; elle est infirmière et me dit : "un malade accueilli peut attendre 2
jours au CHU dans une grande salle où tout le monde est entassé." On
imagine!
Pour
beaucoup là-bas, quand on est contaminé, on prescrit ce qu'ils
appellent la médecine traditionnelle : les plantes, les herbes, etc...
En
revanche, les cadres, ceux qui ont un niveau de vie, une classe
sociale plus élevée vivent le confinement plus facilement, avec
les subventions s'ils sont fonctionnaires.
Seigneur,
tu ne veux pas que je m'installe !
A
peine rentrée mi mars, j'ai découvert la situation dramatique de la
pandémie du Covid et les contraintes qui nous étaient imposées en
France ; j'ai encore bien du mal à entrer dans ce que nous
vivons chez nous avec notre mentalité européenne, nos réflexes
cartésiens et puis, c'est légitime, cet inconnu...
J'ai
encore ce réflexe guinéen : voyons au fur et à mesure ! Pour l'instant, je suis
encore hors sol et en même temps collée au plancher ; c'est inconfortable
et douloureux.
Mais notre
marche nous fait découvrir « comme à tâtons » une
autre manière de vivre...
*****
Psaume 56 de la messe de ce vendredi :
"Je te rendrai grâce parmi les peuples, Seigneur,
et jouerai mes hymnes en tous pays.
Ton amour est plmus grand que les cieux,
que ta gloire domine la terre !"
=0=0=0=
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Psaume 56 de la messe de ce vendredi :
"Je te rendrai grâce parmi les peuples, Seigneur,
et jouerai mes hymnes en tous pays.
Ton amour est plmus grand que les cieux,
que ta gloire domine la terre !"
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Si tel ou tel souhaite rédiger un billet, comme l'a fait Marie-Jo, sur un thème qui lui tient à coeur, n'hésitez pas à m'en parler !
Ce blog, c'est aussi le vôtre.
Un immense merci déjà à toutes celles et ceux qui envoient des commentaires, si judicieux et si éclairants !
1 commentaires:
On parle très peu du confinement dans les pays pauvres ; cela fait du bien de découvrir ce qui se passe ailleurs !
Comme le décrit Marie-Jo, le confinement est difficilement applicable pour la majorité de la population qui vit au jour le jour. Les habitants sont obligés de sortir pour trouver de quoi vivre et faire vivre leur famille. Au fond, renoncer à sortir pour se protéger, revient à perdre son revenu quotidien.
Cette crise peut être l'occasion de réfléchir à de nouvelles solidarités. Elle nous invite à nous unir dans une prière commune pour demander la grâce d'épargner les pays pauvres de cette pandémie.
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